Assurances : vers un nouveau modèle de distribution
Apurement des créances des intermédiaires d’assurance, réforme du Code des assurances, nouveau modèle de distribution… sont autant de sujets traités lors de la 5e édition de la rencontre annuelle des agents et courtiers d’assurance, organisée par la FNACAM.
Lors de la 5e édition de la rencontre annuelle des agents et courtiers d’assurance, organisée par la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance du Maroc (FNACAM), le 10 novembre 2021 à Casablanca, sous le thème «un nouvel élan pour l’intermédiation après la crise», son président, Farid Bensaid, a annoncé la couleur ! «La rencontre d’aujourd’hui doit nous permettre de poser plusieurs jalons, après la période Covid-19, et d’impliquer les principaux acteurs de notre secteur, en mettant en lumière l’importance du rôle du réseau de distribution, dans un environnement où le taux de pénétration des assurances reste faible, en comparaison à celui des marchés matures où il dépasse souvent les 10%», a-t-il affirmé dans son allocution. Les chantiers de restructuration sont donc nombreux et colossaux. En effet, les sujets de préoccupations sont légion, pour ne citer que l’aberration de la TVA sur les commissions, l’anticipation face à l’arrivée du Digital, la mise à jour du livre IV du Code des assurances, qui tarde à sortir, le sujet de l’encaissement des primes à régler avec les compagnies, le revenu de l’intermédiaire à revoir… Sont autant de points traitées lors de cette 5e édition.
L’ACAPS se penche sur l’apurement des créances dues aux compagnies
C’est ainsi que l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) annonce le lancement prochain d’un premier projet relatif à l’apurement des créances dues sur les intermédiaires et d’un second qui a pour objectif de trouver des solutions permettant d’éviter cette problématique ou, du moins, d’en réduire l’ampleur, à l’avenir. En effet, concernant la relation entre les intermédiaires et les entreprises d’assurance, le président par intérim de l’ACAPS, Othman Khalil El Alamy, a fait état d’un constat général relatif aux difficultés liées aux créances sur les intermédiaires, en expliquant que «cette problématique, qui persiste depuis des années, est très consommatrice de temps et d’efforts, des deux côtés, entravant ainsi le développement harmonieux de leurs activités». Pour apporter des solutions concrètes, l’Autorité compte mener deux chantiers en collaboration avec les parties prenantes : le premier est relatif à l’apurement de ces créances alors que le deuxième porte sur une réflexion à mener, quant à la manière d’éviter d’être confrontés à cette problématique, dans le futur.
Vers une stratégie multi-canal
De son côté, le président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurance et de réassurance (FMSAR), Mohamed Hassan Bensalah, a noté, dans son discours, l’importance d’un nouveau modèle de distribution dans le secteur, tout en louant la force du réseau traditionnel d’intermédiaires. «Notre secteur aurait été fragile, si nous ne disposions pas d’un réseau de distribution solide et performant. C’est un fait incontestable», a-t-il affirmé. Aujourd’hui, nul ne peut contester que la pandémie a levé le voile sur la fragilité de certains modèles et a contraint les individus et les organisations à se réinventer. «Les clients sont devenus plus exigeants, ils sont plus connectés. Pour pouvoir les toucher, nous n’aurons d’autre choix que d’élargir nos canaux de distribution. Que ce soit via le digital ou d’autres réseaux physiques, tels que les opérateurs télécoms, les organismes de paiement ou encore les agences bancaires», a-t-il noté, dans ce sens. Pour lui, une stratégie multi-canal n’est pas une menace pour les agents et courtiers, mais vient en soutien pour drainer une clientèle nouvelle, notamment parmi les plus vulnérables, sur des produits peu ou pas commercialisés. Justement, ces aspects, liés à la distribution, se dirigent tous vers l’importance de l’accélération de la réforme du livre IV du Code des assurances relatif à la présentation des opérations d’assurance.
D’ailleurs, Othman Khalil El Alamy affirme que l’amendement de ce projet figure parmi les grands chantiers auxquels l’ACAPS devra s’atteler dans un futur proche. Il a expliqué que «cette révision permettra de mettre en place un cadre réglementaire plus adapté à l’évolution de la distribution des produits d’assurance et à l’avènement des nouvelles technologies, mais également pour corriger un certain nombre d’insuffisances qui sont apparues, au fil des ans, avec la mise en œuvre effective du Code des assurances». L’Autorité compte également initier, avec les opérateurs du secteur, une réflexion sur une réforme profonde de ce Code, a annoncé le président par intérim de l’ACAPS. Parmi les objectifs visés, la mise en place d’un cadre légal et réglementaire pour les prochaines années, anticipant les évolutions futures sur toute la chaîne de valeur, de la souscription à la gestion des sinistres, encourageant l’innovation et permettant de profiter pleinement de la dynamique induite par la révolution numérique.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO