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France : TotalEnergies mènera le projet de terminal méthanier flottant

Alors que la Russie réduit ses approvisionnements des pays européens en gaz, la France entend s’affranchir de cette dépendance avec un projet de méthanier flottant au Havre.

Baptisé Cape Ann, ce bâtiment de 300 mètres est l’un des deux navires FSRU (unité flottante de regazéification) du groupe TotalEnergies, que les pouvoirs publics ont retenu comme nouveau point d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) au Havre. Ce projet fait partie du volet «souveraineté énergétique», relevant d’un paquet de mesures d’urgence sur le pouvoir d’achat adopté, hier, par le Sénat.

Il faut dire que le bras de fer énergétique entre Moscou et les Occidentaux, depuis le début du conflit en Ukraine, a engendré une crise de l’approvisionnement en gaz naturel dans toute l’Europe. La France, qui s’alimente aujourd’hui par quatre terminaux portuaires d’importation de GNL (deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir de Bretagne, et un à Dunkerque), souhaitait ainsi sécuriser son approvisionnement avec ce nouveau terminal.

Gaz de schiste
Selon la préfecture de Seine-Maritime, le navire de TotalEnergie pourra injecter «environ 10% de la consommation annuelle française», à partir de navires méthaniers qui viendront l’alimenter avec du gaz provenant, notamment, de Norvège, du Qatar, d’Algérie ou encore des États-Unis, grands producteurs de gaz de schiste, récupéré par fracturation hydraulique. Or, cette technique, qui pollue les eaux, tout comme l’exploitation du gaz de schiste sont interdites en France depuis les lois de 2011 et 2017.

«On importe déjà du gaz de schiste», s’est défendue la ministre de la Transition énergétique lors de l’examen du projet de loi par le Sénat, vendredi 29 juillet, car la «fracturation hydraulique est utilisée aujourd’hui dans la plupart des gisements onshore dans le monde, y compris en Russie, d’ailleurs». Mais le GNL, a-t-elle rappelé, est «un dispositif qui réunit des liquides portés par différents camions ou pipes, lesquels sont recueillis à l’étranger et finissent dans un bateau».

On ne peut distinguer les différents types de gaz «molécule par molécule», a insisté la ministre. «Je pense que ça intéresse beaucoup de monde qu’il n’y ait strictement aucune transparence sur le type de gaz qui arrive dans le bateau», a rétorqué un sénateur écologiste.

Économie de guerre
Pour Didier Julienne, expert en ressources naturelles, cette situation de crise énergétique, de laquelle veut s’extraire la France, lui fait prendre des décisions incohérentes, tant au niveau environnemental qu’au niveau de l’indépendance énergétique du pays. «C’est une vraie contradiction française qui est battue en brèche par la guerre. L’économie de guerre réfute toutes les théories qui étaient basées sur une idéologie ou sur une politique pour les remplacer par la seule urgence», observe-t-il.

La fonction du terminal méthanier consistera à redonner son état gazeux à la matière liquide en la réchauffant. L’installation permettra d’injecter dans le réseau jusqu’à 5 milliards de mètres cubes de gaz naturel, soit 60% de l’importation (en 2021) de la France auprès de la Russie. Presque la moitié de l’approvisionnement en gaz naturel est assurée par méthaniers. «Tout le monde a bien compris que le gaz est une ressource temporaire, qui va être encore utilisée pendant quelques années, mais qui cédera le pas, soit au renouvelable, soit au nucléaire», estime aussi Didier Julienne.

«Il est fort possible que l’Europe fonctionne à l’avenir avec deux sources d’énergie, les renouvelables et le nucléaire, deux énergies décarbonées qui sont essentielles à l’avenir industriel et énergique» du continent. Les travaux d’aménagement du quai, conduits par TotalEnergies et GRTgaz, sont censés débuter à l’automne 2022. Quant au démarrage de l’activité, il est prévu en 2023.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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