Programmation budgétaire 2022-2024 : El Otmani quadrille le terrain
L’on ne sait pas encore sur quel taux de croissance exact l’année en cours se clôturera. Toutefois, le Chef de gouvernement a demandé à ses ministres de se pencher, dès à présent, sur leurs budgets de 2022 à 2024 en tenant compte annuellement de trois déterminants : un taux de croissance d’au moins 4%, un déficit budgétaire de 5% et une inflation de 1%. Les détails.
Les ministres ont du pain sur la planche ! Dans une circulaire datant du mercredi 17 mars dernier, le Chef de gouvernement, Saad-Eddine El Otmani (photo) leur a demandé d’élaborer des propositions de budgets triennales pour les années 2022, 2023 et 2024. Trois années durant lesquelles, leurs feuilles de route devront respecter des objectifs et des indicateurs de performance bien définis, à commencer par une croissance annuelle moyenne d’au moins 4% pour le royaume. El Otmani estime cet objectif réaliste et réalisable, compte tenu principalement du coup de fouet qui sera donné cette année à l’économie. En effet, dans sa circulaire, le chef de gouvernement rappelle que le contexte économique du début de cette année est marqué par un relèvement par le FMI de ses prévisions concernant la croissance économique mondiale.
Le gouvernement mise sur la forte reprise en 2021…
Selon l’institution de Bretton Woods, le taux de croissance mondial devrait passer de 5,2% à 5,5%, grâce aux campagnes de vaccination et aux soutiens financiers. Toutefois, cette estimation recouvre des prévisions disparates d’un pays à l’autre. Les États-Unis, première puissance économique mondiale, devraient enregistrer une croissance de leur Produit intérieur brut (PIB) de 5,1% (+2 points) dopé par le dernier plan de soutien à l’économie de 900 milliards de dollars adopté fin décembre dernier par le Congrès. Leur grande rivale, la Chine, enregistrera quant à elle une croissance de 8,1%, à peine moins que les 8,2% projetés il y a trois mois. Au Maroc, la circulaire du chef de gouvernement prévoit que l’économie nationale tirera profit de l’activation du plan de relance économique et de l’évolution positive et progressive de la demande étrangère. Ceci, sans oublier les perspectives prometteuses de la campagne agricole 2020-2021 qui participeront également à cette relance économique. C’est ainsi que le PIB devrait enregistrer une hausse de 4,8% en 2021 (contre 4,5 initialement prévu), après une baisse de 6,7% en 2020, grâce aux améliorations de la valeur ajoutée agricole et non agricole, respectivement, de 11,6% et 3,8%.
…pour stabiliser le déficit budgétaire à 5% et l’inflation à 1%
Le second facteur dont tous les départements ministériels devront tenir compte dans l’élaboration de leurs scénarios de budgets, est la limitation du déficit budgétaire à 5% du PIB comme moyenne annuelle (en comptant les recettes de la privatisation). D’ailleurs, c’est sur ce même taux que le gouvernement mise cette année, contre 7,4% en 2020, année de crise sanitaire qui a gonflé le besoin de financement de l’économie à un niveau tel que le royaume devrait à nouveau faire une sortie sur le marché international. Du coup, le taux d’endettement du Trésor devrait rester élevé ces prochaines années pour se situer aux alentours de 70% du PIB. Dans le même temps, la dette publique globale oscillerait autour de 85% du PIB au lieu de 92% en 2020. Dans ce cadre tendu pour les finances publiques, El Otmani demande que les propositions élaborées tiennent aussi compte d’un taux d’inflation contenu à 1%. En effet, il faut tout faire pour préserver la demande intérieure, qui est l’un des principaux moteurs de la croissance économique dans le royaume. D‘ailleurs, le Haut-commissariat au plan (HCP) révèle que la croissance économique serait soutenue en 2021 par la reprise de la demande intérieure qui contribuerait pour 4,8 points, au moment où la contribution de la demande extérieure resterait, elle, négative avec -0,4 point en amélioration par rapport à -1,4 point en 2020. Bref, les propositions seront examinées entre le 15 avril et le 10 mai prochains au niveau des commissions des programmations. Entre temps, le Chef de gouvernement a indiqué la voie en déclarant qu’en plus de la poursuite de la mise en œuvre des mesures prises pour faire face aux contraintes imposées par la Covid-19, son gouvernement, en application des directives royales, donne la priorité au niveau économique aux différents engagements contenus dans la charte de la promotion de l’économie et de l’emploi, notamment l’activation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Parallèlement, le gouvernement veillera au niveau social à la généralisation progressive de la protection sociale à travers la généralisation de l’assurance maladie obligatoire et des allocations familiales, l’extension de la base des adhérents dans le régime de retraite et l’extension de l’accès aux indemnités pour perte d’emploi.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco