Matières premières : le blé dur échappe au tsunami qui emporte le blé tendre
Le blé dur est celui utilisé pour la semoule du couscous et certaines qualités de pâtes. Bonne nouvelle pour les consommateurs : en ce mois de ramadan, c’est un blé qui n’est pas soumis aux mêmes turbulences que le blé tendre.
Dans la famille des blés, le blé dur s’en sort plutôt bien. Contrairement au blé tendre, il n’est pas emporté par le tsunami provoqué par la guerre en Ukraine : l’Ukraine et la Russie n’en produisent qu’à la marge. La perturbation des exportations de céréales originaires de la mer Noire n’affecte donc pas vraiment la filière. Le marché du blé dur est un tout petit marché – 35/37 millions de tonnes par an contre 700/750 pour le blé tendre –, sensible surtout à la météo chez son principal producteur, le Canada.
Si le climat est propice et que le pays fait une bonne récolte cet été, « il n’y aura pas de sujet », schématise Jean-François Loiseau, président d’Inter-céréales. Le marché sera alors stabilisé. Pour le blé tendre, même si les grands pays exportateurs affichent de bonnes récoltes, la tension va demeurer.
L’Ukraine était un acteur majeur du secteur qu’il n’est pas possible de remplacer en une saison. Mais cela ne veut pas dire que le blé dur va rester totalement insensible à la situation géopolitique. Indirectement comme ceux des autres filières, les professionnels du secteur font face à une hausse faramineuse de l’énergie et à des coûts logistiques de plus en plus élevés.
Le blé dur devrait donc mécaniquement lui aussi grimper, mais dans une proportion nettement plus faible que son cousin le blé tendre. Historiquement, le blé dur est plus cher, car plus difficile à cultiver, plus sensible au gel et produit en plus faible quantité. Il faut donc compter 30 à 50% de plus pour un blé dur. Mais aujourd’hui, la hausse du blé tendre réduit l’écart qui n’est plus que de 10 à 20%.
Les semoules et certaines qualités de pâtes n’échapperont donc pas à la hausse, mais celle-ci n’inquiète pas encore les États du Moyen-Orient et du Maghreb, gros consommateurs de semoule. Ils cherchent aujourd’hui surtout à sécuriser leurs achats de blé tendre, celui qui entre dans la composition des farines et du pain.
Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO