Politique

PAM-Istiqlal-PPS : Alliance préélectorale ou simple coordination de circonstance ?

Les chefs de file du PAM, du PPS et de l’Istiqlal semblent divisés sur la nature de leur rapprochement. Alors que Ouahbi et Benabdellah qualifient leur coordination d’alliance électorale, Baraka préfère rester prudent. L’expérience démontre que les alliances se font et se défont au gré des circonstances et des résultats électoraux.

Les trois partis de l’opposition parlementaire ( PAM, Istiqlal et PPS), qui ont annoncé leur rapprochement en juillet 2020 en présentant un mémorandum commun sur la réforme électorale se lanceront-ils dans la bataille des élections en tant qu’alliance préélectorale ? Rien n’est moins sûr, bien que les chefs de file du PAM et du PPS n’aient pas hésité, lundi soir lors d’un débat médiatique, à qualifier leur rapprochement d’alliance. Le secrétaire général du parti du tracteur, Abdellatif Ouahbi, a même souligné que si sa formation arrivait en tête, elle négocierait la formation du gouvernement avec l’Istiqlal et le PPS.

Ouahbi estime qu’il est difficile d’imaginer un gouvernement auquel participe le PAM sans ces deux alliés. Même son de cloche auprès du secrétaire général du parti du livre, Nabil Benabdellah, qui affiche l’ambition de faire partie de la prochaine coalition gouvernementale avec les deux autres partis de l’opposition. Une alliance qui sera, selon lui, une réelle alternative à la situation actuelle. Néanmoins, la position de Ouahbi et de Benabdellah contraste avec celle du secrétaire général des héritiers de Allal El Fassi, Nizar Baraka, qui préfère jouer la carte de la prudence, du moins pour le moment. L’alliance, selon lui, nécessite de se mettre d’accord sur une plateforme basée sur les programmes.

Baraka met en garde contre tout engagement qui risque de ne pas être respecté après les élections à l’instar de ce qui s’est passé, lors de la formation du gouvernement au lendemain des législatives anticipées de 2011. Il était, en effet, convenu que les partis de la Koutla (Istiqlal, USFP et PPS) entrent ensemble au gouvernement ou se positionnent ensemble dans les rangs de l’opposition. Abdelilah Benkirane aspirait, après la victoire du PJD, à ce que les trois partis de la Koutla fassent partie de la coalition gouvernementale.

Or, l’USFP en a décidé autrement, au grand dam de l’Istiqlal et du PPS qui avaient décidé de répondre favorablement à la demande du Chef de gouvernement désigné. Il faut dire que ce n’était pas une surprise car l’expérience démontre que les alliances se font et se défont au gré des circonstances et des résultats électoraux, même si cette situation ne fait que creuser davantage le fossé entre les partis politiques et les citoyens. Pourtant, l’annonce des alliances préélectorales contribuerait à apporter de la clarté au sein de l’échiquier politique et à limiter, ainsi, la crise de confiance avérée en les acteurs politiques.

Généralement, les coalitions scellées au niveau national ou local ne répondent qu’à une simple contrainte arithmétique. En effet, l’idéologie n’a pas sa place dans les coalitions qui se forment. Certaines alliances sont même contre-nature.

D’ailleurs, même le rapprochement du PAM des deux partis de la Koutla, en l’occurrence le PI et le PPS, a été vertement critiqué en raison de la confusion qu’il risque de créer auprès des électeurs. Pendant longtemps, le parti du tracteur était l’ennemi juré des Istiqlaliens et des progressistes. Comment expliquer un tel revirement ? Les deux partis brandissent la carte du changement de la direction du PAM avec l’arrivée de Abdellatif Ouahbi. Celui-ci n’a, certes, pas hésité à épingler le passé de son parti, s’engageant à ouvrir une nouvelle page au sein de l’échiquier politique. Le parti du tracteur a-t-il pour autant réellement changé ? Une question que se posent encore beaucoup d’acteurs politiques et d’observateurs. En tout cas, il ne faut pas s’attendre à des miracles au niveau des alliances préélectorales, même si aucune ligne rouge n’est annoncée ni par les formations partisanes de la majorité ni par celles de l’opposition et ce, malgré les passes d’armes entre certains partis.

Attentes post-électorales
Après les élections, l’enjeu est de pouvoir former un gouvernement homogène. Ce vœu risque de rester platonique en raison notamment du nouveau quotient électoral qui permettra à plusieurs partis de percer et de rapprocher les résultats entre les premiers partis politiques.

Cette donne risque de compliquer les tractations pour la formation du gouvernement et de dégager une coalition gouvernementale qui ressemblerait à l’actuelle alliance, souvent critiquée en raison de l’absence d’homogénéité entre ses composantes. Même le rapport du Nouveau modèle de développement dresse un constat peu glorieux à l’égard des coalitions gouvernementales après 2011.

La Commission spéciale sur le Nouveau modèle de développement souligne à cet égard qu’alors même que les pouvoirs et attributions du gouvernement ont été fortement étendus par la Constitution, les coalitions gouvernementales successives ont été marquées par des tensions récurrentes et par une dynamique politique peu propice à la convergence des acteurs autour d’une vision de développement économique et social, mettant le citoyen au centre et permettant de concrétiser l’esprit de la nouvelle Constitution. Cette situation a contribué, selon le rapport, à ralentir le processus des réformes et à laisser s’installer un climat profond de défiance, sur fond de ralentissement de la croissance économique et de détérioration des services publics.

Réforme constitutionnelle et électorale : une véritable réflexion s’impose

Un débat national s’avère nécessaire autour de la Constitution et de l’arsenal juridique électoral après les élections, comme l’a souligné le secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka. D’aucuns estiment que ce chantier devra être entamé dès le prochain mandat afin de pouvoir asseoir des réformes de fond. Plusieurs voix ont appelé, au cours des dernières années, à plancher sur le dossier de la loi fondamentale qui nécessitera des discussions sereines en vue de répondre aux aspirations des Marocains. Quant au volet électoral, une révision de fond s’impose, notamment en ce qui concerne le mode de scrutin qui a montré ses limites. L’idéal serait de mettre en place des lois électorales largement concertées, sans avoir à les réviser à la veille de chaque rendez-vous électoral.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco


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