«Avec le retour du Maroc au sein de l’UA, nous avons proposé d’organiser le congrès au Maroc»

Pour la première fois en terre africaine, la Fédération dentaire internationale (FDI) tiendra, du 27 au 29 avril,  son Congrès régional africain au Maroc, à Marrakech. Ihsane Ben Yahya, seul membre du Conseil d’administration représentant l’Afrique à la FDI, lève le voile sur les actions menées par l’antenne marocaine de cette fédération et s’exprime sur l’état de santé bucco-dentaire au Maroc.

Les Inspirations ÉCO : Comment avez-vous convaincu  la FDI à organiser son Congrès régional africain à Marrakech ?
Ihsane Ben Yahya : Le Congrès régional africain de la Fédération dentaire internationale est un congrès qui sera organisé par l’Association marocaine de prévention bucco-dentaire. La FDI est le porte-parole des médecins dentistes dans le monde. C’est le plus grand groupement mondial des dentistes avec presque un million de médecins. Les membres de cette fédération sont, en fait, des associations nationales. Elle compte près de 200 associations, toutes regroupées en régions. Ainsi, on a la région africaine, la région européenne, la région de l’Amérique latine, la région de l’Amérique et la région asiatique. Chacune des régions organise annuellement des congrès. Dans toute l’histoire de la FDI, la région africaine n’a jamais abrité un congrès régional et donc c’est une première dans l’histoire de la FDI qui existe depuis 1900.

La diplomatie déployée par le Maroc vous a aussi favorisé …
Tout à fait. Nous vivons actuellement une dynamique impulsée par les déplacements du roi Mohammed VI en Afrique. Avec le retour du Maroc au sein de l’Union africaine, nous avons proposé d’organiser le congrès au Maroc. Ainsi, avec cette proposition, le Maroc se positionne en tant que leader en matière d’organisation de ce type de manifestation.

Comment va s’articuler ce congrès ?
Au cours de ce congrès, nous avons programmé plusieurs séances scientifiques pendant lesquelles l’ensemble des médecins dentistes participants des différents pays vont partager leur expertise et leur compétence en matière de soins. Nous allons avoir également plusieurs ateliers sur les soins qui ne sont pas invasifs. Des soins qui correspondent au pouvoir d’achat de la majorité des pays africains. Nous avons prévu aussi une séance de conclusion de toute la stratégie pour l’Afrique conduite par la FDI, et ce en matière de formation des leaders des associations africaines. L’expérience du Maroc dans le domaine de l’assurance bucco-dentaire sera également exposée.

Quelles sont, aujourd’hui,  vos ambitions ?
Les pays africains membres de la FDI sont au nombre de 40. Souvent c’est le début qui est difficile. Le Maroc est capable de relever le défi de faire revenir le congrès en Afrique grâce, notamment, au travail du comité d’organisation. L’événement sera une première d’une série de congrès à l’image de ce qui se fait dans d’autres régions. Notre ambition est de l’organiser annuellement et à chaque fois dans un pays de notre continent.

Pour la FDI, la santé générale ne peut exister sans la santé dentaire, quel est le rôle joué par l’Association marocaine de prévention bucco-dentaire dans ce sens ?
L’association a été créée pendant les années 90 du siècle précédent par un groupe de médecins dentistes qui a été présidé, longtemps, par feu Souad Mecefer. Moi-même, je suis membre fondateur de cette association qui compte presque 400 membres avec 20 sections à travers le Maroc. L’association a 25 villes sympathisantes, c’est une association qui œuvre pour la promotion, l’éducation et la sensibilisation à la santé bucco-dentaire au niveau national, elle se déplace dans les quatre coins du Maroc dans des écoles. Ainsi, nous allons offrir des soins gratuitement à un grand nombre d’enfants dans les régions enclavées. À l’actif de l’association, on peut compter un million d’enfants examinés et soignés.

Quelle évaluation faites-vous de l’état de santé bucco-dentaire au Maroc ?
L’état de santé bucco-dentaire au Maroc est caractérisé par une grande prévalence des maladies carieuses et parodontales. La dernière enquête réalisée par le ministère de la Santé a montré que la situation s’est dégradée. Les maladies carieuses sont très répandues avec 90% de la population. On sait que ces maladies sont multifactorielles. Il n’y a pas uniquement l’hygiène mais aussi les facteurs sociaux-économiques, éducationnels et alimentaires. En ce qui concerne la répartition des médecins-dentistes, nous sommes à peu près 4.500 médecins à travers le Maroc. Nous avons une répartition qui n’est pas équilibrée, pas optimale et ne répond pas aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Au Maroc, nous avons un médecin-dentiste pour 10.000 habitants.

Carte de visite

Enseignante, professeur à la faculté de médecine dentaire de Casablanca, Ihsane Ben Yahya est également chef du Centre de consultations et traitements dentaires de Casablanca. Elle est aussi membre du Conseil d’administration de la Fédération dentaire internationale (FDI) et présidente du Comité de pilotage du 1er Congrès régional africain de la FDI.