Monde

Reporters sans frontières : doublement du nombre de femmes journalistes détenues en 5 ans

Une nouvelle qui ne risque guère de réjouir. Certains, pour qui le journalisme était un métier de rêve, pourraient même se rétracter. Le nombre de journalistes incarcérés a connu cette année une hausse sans précédent. 533 professionnels de l’information sont emprisonnés dans le monde pour avoir fait leur travail, selon le bilan dressé par Reporters sans frontières. 

La mise en détention d’un journaliste est une forme de politique qui nuit au métier. En 2021 déjà, le chiffre des détenus était alarmant, ceux qui s’attendaient à une baisse cette année seront déçus. 2022 a enregistré un record de 533 journalistes en détention, soit 13,4% de plus que l’année dernière, fait savoir l’organisation Reporters sans frontières (RSF). Il en ressort également que 57 journalistes dans le monde ont été tués, 65 sont pris en otage, et 49 journalistes sont portés disparus. Autre point inquiétant à relever. RSF précise n’avoir jamais enregistré un nombre aussi élevé de femmes journalistes emprisonnées. Elles sont actuellement 78 derrière les barreaux, l’équivalent de près de 30% par rapport à 2021. Les femmes journalistes représentent désormais 15% des détenus, contre moins de 7% il y a cinq ans.

La Chine détient le monopole
La Chine s’avère être le temple des incarcérations, avec 110 journalistes en prison. Parmi eux, la journaliste indépendante Huang Xueqin qui travaillait sur la corruption, la pollution industrielle et le harcèlement des femmes. On compte également l’Iran, avec ses 47 détenus, pour ainsi devenir la troisième plus grande prison au monde pour les journalistes. Deux femmes figurent parmi les premiers journalistes détenus, Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi.

Ces dernières avaient contribué à attirer l’attention sur la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini, elles risquent désormais la peine de mort. Certains journalistes risquent leur vie pour leur métier, quand ils ne la perdent pas carrément. En effet, plus de 6 journalistes sur 10 ont été tués dans des pays considérés comme en paix, en 2022. A lui seul, le Mexique enregistre 11 journalistes assassinés, soit près de 20 % du nombre total de professionnels de l’information tués cette année.

Ces chiffres, avec ceux d’Haïti (6 tués) et du Brésil (3 tués) font de l’Amérique la région la plus dangereuse pour les journalistes. Près de la moitié des journalistes tués cette année (47,4 %) l’ont été dans cette partie du monde. En hausse également, le nombre de journalistes tués : 57 d’entre eux ont payé de leur vie leur engagement pour informer en 2022, soit une augmentation de 18,8 % par rapport à 2021. Parmi les causes de cette hausse, la guerre en Ukraine qui a éclaté le 24 février 2022. 8 journalistes ont été tués dès les 6 premiers mois. Parmi eux, le photoreporter ukrainien Maks Levin, exécuté le 13 mars par des soldats russes, et le journaliste de la chaîne française BFM TV, Frédéric Leclerc-Imhoff, tué par un éclat d’obus alors qu’il couvrait une opération d’évacuation de civils. Le bilan 2022 rapporte d’autres chiffres inquiétants.

Au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias sont actuellement retenus en otages dans le monde, dont le Français Olivier Dubois, enlevé au Mali il y a 20 mois. RSF cite également l’Américain Austin Tice, pris en otage en Syrie depuis près de 10 ans maintenant. Enfin, deux nouveaux journalistes ont également disparu en 2022, portant à 49 le nombre de journalistes actuellement enlevés. RSF revient également, dans son Bilan 2022, sur certains des cas les plus marquants de l’année. Comme celui d’Ivan Safronov, journaliste d’investigation russe, condamné à 22 ans de prison pour avoir révélé des “secrets d’État” déjà publiés sur Internet. C’est la plus lourde peine enregistrée en 2022 par RSF. Ou encore celui, au Brésil, du journaliste britannique Dom Phillips, dont le corps démembré a été retrouvé en Amazonie. Il documentait le combat des tribus locales contre le braconnage ainsi que l’exploitation minière et forestière. Pour rappel, depuis 1995, Reporters sans frontières dresse le bilan annuel des exactions commises contre les journalistes, à partir de données précises établies entre le 1er janvier et 1er décembre de l’année de publication. Le décompte total du bilan 2022 intègre les journalistes professionnels et non professionnels, ainsi que les collaborateurs de médias.

Prix de l’indépendance décerné à Omar Radi
Et c’est le journaliste marocain Omar Radi, qui purge actuellement une peine de prison de 6 ans, qui a remporté le Prix de l’indépendance. La cérémonie de la 30e édition des prix pour la liberté de la presse, organisée par RSF, s’est déroulée à Paris. Il convient de noter que cette consécration distingue le travail de journalistes ou de médias ayant contribué de manière notable à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse dans le monde. «Ce journaliste d’investigation enquête depuis plus de dix ans sur des sujets sensibles, tels que la corruption, et subit un harcèlement judiciaire», fait savoir l’ONG. Et rappelle qu’une enquête pour «espionnage» a été ouverte en juin 2020 à son encontre, après la révélation d’Amnesty international sur le piratage de son téléphone via le logiciel Pegasus, avant qu’il ne soit incarcéré, un mois plus tard, à la suite d’une plainte pour «viol».

Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO


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