Politique

Le Marketing politique, un outil de communication efficace mais peu répandu au Maroc

Le Marketing politique, qui s’appuie sur les mêmes techniques du marketing commercial pour promouvoir un candidat, un programme électoral ou un parti politique, reste peu répandu au Maroc pour des raisons à la fois culturelles et financières.

La publicité, les relations publiques, les relations presse et la communication digitale…sont tous des supports utilisés par le marketing politique afin d’inciter et de convaincre l’électeur à opter pour un candidat. Si la désignation de ce dernier et la conception du programme électoral reviennent au parti politique, la tâche de les promouvoir incombe dans ce cas aux structures professionnelles de communication. Une mission qui consiste à considérer le contenu politique comme un produit à « vendre » aux consommateurs potentiels que sont les électeurs, et dans une plus large vision, la base de l’électorat national.

Ce mode de communication, largement répandu en Occident, en est à ses premiers balbutiements au Maroc, où une minorité de partis politiques s’adonnent à cette pratique qui nécessite des moyens financiers importants.

« Au Maroc, le marketing politique n’est pas en position prépondérante bien que des efforts aient été faits dans ce sens, mais il manque plusieurs ingrédients qui feront de cette stratégie la clé de voûte de la réussite d’une campagne électorale”, estime Mustapha Bennani, consultant et expert en Marketing.

M. Bennani fait observer dans ce sens que pour “un électorat-cible, à titre d’exemple, le message reste inchangé dans la forme et nous nous retrouvons avec une communication identique pour toutes les populations ciblées, ce qui peut conduire parfois à une mésinterprétation voire un dédain envers toute l’entité et/ ou ce qui la représente”.

« De par ces faits, il apparaît bien évident que l’absence de professionnels du Marketing Politique joue en défaveur et des entités de la place et de l’électorat et donc de la population », explique-t-il.

L’expert a dans ce sillage souligné les avantages que présente le marketing politique par rapport aux formes classiques de promotion, notant que celui-ci met en avant des messages aux contenus forts, ne dénature pas les identités et l’historique des partis politiques, respecte la personnalité des candidats et propose des programmes électoraux raisonnables et en concordance avec les grandes lignes de développement du pays.

Le Marketing Politique, poursuit-il, se base sur une connaissance pointue de l’électorat et d’un diagnostic précis des circonstances de l’élection. Un Diagnostic Socio-Politique (DSP) est ensuite posé, ce qui permet de construire une stratégie de campagne.

Ce DSP, précise-t-il, repose sur quatre éléments clés essentiels pour définir la stratégie : positionnement du candidat (ou entité politique), positionnement des adversaires, comportement de l’électorat et enfin paramètres de l’élection, ajoutant que cette stratégie est constituée par un message fort, destiné à une population ciblée, et relayé par les médias choisis.

Pour M. Bennani, le marketing politique au Maroc est un marché « porteur » mais « nous avons malheureusement plusieurs lacunes qu’il faut combler d’une part, et d’autre part, tout le monde y trouvera son compte, du citoyen lambda aux hautes instances en passant par les divers acteurs du paysage politique marocain ».

« De plus, nous pouvons modéliser le marché marocain et adapter les diverses stratégies de MarkPo aux différents besoins de ce marché et en créant des variantes uniques qui ne s’appliqueraient qu’à notre pays », suggère-t-il.

Par ailleurs, « les taux de participation faibles réalisés lors des précédentes élections nous prouvent à quel point il est essentiel et primordial d’intéresser la population et l’électorat au processus électoral par le biais d’une stratégie de Marketing Politique incitative et participative”, estime-t-il.

Pour les freins qui peuvent entraver le développement de ce segment au Maroc, M. Bennani indique qu’il s’agit notamment de freins d’ordre psychologiques, et culturels (vu la composition de la société et du mass-électorat rural et non-instruit).

Le fait de confier à des professionnels de la communication la mission de promouvoir le parti et ses candidats et de gérer la campagne électorale est de nature à concilier le citoyen marocain, notamment les jeunes, avec l’action politique et impacter positivement le taux de participation, notamment en présence d’une crise pandémique sans précédent.

Toutefois, le développement de cet outil de communication se trouve freiné par un certain nombre d’obstacles notamment la mentalité des acteurs politiques et surtout ses coûts extrêmement élevés.

HS



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