Agriculture durable : lever les obstacles techniques et financiers pour tenir les objectifs pour 2030
Au moment où les agriculteurs s’apprêtent à lancer le travail des terres, le Maroc mise sur le semis direct pour préparer l’avenir de son agriculture. Cette méthode culturale innovante, qui consiste à semer directement sur un sol non labouré, présente de multiples avantages face aux défis actuels. Explications.
Alors que le travail des terres reprend dans les campagnes marocaines avec l’arrivée des premières pluies, le Royaume accélère le déploiement du semis direct pour la conservation des sols agricoles. Face aux défis du changement climatique et de la raréfaction des ressources, le Maroc mise sur cette technique de culture pour rendre son agriculture plus résiliente et productive.
Cette technique innovante, qui consiste à semer directement sur un sol non labouré, présente de nombreux atouts par rapport aux pratiques conventionnelles. Dans le cadre du plan Génération Green, le Royaume s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 1 million d’hectares de céréales cultivés en semis direct d’ici 2030. Actuellement, seulement 70.000 hectares sont déjà exploités selon cette méthode. Pour tenir les délais, il faudra lever certains verrous techniques et financiers.
Préservation des sols et empreinte carbone
Pour le professeur Kamal Aberkani, expert en sciences agronomiques à la faculté pluridisciplinaire de l’Université Mohammed Ier de Nador, le premier avantage du semis direct est la préservation de la structure des sols, alors que l’érosion et la détérioration des sols agricoles sont un problème majeur au Maroc. En évitant le labour, on maintient l’intégrité physique du sol et on favorise l’activité biologique. Autre bénéfice, la conservation de l’humidité dans un contexte de raréfaction de la ressource hydrique. Le semis direct permet aussi de réduire l’utilisation des tracteurs et donc la consommation de carburant, ce qui diminue l’empreinte carbone.
Plus 15% de production par rapport aux méthodes conventionnelles
Côté rendement, le semis direct permet aussi des prouesses. Selon les recherches menées au Maroc et à l’international, cette technique permettrait d’augmenter les productions de 10 à 15% par rapport aux méthodes conventionnelles. Tous ces atouts expliquent que le Maroc accélère le déploiement du semis direct, en particulier dans les zones bour favorables pour cette technique. Selon Aberkani, cette généralisation se heurte encore à des obstacles qu’il faudra lever. Notamment l’acquisition des semoirs spécifiques, équipements coûteux dont le parc est encore insuffisant au regard des objectifs fixés.
Nécessité d’accélérer le programme
Pour accélérer l’adoption du semis direct, les pouvoirs publics misent sur la structuration des agriculteurs en coopératives.
«Plus on est organisé, plus l’opération de semis direct sera facilitée», souligne le Pr Aberkani, précisant que le gouvernement subventionne déjà les semoirs, mais ne peut porter seul cet effort d’investissement.
D’où l’idée d’associer les entreprises privées qui fournissent les intrants aux agriculteurs. Ce partenariat public-privé, où chacun «mettrait au pot», permettrait d’atteindre plus rapidement le parc de semoirs nécessaire. Car derrière cet enjeu technique, c’est toute une vision de développement durable et solidaire qui se dessine. Au-delà de l’accroissement de la production céréalière, le semis direct peut aussi dynamiser les zones rurales marginalisées et créer des emplois. À condition d’être soutenu par l’ensemble des acteurs concernés.
Le nécessaire recours à la génétique