Jeux vidéos : le secteur français vise le leadership européen
Les acteurs du secteur du jeu vidéo, en France, ne souhaitent plus se contenter du troisième rang occupé par leur industrie à l’échelle du continent. Leur ambition est de monter en gamme à la conquête du leadership européen, un objectif qu’ils comptent atteindre en cinq ans. Mercredi, les principaux syndicats patronaux du jeu vidéo ont ainsi demandé aux pouvoirs publics d’en faire une «priorité industrielle». Considérant que le secteur souffre d’un «déficit de considération», le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL) et le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) ont déployé un plaidoyer décliné en quatre grandes propositions pour appeler à un soutien «explicite» des pouvoirs publics.
À quelques semaines de l’élection présidentielle, la filière jeu vidéo, rattachée à la fois au ministère de la Culture et à celui de l’Économie, demande «un lead clair» et renforcé de Bercy, à travers notamment la création d’un ministère du Numérique «de plein exercice». Selon eux, la France a vocation à devenir le pays le plus attractif du secteur «au niveau mondial» et doit favoriser l’émergence de formations «accessibles à toutes et tous». Avec 5,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020 (+11,3% en un an), le jeu vidéo est la première industrie créative et culturelle en France, loin devant le cinéma ou la musique, selon une étude du SELL. Malgré des champions de taille mondiale comme Ubisoft et l’explosion (+92%) du nombre d’emplois sur 10 ans, la France reste, toutefois, devancée en Europe par le Royaume-Uni et l’Allemagne.
«L’industrie du jeu vidéo connaît une croissance continue depuis des décennies et la France dispose de talents et d’entreprises renommés mondialement. Pour autant, sans plan ambitieux, nous risquons le déclassement face à la concurrence internationale accrue», juge Lévan Sardjevéladzé, président du SNJV.
Dans un contexte d’hyper-concentration du marché vidéoludique mené par les mastodontes du secteur, à l’image de l’acquisition record d’Activision-Blizzard par Microsoft pour près de 70 milliards de dollars, «il y a une forme d’urgence pour que le jeu vidéo français se montre très attractif», ajoute Nicolas Vignolles, délégué général du SELL. Par ailleurs, les syndicats appellent à s’appuyer sur le plan d’investissement de 30 milliards d’euros sur cinq ans «France 2030», annoncé par le président Emmanuel Macron en octobre, pour développer les technologies d’avenir pour la filière, à l’image d’un plan «France Métavers». «Si on transpose» un peu au secteur du jeu vidéo «les mêmes recettes» qui ont fait le succès de la «French Tech», l’écosystème des jeunes pousses numériques françaises, «on peut avoir un potentiel d’emplois et de croissance gigantesque», souligne encore Nicolas Vignolles.
Sami Nemli Avec AFP / Les Inspirations ÉCO