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Parité euro-dollar : jusqu’où ira la glissade?

Un euro vaut désormais un dollar. C’est, du moins, le cours observé brièvement en début de semaine dernière, notamment le mardi 12 juillet sur le marché des changes. Depuis, il est légèrement remonté mais la tendance est à la baisse. La monnaie européenne n’a quasiment jamais été aussi faible face au billet vert. La parité stricte entre l’euro et le dollar est un seuil symbolique, psychologique même, extrêmement fort.

La dernière fois que cela s’est produit, c’était en octobre 2000. L’économie américaine était en pleine forme tandis que la zone euro patinait, la baisse de l’euro reflétait surtout ce contraste entre les deux grandes régions économiques occidentales.

C’est un peu la même chose qui se passe en ce moment. Même si la menace de récession plane sur les deux continents, la première économie mondiale apparaît en bien meilleure forme que la zone euro. Par ailleurs, la remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale aimante les investisseurs et il y a donc un rush en ce moment sur la monnaie américaine.

Plutôt que d’une baisse de l’euro face au dollar, il serait plus juste de parler de l’embellie du billet vert. Depuis le début de l’année, l’euro a perdu 10% face au dollar mais il est resté stable face à d’autres devises.

Une parité qui reflète la peur pour l’économie de la zone euro
Le processus a été enclenché avec la guerre de la Russie contre l’Ukraine. L’Europe n’a quasiment pas de pétrole et a d’abord encaissé l’envolée des hydrocarbures, puis l’inflation. L’effritement de l’euro était l’étape suivante logique, anticipée depuis plusieurs mois.

L’euro est un peu comme une valve de pression qui saute sous l’accumulation des mauvaises nouvelles. Son existence paraissant en péril au moment de la crise de la dette dans les années 2010, elle n’est pas remise en cause aujourd’hui. Mais sa valeur s’étiole. Et nul ne sait aujourd’hui jusqu’où peut descendre la monnaie unique.

Une mauvaise nouvelle pour la balance commerciale ?
Pour les pays en déficit chronique et très dépendants des importations de pétrole comme la France, c’est une très mauvaise nouvelle. La facture va s’envoler et cette flambée alimentera l’inflation. Globalement, 60% des importations en zone euro sont facturées en dollars, c’est donc largement négatif pour la balance commerciale. Les grands pays exportateurs comme l’Allemagne ou l’Italie peuvent en profiter, mais modérément, car l’essentiel du commerce extérieur est interne à la zone euro.

En revanche, les pays touristiques de la zone euro, tous les pays du pourtour méditerranéen, apprécieront la présence des touristes américains. Ils vont pouvoir dépenser plus avec la même somme en dollar. Et cela compensera partiellement l’alourdissement de la facture pétrolière.

Que peut faire la Banque centrale européenne pour défendre l’euro ?
Elle peut, elle doit remonter ses taux directeurs pour faire baisser la pression. Elle n’a pas commencé cette opération indispensable pour mater l’inflation alors que la Fed a déjà procédé à trois hausses consécutives. Le problème, c’est que cela peut aussi précipiter la récession. C’est donc une question cornélienne qui sera posée à la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE, prévue la semaine prochaine. Hasard du calendrier, c’est aussi ce jour-là qu’on saura si la Russie rouvre ou pas le robinet du gaz vers l’Europe, coupé en ce moment pour une maintenance annuelle. La reprise des livraisons russes est la question déterminante pour l’économie de la zone euro.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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