Politique

Élections législatives. Les circonscriptions locales, un bastion masculin !

Cette fois-ci, aucun parti ne pourra dépasser 12 sièges au niveau de l’ensemble des circonscriptions réservées aux femmes. 

Le combat de la parité, sur la scène politique, est loin d’être gagné. La nature des accréditations aux élections législatives montrent, en effet, que les barrières demeurent infranchissables pour les femmes.

Ceci en dépit du fait qu’arithmétiquement, les partis politiques ont accrédité pour les prochaines législatives quelque 2.329 femmes, soit un pourcentage de 34,17% du nombre global des candidats.

Un chiffre en trompe-l’œil, car 67,28 % des candidatures féminines sont inscrites au registre des listes régionales imposées par la législation et qui permettront à 90 femmes uniquement d’accéder à la Chambre des représentants.

Quant aux circonscriptions locales, la majorité des candidates fait de la figuration dans les listes menées par des hommes, sachant que seules les têtes de liste ont une chance de gagner un siège en raison du nouveau quotient électoral. Tout cela pour dire que les élections de 2021 ne dérogeront pas à la règle.

Sur les 1.472 listes des circonscriptions législatives locales, 97 uniquement sont menées par des femmes en tant que têtes de liste, soit seulement un pourcentage de 6,5 %.

C’est dire que les résultats des élections du 8 septembre sont très attendus pour voir combien de ces mandataires de listes locales seront élues.

A ce titre, d’aucuns estiment qu’il ne faut pas se faire d’illusions, comme en atteste l’expérience. Rappelons que seules dix femmes accréditées au niveau de circonscriptions locales sont devenues députées en 2016, soit un pourcentage d’uniquement 3,27 % des députés élus localement. Et, en 2011, sept femmes ont percé au niveau local.

Une accréditation  «pour la forme»

Une situation vertement critiquée par les militantes au sein des partis politiques. Le bras de fer est en effet serré lors de la phase fatidique des accréditations. Les candidatures de femmes sont souvent reléguées au dernier plan.

Les instances dirigeantes des partis politiques misent en effet sur les cartes gagnantes, notamment les hommes déjà élus et qui ont de grandes chances de gagner les précieux strapontins grâce à leurs ressources financières ou au soutien dont ils disposent au niveau local.

La situation est presque la même dans l’ensemble des «grands» partis politiques qui demeurent des bastions masculins où les femmes ont peu de chances d’être choisies pour mener la course en tant que mandataires des listes législatives locales. Le recours au quota les décharge de leurs responsabilités démocratiques envers les femmes.

Selon un dirigeant politique, il est difficile de convaincre les militants au niveau local d’accréditer des femmes au niveau des circonscriptions locales en raison de la liste régionale qui leur est consacrée.

Pourtant, nombreuses sont les militantes qui sont prêtes à mener le combat électoral sans compter sur le quota qui ne devra être qu’un système transitoire.

Il faut aller au-delà des quotas pour instituer la parité et provoquer le changement d’autant plus que le système de discrimination positive, bien qu’il ait permis aux femmes d’accéder aux instances élues après une longue période de vide absolu, a montré ses limites.

Pour franchir un nouveau palier en vue de briser le plafond de verre au niveau du parlement, il faudra visiblement attendre les élections de 2026.Celles de 2021 ne permettront pas d’atteindre la parité tant espérée au niveau de la Chambre des représentants.

Une représentation plurielle

On s’attend à ce que les listes régionales favorisent l’élection de femmes de différents partis politiques. Il faut dire que le nouveau quotient électoral ne permettra à aucun parti politique de gagner plus d’un siège féminin dans une même région, car toutes les formations passeront par le plus fort reste. Aussi, le nombre des formations partisanes qui seront représentées à la Chambre des représentants augmentera grâce à la représentativité féminine.

A Casablanca, par exemple, douze femmes de douze couleurs politiques seront élues aux prochaines législatives. Aux élections précédentes, le nombre des sièges consacrés aux femmes et aux jeunes obtenus par un parti politiques dépendait du pourcentage des voix au niveau national.

C’est pour cette raison que le PJD avait pu rafler 27 sièges de la liste nationale contre 21 pour le PAM.

Cette fois-ci, aucun parti ne pourra dépasser (dans les meilleurs cas) 12 sièges au niveau de l’ensemble des circonscriptions réservées aux femmes, soit un siège dans chacune des 12 régions. Sur les 31 partis en lice, seulement ont présenté des listes régionales dans l’ensemble des 12 régions (PJD, PAM, Istiqlal, RNI, USFP et PPS).

Une faiblesse éternelle

La révision de la législation a permis de troquer la liste nationale, qui était partagée avec les jeunes, par les listes régionales qui permettront à 90 femmes de gagner le précieux sésame de la députation grâce au quota.

Mais, il s’agit d’une représentation de seulement 22 %. Ce pourcentage est très loin de la parité escomptée.Le chemin vers l’égalité en politique demeure très long. Malgré les avancées, l’évolution est très timide depuis 2002.

Au sein de la chambre basse, le pourcentage des femmes députées est passée de 17 % lors de la neuvième législature à environ 21 % après les dernières élections législatives.

La faiblesse de la représentation politique féminine ne concerne pas uniquement la Chambre basse, mais aussi d’autres conseils élus. Au niveau de la Chambre des conseillers, cette représentativité ne dépasse pas 11,66 %.

Rappelons qu’en 2015, quelque 14 conseillères uniquement ont accédé à la chambre haute, grâce notamment à la mobilisation des syndicats qui ont su se montrer plus paritaires que les partis politiques.

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO


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