Emploi : le gouvernement mise sur l’approche régionalisée
En 2021, le plan gouvernemental devra être activé dans les régions où la demande de travail est la plus pressante. Les données du marché de l’emploi seront, quant à elles, unifiées dans une seule structure.
Le gouvernement est déterminé, semble-t-il, à renforcer la veille régionale du marché du travail. C’est ce qui ressort du dernier rapport émanant de la Commission des secteurs sociaux au sein de la Chambre des représentants, lequel traduit une forte empreinte régionale des futures interventions de l’Exécutif.
Le plan exécutif de l’emploi sera, dans ce cadre, prioritairement mis en œuvre dans les régions de Marrakech-safi, Souss-Massa, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima, avec un élargissement de l’approche de la promotion de l’emploi dans le monde rural. Parmi les actions prioritaires inscrites pour la lutte contre le chômage en 2021, deux études seront réalisées et porteront sur l’évaluation des programmes «Idmaj», et «Tahfiz». Celles-ci ont pour finalité d’améliorer la visibilité quant à la demande sur le marché de l’emploi. Notons que les données communiquées par le gouvernement aux députés montrent qu’au cours des neuf premiers mois de cette année, 1.366 jeunes porteurs de projets ont bénéficié du programme de l’auto-emploi, avec l’accompagnement de 5.344 autres porteurs de projets qui ont démarré leur activité. La tendance à la baisse a aussi concerné le nombre de jeunes bénéficiaires du programme «Taahil», avec 15.620 personnes, contre 25.628 bénéficiaires une année auparavant. Malgré la conjoncture difficile, l’État compte renforcer l’employabilité des jeunes, notamment dans les secteurs émergents.
À ce titre, 6.583 jeunes ont bénéficié des programmes d’amélioration de l’employabilité au cours des neuf premiers mois de cette année. À la lumière de ces données, les membres de la Commission des secteurs sociaux au sein de la première Chambre ont appelé à poursuivre les efforts de l’État en matière d’emploi. Les députés ont mis en garde contre la baisse significative qui a marqué ce segment, cette année, avec 58.825 bénéficiaires, contre 86.167 bénéficiaires au cours de la même période de l’année 2019.
Un recul significatif des opportunités d’emploi
Une donne compliquée pour l’Exécutif si l’on tient compte du fait que la crise sanitaire a considérablement réduit la marge de prospection pour les chercheurs d’emploi, l’offre s’étant grandement rétractée. En chiffres, il ressort que le nombre de postes de travail, publiés à fin septembre dernier, était de l’ordre de 65.841, alors qu’en 2019, on comptait 104.401 opportunités de travail. Cette baisse s’est par ailleurs aggravée avec le repli des ateliers de recherche d’emploi tenus jusqu’à présent ( 54.120 ateliers entre janvier et septembre, contre 62.759 en 2019). Une série d’études est en cours de réalisation afin de mesurer l’impact de la pandémie sur l’emploi dans le secteur privé, et collecter des données actualisées, notamment en ce qui concerne les TPE. Les députés estiment que l’enjeu principal reste la sauvegarde de l’emploi, mais aussi la création de postes de travail pour les nouveaux demandeurs sur le marché, comme souligné dans le rapport parlementaire. Les élus insistent aussi sur le fait que l’impact de la pandémie ne devrait en aucun cas être invoqué par les entreprises comme argument de licenciement, appelant le gouvernement à renforcer les inspections du travail durant cette période. Actuellement, des comités de veille au niveau du ministère de tutelle, ainsi qu’au niveau régional, délivrent des rapports quotidiens, sachant qu’une procédure conjointe entre le département de l’Emploi et celui de l’Industrie a été mise en place pour renforcer le contrôle de prévention au sein des lieux du travail.
Le plan d’action régional
Pour capitaliser les acquis du programme exécutif, le gouvernement devra poursuivre les principaux chantiers en cours, qui constituent des leviers incontournables pour faciliter l’intégration des jeunes diplômés dans le marché du travail. Au niveau régional, neuf régions ont entamé l’élaboration de leurs plans régionaux d’emploi axés sur l’amélioration de l’employabilité, le renforcement de l’auto-emploi et le suivi du marché régional. Une étude a été lancée pour l’instauration d’observatoires régionaux de l’emploi, et sera accompagnée par la préparation d’une structure de veille «en vue d’assurer la coordination des interventions et la réalisation de la convergence entre les producteurs d’information et des études sur le marché de l’emploi», indique la feuille de route du gouvernement. Plusieurs niveaux d’amélioration seront recherchés en 2021, notamment la diversification des programmes d’insertion et l’adéquation du contenu des formations avec les métiers les plus prisés dans le marché. Le passage des jeunes diplômés vers le marché de l’emploi fera aussi l’objet d’une étude, en prélude à une série d’évaluations qui seront réalisées avant la fin de l’année. Il s’agit d’études d’impact sur le travail décent, et du parachèvement du diagnostic qui a été entamé pour l’emploi des jeunes non diplômés.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco