Politique

Quotient électoral : le PJD perd la bataille

Le débat sur le quotient électoral se poursuivra, cette semaine, au sein de la Chambre haute. Les projets de lois électorales ont été adoptés par les députés, en séance plénière, non sans heurts. Seul contre tous, le PJD examine les voies de recours dans un contexte tendu entre les composantes de la majorité. Le point.

C’est acté ! La Chambre des représentants a validé, en séance plénière vendredi dernier, la formule de calcul du quotient électoral sur la base des inscrits aux listes électorales. Un sujet qui a suscité tout un tollé au sein de l’hémicycle. Quelque 104 députés du parti de la lampe (PJD) ont voté contre cette disposition et rejeté le projet de loi organique relative à la Chambre des représentants. Le président de la Chambre basse a dû ajourner la séance plénière de quelques heures pour permettre aux autres groupes de la majorité et de l’opposition de mobiliser leurs troupes en vue de faire passer l’amendement relatif au quotient électoral, qui a finalement été approuvé par 162 parlementaires du PAM, du RNI, de l’Istiqlal, du MP, de l’USFP, de l’UC et du PPS.

Seul contre tous
Le PJD n’est pas parvenu à convaincre ses alliés au sein de la majorité de faire marche arrière et, a, pour la première fois dans l’histoire du parlement, voté contre un texte soumis par l’Exécutif alors qu’il dirige la coalition gouvernementale. Une nouvelle crise qui vient secouer de plein fouet le chef du gouvernement et le parti de la lampe. À cet égard, l’Istiqlal n’a pas hésité à remuer le couteau dans la plaie en critiquant le manque d’homogénéité entre les composantes de la majorité, mais sans pour autant défendre clairement le nouveau quotient électoral. Le PPS a aussi évité de parler de cette disposition en plénière et a préféré axer son intervention sur la promotion de la représentativité politique des femmes. Seuls le PAM, le RNI et le MP ont défendu leur choix et pointé «l’injustice» du quotient actuel. La proposition d’amendement du quotient électoral déposée par les trois partis politiques de l’opposition (Le PAM, l’Istiqlal et le PPS) a été soutenue par le RNI, le Mouvement populaire, l’USFP et l’Union constitutionnelle en dépit de la position de Abdelouafi Laftit. Pour la première fois, les groupes parlementaires maintiennent une proposition d’amendement rejetée par le ministre de l’Intérieur.

Contactés par Les Inspirations ECO, certains parlementaires de l’opposition et de la majorité ont préféré s’abstenir de commenter les récents développements alors que d’autres se sont dits «embarrassés» de défendre le nouveau quotient électoral qui a été, au départ, proposé par le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar. Les défenseurs de ce nouveau mécanisme brandissent la carte de la garantie du pluralisme politique et de la nécessité de réduire les écarts entre les partis politiques, précisant que la méthode de calcul actuelle est injuste et ne reflète pas le poids électoral réel des différentes formations politiques. Ils donnent toujours pour exemple le PJD qui, avec 27 % des voix, a obtenu 32 % des sièges de la Chambre des représentants.

Or, du côté des détracteurs du nouveau quotient, on pointe du doigt une méthode anti-démocratique qui mettra sur un même pied d’égalité les partis au niveau des circonscriptions locales en dépit des grands écarts en termes de voix obtenues. La Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui sera parmi les partis à en bénéficier, se prononce contre le nouveau mode de calcul. Le député de la FGD, Mustapha Chennaoui, a affiché sa réticence vis-à-vis de cette disposition. Au lieu de rejeter le texte, il a décidé de s’abstenir pour «éviter de se positionner du côté du PJD». Tout porte à croire que la nouvelle disposition passera au sein de la Chambre des conseillers où le PJD ne dispose que de 15 parlementaires dont ceux de l’UNTM, son bras syndical.

Quels recours possibles pour le PJD ?
Le parti de la lampe compte recourir à la Cour constitutionnelle pour contester le nouveau quotient. Il a déjà demandé à Habib El Malki de joindre au PV d’adoption du texte, un mémorandum du parti portant sur «l’inconstitutionnalité» du nouveau quotient électoral. Certaines voix au sein du parti appellent à activer l’article 103 de la loi fondamentale qui stipule que «le Chef du gouvernement peut engager la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des représentants, sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d’un texte». D’autres militants poussent leur grogne à l’extrême, plaidant pour la non-participation du parti aux prochaines élections. Tout sera tranché lors de la prochaine réunion du Conseil national du parti qui discutera les derniers développements pour formuler une position politique officielle du PJD, qui a rejeté également la suppression du seuil électoral.

Mohamed Sadiki.
Député du PJD à la commission de l’Intérieur

«Le PJD n’est pas en train de se défendre. Le Maroc ne doit pas être une mauvaise exception dans le monde en étant le seul à permettre la comptabilisation des voix des morts et des citoyens qui ne s’intéressent pas à la politique et qui ne votent pas, même s’ils sont inscrits sur les listes électorales. Ceci portera atteinte non pas au PJD, mais à la démocratie ! Il y va de l’image de notre pays. Au sein du PJD, nous sommes prêts à rester chez nous si les autres partis veulent provoquer de l’alternance non démocratique et gagner des sièges sans effort. Il ne faut pas changer la loi électorale dans le mauvais sens, sinon nous risquons d’avoir un taux d’abstention sans précédent, car le vote sera vidé de sa substance.»

Aicha Lablak.
Député du PJD à la commission de l’Intérieur

«Malheureusement, nous n’avons pas réussi à réunir le consensus autour du quotient électoral même si le PPS a essayé autant que faire se peut d’atteindre cet objectif. Nous considérons ce point comme une partie d’un tout dans le cadre des concertations. Dans le cadre des négociations entre les composantes de l’opposition, il est normal de faire des concessions surtout que le dossier est lié au seuil électoral que nous demandions d’abaisser en vue de garantir une représentation équilibrée des différentes sensibilités politiques, notamment les courants modernistes. Partout dans le monde, aucun système électoral n’est parfait. Par ailleurs, le problème est chez la majorité.»

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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