Monde

Euro, virements, épargne : l’Europe change la façon dont ses habitants utilisent leur argent

Payer en euros, faire des virements sans surcoût, investir partout dans l’Union européenne…, l’Europe a changé la façon dont ses habitants utilisent leur argent, mais tous les chantiers n’ont pas encore abouti. Tour d’horizon, un mois avant les élections européennes.

C’est la matérialisation la plus concrète de la coopération européenne pour les 350 millions d’habitants des 20 pays de la zone euro : l’euro a remplacé il y a deux décennies le deutsche mark, le franc, la peseta ou la lire dans les portefeuilles des Européens, qui l’ont peu à peu adopté. «La monnaie commune, c’est simple et plus agréable déclare cette retraitée allemande de 72 ans».

L’Allemagne était pourtant l’un des pays où l’euro avait eu du mal à se faire accepter, à cause notamment du sentiment que son arrivée s’était accompagnée d’une hausse des prix : les Allemands l’avaient surnommé le «teuro», un jeu de mots associant euro et «teuer», «cher» en allemand. Au début des années 2010, les problèmes de la dette dans plusieurs pays de la zone euro (Grèce, Italie, Irlande, Portugal) ont aussi mis à rude épreuve la solidarité entre les États, avec le risque d’implosion de la monnaie. Mais depuis, les critiques sont moindres.

À l’automne 2023, 79% des utilisateurs de l’euro se disaient favorables à la monnaie, selon l’Eurobaromètre Standard mené par la Commission européenne. Et si on parle à nouveau de coût de la vie dans la zone euro ces deux dernières années, l’inflation y est «davantage liée à la guerre russe» en Ukraine et «aux prix de l’énergie», estime Mathias Fechter, 61 ans, consultant indépendant à Francfort. Que ce soit pour du tourisme ou pour des affaires, payer avec une carte bancaire dans un autre pays de l’Union européenne est depuis 2018 sans surcoût, même si des frais de conversion peuvent encore s’appliquer pour les paiements dans une autre monnaie que l’euro. Plus de surcharge non plus pour les prélèvements et virements bancaires au sein de l’Espace unique de paiements en euros (ou Sepa). Mis en place en 2014, il a unifié les systèmes de paiement entre 34 pays (ceux de l’UE mais aussi le Royaume-Uni ou la Suisse) et généralisé l’usage du BIC et de l’IBAN. D’ici à l’automne 2025, l’absence de frais supplémentaires sera étendue aux virements instantanés. Mais les chèques ne passent toujours pas gratuitement les frontières.

Demain, sera-t-il possible de placer son épargne avec les mêmes règles partout en Europe ?
Sous la pression de Bruxelles, certains placements nationaux se sont déjà élargis, à l’exemple du Plan Épargne en actions (PEA) français qui, depuis 2002, n’est plus limité aux seules entreprises du pays mais concerne toutes les sociétés européennes.

La fiscalité est aussi simplifiée, avec l’imposition uniquement sur la base du pays de résidence. Mais la France pousse aujourd’hui pour la création d’un nouveau produit accessible avec les mêmes règles et la même fiscalité pour tous les pays, et permettant de mieux utiliser l’épargne des citoyens européens pour financer les entreprises du continent. Cela s’inscrirait dans «l’Union des marchés de capitaux», un projet lancé en 2015 mais enlisé depuis dans des divergences entre pays membres sur ses modalités d’application. Paris tente de relancer l’idée à l’occasion de la campagne pour les Européennes, et quelques politiques en parlent aussi de l’autre côté du Rhin, mais le sujet ne fait pas vraiment l’unanimité.

Lancé en 2022, le produit paneuropéen d’épargne retraite individuelle (PEPP), qui vient en complément des produits nationaux, n’a pas trouvé son public : à peine huit offres dans quatre pays (Pologne, Croatie, République Tchèque, Slovaquie) sont recensées dans la base européenne en ligne. Les Européens n’ont toujours pas non plus réussi à se mettre d’accord pour assurer de manière solidaire au niveau européen la garantie des dépôts bancaires jusqu’à 100.000 euros.

Ce mécanisme protège l’épargne des consommateurs si une banque est en difficulté (il peut aussi éviter une faillite bancaire en décourageant les clients de se ruer pour retirer leurs économies puisqu’elles sont protégées). Mais si le plafond est le même partout dans l’UE, la garantie reste appliquée au niveau national.

Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO


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