Monde

Intégration économique africaine : la ZLECA démarre le 1er janvier 2021

Le Maroc ne semble pas encore prêt à ratifier l’accord sur la ZLECA. Pourtant, le Conseil économique, social et environnemental appelle les autorités à sauter le pas en s’engageant sur ce projet où le royaume peut réussir une bonne intégration économique continentale.

Malgré les effets de la pandémie qui ont sensiblement ralenti les préparatifs, la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA) va démarrer, comme prévu, le 1er janvier prochain. Selon le président de l’Union africaine (UA), Cyril Ramaphosa, qui s’exprimait lors du 13e sommet extraordinaire de l’UA, tenu le 5 décembre, au cours duquel les chefs d’État se sont réunis virtuellement pour discuter de la ZLECA et des conflits entre autres questions, «le début des échanges commerciaux dans le cadre de la ZLECA, le 1er janvier, est l’une des étapes les plus importantes du projet d’intégration continentale». Ramaphosa a notamment saisi l’occasion pour appeler le secteur privé à s’impliquer dans ce projet en investissant dans les ressources financières et le développement des infrastructures. Il a dit que l’accord commercial, qui est un signe que le continent est prêt à prendre en charge son développement, modifiera le commerce au sein du continent et le rendra plus attractif en tant que destination d’investissement. Poursuivant son propos, il a ensuite ajouté que «la ZLECA va stimuler le commerce intra-africain, promouvoir l’industrialisation et la compétitivité, contribuer à la création d’emplois, et va déclencher des chaînes de valeur régionales qui faciliteront l’intégration significative de l’Afrique dans l’économie mondiale».

Le Maroc pas encore vraiment prêt à ratifier l’Accord
Le président de l’UA a également déclaré que la ZLECA favoriserait le multilatéralisme. «Dans le contexte de l’évolution mondiale du commerce, y compris les menaces qui pèsent sur le système multilatéral, la zone de libre-échange africaine est plus essentielle que jamais», a-t-il souligné, ajoutant que «l’accord commercial devrait également être utilisé pour renforcer l’autonomie des femmes et pour accroître l’accès des femmes aux opportunités commerciales». Quelques jours auparavant, précisément le 2 décembre dernier, le ministre délégué marocain aux Affaires étrangères, Mohcine Jazouli, s’est également exprimé sur le sujet, à l’occasion de la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), dédiée à la question de la ZLECA, et tenue par visioconférence. Lors de cette réunion ministérielle, il a notamment déclaré que «le royaume du Maroc souhaite réitérer son attachement et son engagement à contribuer à l’avancement des travaux pour voir triompher la ZLECA, socle de l’intégration économique africaine et donc puissant levier du développement du continent». Pour Jazouli, il est «essentiel» de parachever la vision commune de la ZLECA, qui consiste à travailler sur la base des complémentarités africaines pour développer le commerce intra-africain, à favoriser l’emploi de la main d’œuvre africaine, à industrialiser l’Afrique, et à assurer une montée dans les chaînes de valeurs mondiales du «made in Africa». Le ministre délégué marocain a également estimé important «de poursuivre nos efforts et de capitaliser sur les progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent, dans le cadre des négociations de cette zon». «C’est notre élan concerté, c’est notre volonté commune qui permettra d’asseoir la compétitivité économique indispensable à l’émergence de l’Afrique», a-t-il lancé.

Le CESE appelle à l’engagement…
Il ressort de cette déclaration que le Maroc n’est pas encore tout à fait prêt à ratifier l’accord sur la ZLECA. Pourtant, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient de publier un avis détaillé sur «L’intégration régionale du Maroc en Afrique : Pour une stratégie au service d’un développement durable avec l’Afrique» où il appelle les autorités à sauter le pas en s’engageant sur ce projet continental. Le CESE recommande, en l’occurrence, de mettre le turbo sur trois axes. D’abord, c’est de parachever rapidement la ratification de l’accord relatif à la ZLECA et de veiller à une représentation active du Maroc auprès du Secrétariat général de la ZLECA. Ensuite, de créer un comité national public-privé chargé du suivi et de la mise en œuvre de la ZLECA. Et troisièmement, de faire aboutir l’étude d’impact relative à l’adhésion du Maroc à la ZLECA afin de renforcer la position du royaume dans les négociations en cours sur la mise en œuvre de l’accord. Apparemment, il semble qu’il y a encore du retard dans le travail sur ces différents axes ! En tous cas, rien n’a encore filtré sur ce qui est déjà fait sur ces aspects. En attendant, le CESE recommande de renforcer les instruments d’intégration sur le plan continental et régional en même temps. Cela permettra, dit-il, d’apporter de la cohérence et de la complémentarité entre différents partenariats existants. Partenariats parmi lesquels il y a bien entendu la ZLECA, mais également l’UMA, la CEDEAO, d’autres communautés économiques régionales (CER) et la création d’un hub africain dans la région de Dakhla-Oued Ed Dahab.

…Et à créer un hub –africain à Dakhla-Oued Ed Dahab
Concernant l’UMA (Union du Maghreb arabe), Ahmed Chami, le président du CESE et son équipe appellent à renforcer les relations économiques, sociales et culturelles avec les pays du Maghreb et développer des coopérations avec d’autres CER, ceci en dépit du blocage. S’agissant de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), ils recommandent de faire aboutir l’étude d’impact relative à l’adhésion du Maroc, en concertation avec le secteur privé et la société civile et la décliner au niveau sectoriel. Ils suggèrent aussi de développer davantage les relations économiques, sociales et culturelles avec les pays d’Afrique de l’Ouest dans la perspective de l’intégration du Maroc cette CER. Pour ce qui est des autres Communautés Economiques Régionales, comme la EAC, la SADC et la COMESA, le CESE appelle à renforcer les liens économiques et culturelles avec elles. Concernant la Région de Dakhla-Oued Ed Dahab, le CESE recommande d’en faire un hub-africain (recommandations du CESE sur le nouveau modèle de développement pour les provinces du Sud), en y renforçant les infrastructures de transport, en y créant des plateformes logistiques de commerce avec l’Afrique et en y développant des établissements d’accueil pour la clientèle des pays d’Afrique. Cela permettra, dit le CESE, de créer des chaînes de valeur régionales à forte valeur ajoutée et à fort impact social sur les populations en particulier dans les domaines de l’agro-industrie, du textile, de l’industrie automobile, du tourisme, de l’enseignement supérieur, de l’innovation, de l’industrie culturelle et du développement durable. Selon le CESE, c’est sur ces 8 secteurs d’activités là que le Maroc devrait miser pour réussir une bonne intégration économique en Afrique. 

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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