Famine et réchauffement climatique. Le rapport alarmant du GIEC
Un rapport spécial du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) rendu public ce jeudi révèle une troisième menace qui s’ajoute au réchauffement climatique et extinctions massives qui pèsent sur la biodiversité : l’état des sols, et les perspectives sont alarmantes.
L’interaction qui existe entre le climat, les sols et l’activité humaine font que la déforestation destinée à accroître l’espace dévolu aux terres agricoles, notamment pour nourrir ou élever du bétail (résultat de la surconsommation de viande), influe sur l’état des sols et donc sur le climat, la végétation et au final notre santé, mais jusqu’à quel point ? C’est la question à laquelle a voulu répondre le Giec, qui interroge nos pratiques alimentaires, évalue les conséquences de nos activités et envisage des scénarios pour l’avenir.
Selon le rapport du Giec il devient urgent de revoir la façon dont sont utilisées et cultivées les terres dans le monde pour pouvoir assurer à la fois la sécurité alimentaire des Terriens et la lutte contre le réchauffement climatique.
Dans ses conclusions, le Giec plaide pour des actions « à court terme » contre la dégradation des sols, le gaspillage alimentaire ou les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole. Réunies depuis vendredi, les délégations des 195 pays membres du Giec ont examiné ce rapport spécial des experts de l’ONU pour le climat consacré au « changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres ». L’objectif ? Comprendre comment le réchauffement climatique affecte les terres consacrées aux cultures, à l’élevage ou encore les forêts, et par ricochet la sécurité alimentaire, mais aussi comment les pratiques agricoles ou la déforestation agissent sur le climat.
Les auteurs du rapport se sont penchés sur le système alimentaire mondial, ses limites et l’évolution des régimes alimentaires. Depuis 1961, la consommation par personne d’huiles végétales et de viande a plus que doublé quand la consommation de calories alimentaires a augmenté d’un tiers. “Certains régimes alimentaires nécessitent plus de terres et d’eau et entraînent davantage d’émissions de gaz que d’autres », commente notamment la chercheuse Debra Roberts. Les experts précisent qu’environ 820 millions de personnes souffrent de la faim, que deux milliards d’adultes sont obèses ou en surpoids et que 30% de la nourriture serait perdue.
Le rapport évoque donc la nécessité de mettre en place des « politiques de santé publique visant à améliorer la nutrition », notamment à travers des campagnes de sensibilisation, permettant une gestion plus durable des sols, une réduction des dépenses de santé et une baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Concernant les mesures à adopter, certains sont partisans de solutions fondées sur les bioénergies, c’est-à-dire les énergies produites à partir de bois, de produits agricoles ou de déchets organiques, et la technologie des BECCS (Bio-energy with carbon capture and storage), qui visent à produire de l’énergie tout en retirant du C02 de l’atmosphère. D’autres acteurs mettent en garde contre le danger que représente l’usage de ces techniques à grande échelle, car elles nécessiteraient des surfaces terrestres importantes, qui ne pourraient plus être consacrées à l’agriculture et à l’élevage.
Ce nouveau rapport fait suite à un premier rapport spécial du Giec consacré à l’évolution du climat. Un troisième rapport « spécial », dédié aux océans et à la cryosphère (banquise, glaciers, calottes polaires), est en cours de finalisation et doit être adopté fin septembre à Monaco, au moment où l’ONU organisera un sommet sur le climat à New York.