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Kenya : le bioéthanol remplace peu à peu le charbon de bois pour la cuisson

Rendre la cuisson domestique plus abordable et écologique. C’est le défi que s’est lancée une start-up au Kenya. 75% des foyers cuisinent encore au charbon ou au feu de bois au détriment de leur santé. Pour inverser la tendance, KOKO Networks a mis au point un bioéthanol, fabriqué à base de mélasse, un résidu de la fabrication du sucre. Il s’utilise avec une cuisinière à deux feux, aussi développée par la marque. 

Deux distributeurs bleus trônent à l’entrée de cette petite épicerie d’un quartier périphérique de Nairobi. Ils ressemblent à ceux des banques, mais au lieu de billets, ils dispensent du bioéthanol. «J’ai commencé avec un distributeur pour introduire le concept dans le quartier et les habitants l’ont adopté, explique Robert Kimathi, gérant du magasin. C’est vite devenu ingérable à cause des queues, surtout en fin de journée quand les gens rentrent du travail. Je n’ai pas eu d’autre option que d’en prendre un deuxième. Je pense même en demander un troisième, car le nombre de clients continue d’augmenter».

La start-up est présente à Nairobi, Mombasa et Kisumu. Dans ces trois villes du Kenya, les clients peuvent recharger leur bidon grâce à un réseau de plus de 1 000 distributeurs automatiques. Charity Wanjiru Karanja, une habituée du magasin, est venue remplir son bidon. «Pour commencer, je rentre mon code pin, puis je clique sur «acheter du carburant». Voilà, ça commence à couler, on va voir le liquide monter dans le bidon». Chez elle, Charity ne jure désormais que par la cuisinière KOKO. Cette vendeuse de fruits et légumes ne se voit pas faire marche arrière.

Dans sa cuisine, les vieux réchauds prennent la poussière. «J’ai commencé avec celui-là, à la paraffine, mais je devais cuisiner à l’extérieur à cause de l’odeur et de la fumée qui se dégageait. Celui-là, c’est au charbon, il faut aussi cuisiner dehors avec. Et il faut constamment se laver les mains si on l’utilise sans gants et qu’on remet du charbon. Après je suis passée au gaz. Mais ça coûte cher. Une bonbonne c’est 12$. Moi, je vends des oranges, des bananes, je gagne 25 centimes par-ci, 25 centimes par-là. Pour avoir 12$ ça prend du temps. Donc c’est mieux d’utiliser KOKO».

Économique et écologique
La cuisinière KOKO coûte 15 dollars. Le bioéthanol, lui, se vend à 75 centimes le litre, mais les clients peuvent se contenter d’acheter pour 25 centimes de combustible. Avoir un produit écologique et accessible, c’était le pari de KOKO Networks.

«Nous avons pris en considération les problèmes auxquels font face les populations quand elles cuisinent au charbon et feu de bois, et l’impact que cela a sur leur santé, indique Sophie Odupoy, chargée d’affaires publiques au sein de la start-up. Il y a beaucoup d’émissions de carbone relâchées dans l’air. Les habitants respirent ces émissions et se retrouvent avec des problèmes pulmonaires».

Selon les autorités locales, 23 000 Kenyans sont décédés des suites de pollution domestique en 2020. «Il y a aussi des conséquences sur l’environnement, notamment la déforestation, ajoute Sophie Odupoy. Donc le raisonnement était qu’il doit y avoir une meilleure solution, qui soit propre, abordable et pratique».

Le bioéthanol est aujourd’hui utilisé par plus de 490 000 foyers au Kenya. KOKO networks est implanté à Nairobi, Mombasa et Kisumu, avec un réseau de plus de 1 000 distributeurs automatiques. La start-up ne compte pas s’arrêter là, elle a prévu de s’implanter dans le courant du mois à Nakuru, puis au Rwanda en janvier 2023.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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