Maroc

Agriculture : la région de Rabat voit l’avenir en vert

Opération de melkisation des terres collectives, agropole du Gharb, économie d’eau d’irrigation, extension d’irrigation, développement de la filière rizicole… Autant de projets phares qui visent le développement du secteur dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. Le point.

La région de Rabat-Salé-Kénitra recèle un potentiel riche et varié de produits agricoles, avec notamment 208.000 ha de superficie irriguée, dont 123.200 équipés en grande irrigation, selon les données de la Direction régionale de l’agriculture. La région est dotée de ressources hydriques importantes qui avoisinent cinq milliards m3, soit 27% de l’ensemble des eaux de surface au niveau national. Les filières agricoles et agro-alimentaires constituent un atout majeur pour la région. Elles constituent en effet des facteurs de croissance, d’emploi et de localisation des activités économiques, comme le relève la Direction régionale de l’agriculture. Les indicateurs sont au vert. La région contribue intensément à la production agricole nationale de tomates industrielles à 100%, tournesol (à 92 %), avocatier (à 84%), riz (à 83%), artichaut (à 80%), canne à sucre (à 70%), oléagineux (à 69%), fruits rouges (à 65%), miel (à 30%), bananier (à 40%), agrumes (à 24%), betterave à sucre (à 18%), lait (à 15%) et céréales (à 23%). Le secteur agricole est un pilier du développement de la région tant sur le plan économique que social. Hissée en tête du peloton des régions agricoles, Rabat-Salé-Kénitra bénéficie de nombre de projets importants qui lui permettront de conserver sa première place à l’échelle nationale.

Melkisation des terres collectives : dynamisation du foncier rural
C’est un chantier social qui vise à éradiquer nombre de freins et contraintes techniques et juridiques entravant l’opération de melkisation des terres collectives depuis de longues années. La superficie totale de ces terres au niveau du périmètre irrigué du Gharb s’élève à 121.990 hectares au profit de 52.861 ayants droit. En raison de la très haute importance de ce programme, le Maroc a choisi de l’inclure dans le cadre du Compact II signé par le gouvernement marocain et la Millennium Challenge Corporation. On s’attend à ce que l’aboutissement de l’opération de melkisation engendre «une certaine dynamisation du marché foncier rural, mais aussi la diminution du taux de contentieux, l’accès aux sources de financement et l’encouragement à l’investissement ainsi que l’amélioration du taux d’accès de la femme à la terre du statut collectif par voie d’attribution et d’héritage», selon le ministère de l’agriculture.

L’agropole du Gharb : meilleure valorisation des produits agricoles
Les études techniques, économiques et financières pour la mise en place de l’agropole du Gharb sont en cours. Entre 2019 et 2021, le financement débloqué pour ce projet phare s’élève à 1,4 MDH, d’après le rapport du ministère de l’Économie et des finances sur la répartition régionale de l’investissement. Prévu sur environ 100 hectares, l’agropole du Gharb constituera une grande opportunité pour une meilleure valorisation et transformation des produits agricoles de la région. L’agropole du Gharb intégrera des zones d’activités à vocation agro-industrielle qui comprennent des lots équipés pour les PME et grandes entreprises dont le cœur de métier est la transformation agroalimentaire et industries de supports (emballage, conditionnement …). L’agropole comprendra également des zones logistiques, des entreprises de services pour l’industrie alimentaire, des pépinières d’entreprises, des plateformes technologiques, des plateformes commerciales, des infrastructures de distribution notamment pour les produits de terroir et à destination des grandes surfaces, des centres d’accueil, des sociétés de gestion, des services aux entreprises et aux personnes (banques, poste, assurances, restauration, hôtel, …), un guichet unique (douane, communes, …), un qualipole alimentation avec des laboratoires opérationnels spécifiques et des espaces communs (salles de conférence, dortoirs, restaurants, …).

Économie d’eau d’irrigation : faire face au déficit hydrique
La région de Rabat-Salé-Kénitra bénéficiera, en 2022, d’un financement de 30 MDH dans le cadre du programme national d’économie d’eau d’irrigation. Ce programme s’articule autour d’axes importants, notamment la modernisation de l’agriculture irriguée à travers le développement de l’irrigation localisée à grande échelle, la reconversion des techniques d’irrigation existantes et à efficience limitée. S’agissant du programme d’extension d’irrigation, un montant de 65,2 MDH sera dédié à la région en 2022. À cet effet, nombre de projets sont réalisés au niveau régional dans le cadre du programme d’extension de l’irrigation à travers l’aménagement des périmètres de petite et moyenne hydraulique à l’aval des barrages collinaires au niveau de la région. Dans le cadre du partenariat public/privé en irrigation, il a été procédé au lancement de la première phase de l’étude de faisabilité et d’évaluation préalable du projet de construction et de gestion du réseau d’irrigation sur une superficie d’environ 30.000 hectares dans la zone sud-est de la plaine du Gharb. Quant au programme de développement des filières de production qui porte sur le développement de l’agrobusiness et de la filière végétale et animale, il concerne, outre l’agropole du Gharb (1,4 MDH), le marché de gros de Rabat (625 MDH dont 120 MDH déjà engagés entre 2019 et 2021), le marché à bestiaux (4 MDH) et l’abattoir de viandes rouges (267 MDH dont 35 MDH engagés).

Développement de la filière rizicole
La région du Gharb assure plus de 75% de la production nationale de riz. Le Plan Maroc Vert a accordé une importance particulière au développement de la filière rizicole dans la région. C’est en effet dans ce cadre que s’inscrit le projet relatif à la réalisation des travaux de reprise du nivellement dans les secteurs rizicoles du Gharb pour un investissement de 105 MDH et qui s’étend sur 9.000 hectares au niveau des provinces de Kénitra et Sidi-Kacem au profit de 3.200 riziculteurs. Selon le bilan 2020 dressé par l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb, l’exécution du contrat programme avec l’interprofession pour la filière rizicole a permis la reprise du nivellement au niveau des clos rizicoles sur 1.400 ha, portant ainsi la superficie à 6.955 ha.

Les contraintes à dépasser

La charte de développement durable qui a été élaborée pour la préparation du plan de développement régional a relevé nombre de freins au développement du secteur agricole dans la région, à commencer par la main-d’œuvre qui est peu alphabétisée. Un problème qui entrave l’introduction de technologies avancées et impacte la productivité agricole. Le faible taux de chômage dans les zones rurales recouvre en réalité de nombreux emplois familiaux non-rémunérés. L’alphabétisation et la formation des agriculteurs pourraient être renforcées dans le cadre de politiques d’accompagnement. À cet égard, la création des centres régionaux de formation s’impose pour améliorer la productivité agricole.

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO Docs


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