Politique

PLF 2021 : ce qu’attendent les parlementaires

L’augmentation en vue des budgets des secteurs de la santé et de l’enseignement est jugée insuffisante. La promotion de l’emploi reste tributaire de l’efficacité des mesures de relance et d’accompagnement de l’économie, selon les députés. Le pôle économique au niveau du gouvernement est appelé à défendre la nécessité de changer l’approche de gestion de la crise sanitaire.

De grandes attentes sont nourries dans le projet de loi de Finances 2021, en cours d’élaboration par le gouvernement et dont les grandes lignes devront bientôt être soumises en Conseil des ministres. L’Exécutif est appelé à prendre en considération la spécificité de la conjoncture actuelle, marquée non seulement par les répercussions de la crise sanitaire, mais aussi par les aléas de la sécheresse dont l’impact pèse lourdement sur l’économie nationale. Le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, s’engage à prendre en considération les propositions des parlementaires «dans le cadre de ce qui est possible», pour reprendre son expression. Il faut dire – comme il le laisse entendre – que les arbitrages sont on ne peut plus difficiles entre les secteurs, en raison de l’ampleur des insuffisances et de la faiblesse des ressources financières. Aussi faut-il mettre en place «des financements innovants» permettant au Maroc d’opérer des investissements ne pesant pas lourdement sur le Budget de l’État, surtout dans un contexte marqué par le recul des recettes à cause des aléas de la crise.

Améliorer la gestion des affaires publiques
Du côté des parlementaires, le scepticisme est au rendez-vous. Les députés dressent un tableau noir de la situation économique et sociale, et certains doutent de la capacité du Maroc à remonter la pente en 2021, en dépit de l’optimisme affiché par le gouvernement. Majorité et opposition parlent d’une même voix. Les députés plaident pour la nécessité d’améliorer la gouvernance en matière de gestion des affaires publiques et d’établir des priorités claires en vue, d’une part, de redresser les dysfonctionnements qui minent notamment les secteurs sociaux et, d’autre part, de faire face aux répercussions de la pandémie sur les plans économique et social. À ce titre, le gouvernement est appelé à déployer un effort supplémentaire pour soutenir la santé et l’enseignement. L’augmentation budgétaire prévue pour ces deux secteurs, annoncée par le ministre de l’Économie et des finances lors de la réunion de la Commission des finances et du développement économique, est jugée insuffisante pour répondre aux besoins. Benchaâboun prévoit une augmentation de 1,56 MMDH pour le secteur de la santé en 2021 (717 MDH pour l’équipement et 850 MDH pour l’investissement) et de 3,5 MMDH pour l’enseignement, dont 2,994 MMDH pour l’équipement. Il s’agit d’une augmentation de quelque 5 MMDH pour ces deux secteurs stratégiques. Le parlementaire de la Fédération de la gauche démocratique, Omar Balafrej, estime que cet effort financier demeure modeste et qu’il est temps pour les autres secteurs de faire des efforts, dans le cadre des arbitrages, en vue de mobiliser des financements supplémentaires pour la santé et l’enseignement dont les besoins sont énormes. À titre d’exemple, l’équipement des élèves bénéficiant du programme Tayssir en tablettes, pour leur permettre de suivre l’enseignement à distance, nécessite une enveloppe d’au moins 2 MMDH. Pour le secteur de la santé, le besoin de renforcer les structures hospitalières, de mobiliser et de motiver le personnel médical et paramédical se fait sentir. Or, il apparaît clairement que l’augmentation envisagée dans le cadre du projet de loi de Finances ne permettra pas de répondre à ces deux objectifs.

Booster l’emploi, la priorité
La relance économique doit aussi être érigée en priorité en vue de limiter le chômage et donner un coup de fouet à l’emploi, d’après les parlementaires. Des mesures courageuses sont attendues par les députés afin de sortir de la morosité qui mine l’économie nationale et d’éviter le pire en 2021. Une nouvelle approche de la gestion de la crise s’impose, selon le parlementaire du PJD Driss El Azami El Idrissi, qui estime qu’il est temps de mettre fin aux mesures restrictives déteignant sur plusieurs secteurs et impactant l’emploi et d’appeler à la responsabilité des citoyens. Le but étant de libérer plusieurs secteurs à l’arrêt depuis de longs mois. «C’est le pôle économique qui doit agir et défendre ce choix», précise-t-il. Benchaâboun va-t-il satisfaire les attentes des parlementaires? L’espoir demeure car rien n’est encore tranché, comme l’a laissé entendre l’argentier du royaume. Dans l’attente de la présentation du projet de loi de Finances, des accords seront signés avec plusieurs secteurs pour les aider à faire face à la pandémie, à l’instar du secteur touristique. 

Trois projets de loi en vue

Le projet de loi de Finances sera accompagné de trois projets de loi visant la concrétisation des orientations royales. Ces textes devront permettre la mise en place de trois chantiers stratégiques : la généralisation de la couverture sociale à toute la population marocaine, la création de l’agence nationale chargée de gérer les contributions de l’État et d’évaluer leur performance et la mise en place du fonds d’investissement stratégique. Ces objectifs sont érigés en priorité dans le cadre du prochain budget, comme le précise le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration. Les parlementaires sont appelés par Mohamed Benchaâboun à accélérer la cadence d’adoption de ces projets de loi en vue d’entamer leur mise en œuvre dès janvier 2021.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco



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