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Ils volent à Paris et revendent au Maroc: la police parisienne démantèle un réseau de recel
Les «transporteurs» et les chefs, qui ne sont pas domiciliés en France n’ont pas été interpellés. En revanche, le receleur et son bras droit, ainsi que le centralisateur, tous âgés d’une trentaine d’années et marocains, ont été placés en détention provisoire.
Si vous choisissez Paris pour profiter de vos prochaines vacances en amoureux, vous ne serez pas déçus. Romantique, illuminée spécialement pour les fêtes de fin d’année Paris en fait rêver plus d’un. Dans la réalité, il est judicieux de rappeler que vous serez probablement assujetti à des vols à l’arraché, qui sévissent et se développent de plus en plus dans les rues parisiennes. Ces vols sont le cauchemar des autorités qui luttent pour mettre fin à ce fléau qui nuit à la réputation de la ville la plus romantique au monde.
Retour sur un démantèlement de grande ampleur
Début octobre, les policiers rattachés aux zones sensibles de la région parisienne ont mis la main sur une équipe spécialisée dans le recel d’objets volés. D’après des informations révélées par Le Parisien, chez l’un des receleurs, 58 smartphones, des dizaines de flacons de parfums, des tablettes, des iPod, des porte-feuilles de luxe, des montres de valeur et des bijoux ont été saisis à son domicile.
Cette saisie est le résultat d’un «travail» de trois jours, ce qui laisse imaginer l’ampleur et la rentabilité relevant de ce trafic clandestin. Mais d’où provenaient ces objets de valeur ? Un commissaire affecté à cette affaire a précisé au quotidien parisien que ces vols sont «la conséquence de l’action de réseaux professionnalisés, ce sont des équipes qui font ça toute la journée. Et pour chaque maillon de la chaîne c’est hyper rentable».
Après plusieurs mois d’enquête et d’écoutes téléphoniques, quatre hommes ont été interpellés. Selon la même source, le principal receleur exerçait cette activité depuis plus de cinq ans, et pour donner une idée de la rentabilité de ses activités plutôt fructueuses, six semaines précédant le coup de filet, son butin s’élevait à 180.000 euros. Le receleur qui est décrit comme un récidiviste condamné à deux reprises, revendait avec ses employés les téléphones, tablettes et objets volés sur le marché local, à des prix représentant la moitié du prix original. À leur retour, les «mules» voyageaient avec l’argent liquide servant à rémunérer les voleurs. Ils le transmettent au «banquier», un jeune homme qui se trouve en France sous un visa étudiant, qui redistribuait au centralisateur.
Cette filière marocaine n’est pas bien sûr la seule à assiéger Paris et sa banlieue. Des groupes de l’est de l’Europe ont aussi investi les rues, le métro et les rames du RER. «Pour eux, acheminer le butin et l’écouler sur les marchés locaux, c’est encore plus facile, il n’y a pas la mer à traverser. Les objets passent par la route et c’est quasiment impossible d’intercepter les convois». La méthode employée pour remettre ces téléphones et autres objets n’a pas pu être découverte par les enquêteurs qui ont dû faire face à une équipe de Marocains bien organisée. «La plupart sont sans-papiers et ne parlent pas français», glisse une source proche du dossier. Et leur prudence extrême a aussi compliqué les filatures.
«Le receleur pouvait revenir plusieurs fois sur ses pas, prendre une trottinette et descendre au dernier moment à une station de métro et avait plusieurs adresses, dévoile la cheffe du groupe quartiers sensibles. De plus, les rares transactions se déroulaient dans des bars où seuls les habitués pouvaient rentrer». Méfiant, le receleur qui recevait une centaine d’appels téléphoniques par jour, refusait de rencontrer les vingtaines de voleurs expérimentés ou chefs de petites équipes de mineurs avec qui il collaborait. Il envoyait son bras droit attendre, dans un bar, ses fournisseurs et refusait de travailler avec de nouveaux visages. «C’est pourquoi certains voleurs avaient eux-mêmes, sous leur coupe, d’autres voleurs cherchant à écouler leurs larcins», relate la cheffe du groupe quartiers sensibles de la ST75.