Le Niger rend hommage à ses 71 soldats tués dans l’attaque la plus meurtrière

Le président nigérien, Mahamadou Issoufou a rendu hommage ce vendredi, aux 71 soldats tués mardi à Inatès, dans l’attaque armée sur la base aérienne de Niamey où les dépouilles sont arrivées tôt le matin.
Avec 71 morts et des disparus, l’attaque d’Inates, au Niger, une des plus meurtrières jamais menées contre les armées du Sahel, ébranle les pays de la région et les relations avec la France, remettant en cause la stratégie de lutte contre des groupes jihadistes toujours plus audacieux.
« Votre mort est glorieuse : les armes à la main, c’est une des meilleures morts. Ce mardi (jour de l’attaque) est un jour funeste, un mardi noir. Ce fut une épreuve terrible pour notre armée », a déclaré le chef de l’État nigérien Mahamadou Issoufou, devant les corps, disposés dans des sacs mortuaires enveloppés du drapeau du Niger, sur le tarmac, devant les familles des victimes. Le pays a décrété un deuil de trois jours.
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a condamné jeudi l’attaque: « Le Représentant spécial présente ses sincères condoléances aux familles des victimes ainsi qu’au Gouvernement et au peuple nigériens et souhaite un prompt rétablissement aux blessés », a indiqué le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.
« Il a également appelé à ce que les auteurs de ce crime soient rapidement traduits en justice », a ajouté le porte-parole.
Moussa Tchangari, une figure de la société civile, parle de « tristesse profonde » mais attaque aussi les forces étrangères, notamment françaises. « Tout le monde en parle mais où sont les drones? Où sont les avions de chasse? (…) Ces gens-là (troupes étrangères) ne sont pas là pour nous, pour nous c’était déjà très clair et donc les forces étrangères ne sont pas d’une grande utilité, elles doivent s’en aller ».
Le président français Emmanuel Macron a rapidement réagi à l’attaque, annonçant le report à janvier du sommet consacré à l’opération Barkhane et à la force conjointe du G5 Sahel, programmé le 16 décembre. Il s’agissait justement de clarifier avec les dirigeants des pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) les positions de chacun sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par les opinions publiques.
Macron voulait une rencontre symbolique à Pau, où étaient basés la majorité des 13 militaires français tués fin novembre en opération au Mali. Il avait essuyé une salve de critiques sur la forme de l’invitation à ce sommet, qui selon beaucoup d’observateurs s’apparentait à une convocation aux relents néo-colonialistes.
Le sommet a été repoussé « pour permettre au président Issoufou et aux autorités nigériennes de faire le deuil », a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.