Budget des régions : les disparités de la croissance se creusent
Cinq régions ont enregistré des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale et trois régions ont créé, à elles seules, 58,7% de la richesse nationale.
Le diagnostic des finances régionales et de leur impact sur le taux de croissance nationale, réalisé par le haut-commissariat au Plan (HCP) pour le compte de l’année 2018, révèle que l’équilibre régional reste l’une des grandes problématiques à résoudre pour le processus de régionalisation avancée. La déclinaison régionale des plans sectoriels est l’une des pistes préconisées pour tempérer les inégalités régionales durant cette étape, accompagnée d’une politique de discrimination positive pour les zones montagneuses et enclavées.
Les indicateurs phares
Le bilan réalisé par le HCP laisse entrevoir une forte concentration de l’activité économique, ainsi qu’un écart considérable en termes de contribution par région au PIB national. Ainsi, cinq régions ont enregistré des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale de l’ordre de 3,1%. Il s’agit des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (7,6%), Souss-Massa (6,8%), Laâyoune-Saguia al Hamra (6,7%), Guelmim-Oued Noun (4,3%) et l’Oriental (4,2%). De leur côté, les régions de Casablanca-Settat et Marrakech-Safi ont connu des taux de croissance proches de la moyenne nationale, successivement de 3,4 et 3,2%. Les cinq régions restantes ont, quant à elles, réalisé des taux de croissance inférieurs à la moyenne nationale, allant de 2,8% dans la région Drâa-Tafilalet à -0,7% dans la région Rabat-Salé-Kénitra. Le principal fait marquant de l’examen budgétaire, qui a été réalisé par le HCP, reste, sans aucun doute, le score réalisé par la région Casablanca-Settat dont la contribution à la croissance du PIB a été de 1,1 point, avec une contribution régionale qui s’élève à 34,9% de la croissance nationale. Par groupe de régions, les trois régions de Casablanca-Settat, de Rabat-Salé-Kénitra et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont créé 58,7% de la richesse nationale, avec 32,3%, 15,6% et 10,8% respectivement. Les statistiques publiées montrent aussi que cinq régions ont généré 34,2% du PIB. Ce sont les régions de Fès-Meknès et de Marrakech-Safi avec 8,4% chacune, la région Souss-Massa avec 6,7%, Béni Mellal-Khénifra avec 5,7% et l’Oriental avec 4,9%. Les régions de Drâa-Tafilalet et les trois régions du Sud ont contribué de 7% à la création de PIB en valeur, avec 2,5% et 4,5% respectivement.
Les pistes d’amélioration de l’équilibre régional
La problématique du désenclavement devra mobiliser le gouvernement et les régions, avec en tête de liste des priorités la convergence des actions et le suivi de la mise en œuvre du Programme de réduction des disparités territoriales et sociales en milieu rural (PRDTS). Plusieurs pistes ont été identifiées pour améliorer les interventions futures des régions et des communes dans ce vaste chantier de désenclavement des zones difficiles d’accès. Le choix de l’orientation spatiale dans le développement rural, ainsi que l’adoption d’une stratégie fondée sur la convergence forment la base de l’action de l’Exécutif. L’une des mesures privilégiées actuellement par le gouvernement concerne «le recours aux leviers structurels pour agir en amont sur les inégalités spatiales». À côté de ces leviers structurels qui pourront atténuer les disparités sociales et spatiales entre le rural et l’urbain, la vision devra également intégrer d’autres programmes conçus par les dotations réservées par les établissements publics ou dans le cadre de la 3e étape de l’INDH, axée sur les AGR. Pour rappel, l’économie nationale a enregistré en 2018, un produit intérieur brut (PIB) qui atteint 1.096,5 MMDH, avec une croissance économique de 3,1% par rapport à l’année 2017. Le PIB a marqué une valeur de 1.108,5 MMDH avec une augmentation de 4,3%.
Les contrats types ne peuvent plus attendre
La contractualisation entre l’État et les régions focalise l’attention du gouvernement. Plusieurs rencontres ont été tenues avec l’Association des régions du Maroc dans le but de tracer le cadre budgétaire de ces contrats pour une durée de trois années, avec des objectifs stratégiques pouvant faire l’objet d’une évaluation. Un seul modèle pour les contrats avec l’État sera validé. Par ailleurs, les contrats devront bénéficier de l’impact positif de plusieurs nouvelles réglementations qui ont été élaborées durant les années 2019 et 2020, accordant aux régions plusieurs prérogatives qui découlent de leur statut. L’imbrication du chantier de la contractualisation avec d’autres réformes enclenchées, notamment la création des commissions régionales d’investissement, ainsi que l’entrée en vigueur d’une nouvelle nomenclature pour le budget des régions, devront accélérer le processus de finalisation des contrats projetés. Celui-ci devrait entrer en vigueur après la tenue des sessions ordinaires des conseils.
Younès Bennajah / Les Inspirations Éco