Politique

Réforme électorale : le PJD isolé sur le quotient électoral

Le PJD campe sur sa position et appelle au maintien du mode actuel en matière de calcul du quotient électoral. La majorité des partis politiques représentés au Parlement plaident pour la révision de ce mécanisme, en remplaçant le nombre des bulletins valides par celui des inscrits sur les listes électorales.

Les partis politiques n’ont pas encore accordé leurs violons sur toutes les questions ayant trait à la réforme électorale. Difficile de trouver un consensus sur certains points de discorde. Le quotient électoral constitue la principale pierre d’achoppement. C’est pour la première fois que les formations partisanes s’affrontent sur ce mécanisme, on ne peut plus déterminant, dans les résultats électoraux. Il est en effet la clé de la répartition des sièges entre les différentes listes. Le PJD semble isolé sur cette question. Le parti de la lampe, qui appelle au maintien de la méthode actuelle de calcul du quotient électoral sur la base du nombre des votes valides, ne cesse de décocher ses flèches sur ses adversaires, notamment ceux qui se sont alignés sur la position d’autres formations partisanes et ont décidé de se serrer les coudes pour limiter son score électoral.

Concrètement, comment est calculé ce mécanisme ?
Dans les précédentes élections, le calcul se fait en soustrayant les voix valides obtenues par les listes qui n’ont pas atteint le seuil électoral de (3%) du nombre total des bulletins valides, puis on divise la différence par le nombre des sièges en jeu, pour obtenir le quotient électoral sur la base duquel sont répartis les sièges. Ensuite, sur la base des plus forts restés, on attribue les sièges restants aux listes ayant obtenu les chiffres les plus proches du quotient. Cette méthode a permis au PJD et au PAM de gagner plus d’un siège dans certaines circonscriptions. Pour les prochaines élections, la majorité des partis politiques, représentés au Parlement, plaident pour la révision du mode de calcul du quotient électoral en remplaçant les votes valides par le nombre des électeurs inscrits sur les listes électorales. Ainsi, le quotient électoral sera agrandi, ce qui diminuera les chances des «grands partis» d’obtenir plus d’un siège dans une même circonscription. Les dirigeants du parti de la lampe ne ratent aucune occasion pour critiquer ce mode de calcul proposé qui «n’existe nulle part». Pour le député du PJD, Driss Azami Idrissi, l’idée de prendre en considération le nombre d’inscrits sur les listes électorales, au lieu des votes valides, vise à gonfler et à élargir le quotient électoral pour aboutir à une logique permettant d’attribuer un siège pour chacun des premiers partis, même ceux ayant obtenu peu de voix. Il estime que le quotient proposé par les autres partis politiques ne permettra de faire aucune différence entre des partis ayant obtenu respectivement 69.278 voix, 25.948, 10.637 voix, 6.525 voix et 2.668 voix, et que les sièges, dans cet exemple, seront répartis de manière égale entre tous ces partis en attribuant un siège à chacun d’eux. Les défenseurs de cette option brandissent la carte de la nécessité de garantir le pluralisme politique et de faire prévaloir le principe de «la justice électorale». Sauf que le PJD ne l’entend pas de cette oreille. Le parti de la lampe crie au complot car la nouvelle méthode, si elle venait à être appliquée, lui ferait perdre 30% de ses sièges, selon les estimations.

D’après un dirigeant politique blanchi sous le harnais qui préfère garder l’anonymat, «le but est de ne pas empêcher le PJD d’obtenir la première place, mais plutôt de diminuer l’écart en termes de résultats avec les autres partis politiques». Il estime que le PJD se concentre sur certaines régions pour obtenir le maximum de sièges alors qu’il est absent dans d’autres, alors qu’il faut que le nombre des sièges obtenus soient proportionnels à celui des voix obtenues à l’échelle nationale. Quid du PAM qui, en se basant sur les résultats des législatives de 2016, serait, lui aussi, lésé par l’adoption de la nouvelle proposition du calcul du quotient électoral ? Le secrétaire général du parti du tracteur, Abdellatif Ouahbi appuie ce nouveau mode de calcul en vue, dit-il, de favoriser le pluralisme politique. Il faut dire que la nouvelle direction du PAM tente d’améliorer l’image écornée de ce parti auprès des citoyens et aussi des autres composantes de l’échiquier politique. Le souhait est qu’il soit dorénavant considéré comme un parti «ordinaire» et aussi de dépasser «les erreurs du passé et les conditions de la naissance du parti», pour reprendre les termes de son chef de file. Sauf qu’au niveau interne, les pamistes sont divisés sur le quotient électoral. À l’instar du PJD, plusieurs dirigeants du PAM sont plutôt pour le maintien du mode de calcul actuel car autrement, le parti y laissera des plumes et l’échiquier politique sera balkanisé. Les instances décisionnelles de ce parti devront encore se réunir pour trancher cette question. Le bras de fer s’annonce, ainsi, serré entre les formations partisanes. On s’attend à des débats animés sur ce point stratégique au sein de l’institution législative. En tout cas, les députés du PJD ne comptent pas lâcher du lest. Ce qui risque de bloquer les lois électorales, alors que le compte à rebours est enclenché pour l’organisation des élections.

Impact sur la formation de la majorité
Le nouveau mode de calcul du quotient électoral sur la base des inscrits sur les listes électorales permettra de doper le résultat de plusieurs partis politiques au détriment principalement du PJD et du PAM. Alors que le parti de la lampe souligne la nécessité de rationaliser l’échiquier politique en luttant contre la balkanisation, ses adversaires plaident pour la pluralisme politique. Sauf que ce système, nouvellement proposé, risque d’intensifier les blocages au niveau de la constitution de la majorité gouvernementale, car il ne permet à aucun parti de se démarquer de ses concurrents et d’obtenir, à lui seul, une majorité confortable. Ce qui risque de déteindre la formation du gouvernement et sur l’homogénéité de l’équipe gouvernementale. 

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco


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