Les Cahiers des ÉCO

Adhésion du Maroc à la CEDEAO : Vers des accords asymétriques

La CEDEAO et le Maroc vont négocier des accords asymétriques afin d’éviter des dommages collatéraux qui pourraient naître de l’adhésion du royaume à la communauté économique ouest-africaine.

C’est une entrée «gagnant-gagnant» que le Maroc s’apprête à faire dans la CEDEAO. Selon Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, des «accords asymétriques» pourraient être négociés entre le Maroc et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Elalamy s’exprimait ce jeudi 28 septembre à Casablanca, lors d’une conférence à la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM) sur le thème «Le Maroc, plateforme africaine de l’investissement». Interpellé sur les craintes des opérateurs marocains suite à la demande d’adhésion du royaume à cet espace économique comptant 15 pays ouest-africains, le ministre a répondu que «rien n’est encore arrêté concernant les accords. Et même dans le cas d’une intégration du Maroc à la CEDEAO, nous sommes contraints, de part et d’autre, d’avoir ce que l’on appelle des accords asymétriques». Selon le responsable gouvernemental, c’est la CEDEAO elle-même qui a demandé la mise en place de ces accords asymétriques.

Craintes démultipliées
L’objectif de chacune des deux parties, à savoir le Maroc d’une part et la CEDEAO de l’autre, est de sauver son économie, tout en profitant des avantages d’une probable adhésion marocaine. «Si vous lâchez les industriels marocains, ils ne vont faire qu’une bouchée des économies de certains pays et ils vont y détruire le tissu économique naissant. Et réciproquement, au Maroc, les opérateurs se posent des questions». Au-delà des aspects économiques, les défis liés à la migration figurent parmi les principales peurs exprimées au sein du royaume. Sur toutes ces questions, le ministre de l’Industrie tient à rassurer et rappelle l’expérience du Maroc avec les États-Unis et l’Union européenne lors de la signature d’accords de libre-échange. «Nous avons eu des accords avec les États-Unis et l’UE. Et ces accords ne sont pas symétriques, fort heureusement pour nous. S’ils l’étaient, notre agriculture aurait disparu», a insisté Elalamy. Quoi qu’il en soit, poursuit-il, tous les sujets sensibles sont sur la table et sont «discutés avec la plus grande transparence (…). Et Il n’y a pas de folie dans la démarche», précise le ministre. Il rajoute même qu’«à cette date, ce que je vois peut nous rassurer», dans un contexte de «débat constructif».

Avantages
Lors de son intervention, le responsable gouvernemental s’est surtout fait l’avocat de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO. «C’est important pour nous de faire partie de cette famille», a insisté Elalamy, en listant les gains attendus pour les exportateurs marocains. «Imaginez que les droits de douanes [de 35% actuellement] disparaissent ? Nous aurons accès à 350 millions de consommateurs! Les opérateurs marocains vont se régaler!» a-t-il laissé entendre. Enfin, il est à noter que les négociations autour de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO sont conduites par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Toutefois, tous les autres départements concernés font partie du «tour de table» afin d’harmoniser la démarche marocaine. D’ailleurs, lors de sa visite fin août dernier, la délégation de la CEDEAO, sous la houlette du président de la commission, Marcel Alain de Souza, a multiplié les réunions avec les institutions marocaines, dont le département de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique. L’adhésion du Maroc est très attendue pour début décembre prochain, lors du prochain sommet semestriel des dirigeants des pays membres de cette communauté économique.


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