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Espagne : la tomate marocaine à la rescousse du premier concurrent du Maroc

Selon les dernières statistiques, la province andalouse d’Almeria, principale concurrente du Maroc en matière de production agricole, a importé 11.000 tonnes de tomates pour satisfaire l’offre interne.

Afin de combler son déficit en matière d’approvisionnement et compléter son offre commerciale, le marché andalou de fruits et légumes a importé 11.000 tonnes de tomates originaires du Maroc. Il faut dire qu’en dépit des tensions qui animent ce secteur producteur, la région espagnole fait de plus en plus appel à la tomate marocaine. Alors que les producteurs locaux crient au scandale et accusent les exportateurs marocains de tomates d’inonder les étals européens, voilà que les opérateurs de la région recourent aux exportations marocaines pour diversifier leur offre et offrir des alternatifs à leurs clients. Outre la tomate marocaine, la filière a fait appel à celles du Portugal, en important 6.700 tonnes, et des Pays-Bas, avec 6.500 tonnes. Il reste que le Maroc est la principale source des tomates importées par Almeria, cette province concurrente du royaume en matière de production agricole. Et chose curieuse, une guéguerre a lieu entre les producteurs et les autorités du concurrent ibérique : alors que les premiers crient au loup et descendent en flammes les expéditions agricoles marocaines destinées au marché communautaire, les seconds s’arrachent ce produit phare du panier de la ménagère, afin de satisfaire l’offre croissante, principalement en cette période printanière.

De son côté, la filière locale fait feu de tout bois pour barrer la route aux envois agricoles marocains, quitte à brandir des arguments fallacieux. À ce propos, le secteur exportateur d’Almeria a adressé, il y a peu, une nouvelle plainte à la Commission européenne. Dans cet énième grief formulé à l’encontre des expéditions agricoles nationales, elle dénonce ce qu’elle appelle «la passivité» de cet organe communautaire à l’égard de «l’invasion» des produits maraîchers en provenance du Maroc. Les producteurs espagnols ont même attaqué le commissaire européen en charge de ce dossier, l’accusant de leur tourner dos alors que l’activité traverse une mauvaise passe. En fait, la filière agricole espagnole est confrontée à plusieurs dangers. Outre les difficultés qui ont émergé lors de son accès au marché britannique, devenu compliqué à cause des nouvelles restrictions post-Brexit et les lourdes démarches administratives et douanières, voilà qu’un projet ferroviaire espagnol vient chambouler les plans de la filière. Il s’agit d’une connexion ferroviaire qui devrait relier le port d’Algésiras, principale porte d’entrée des marchandises marocaines destinées au marché communautaire, et la plateforme logistique de Saragosse.

Cette connexion ferroviaire représente un grand gain en matière de coût et de qualité pour les exportateurs nationaux, ce qui fait craindre au secteur espagnol que cette liaison ferroviaire contribue au renforcement de la capacité exportatrice du Maroc. De quoi s’agit-il concrètement ? En fait, ce chemin ferroviaire reliera les principaux points espagnols, avant d’atteindre le centre logistique à Saragosse, pour, après, rejoindre les frontières françaises. Le tracé ferroviaire passera ainsi par les régions ayant les meilleurs indicateurs socio-économiques, et où est condensée 40% de la population espagnole. Prévu pour 2023, ce projet logistique d’un coût de 100 M€ devrait capter 20% du trafic routier de marchandises, et profitera amplement aux envois agricoles du Maroc. Ce qui n’est pas du goût de la filière almérienne. En tout cas, le secteur agricole est sur tous les fronts pour mener sa guerre contre la production agricole marocaine destinée au marché communautaire. Rappelons que l’eurodéputée espagnole, Clara Aguilera, avait interpellé la Commission européenne au sujet du respect des contingents et des contrôles aux frontières. Lasse des jérémiades de cette activité biberonnée aux aides européennes, la CE n’a pas hésité à rappeler à la députée communautaire espagnole que «l’article 3 bis du règlement nº 747/2001, modifié par l’ordre d’exécution nº812/2012, prévoit des mécanismes spéciaux concernant la gestion des contingents de tomates franchisés importés du Maroc». En d’autres termes, circulez ! Il n’y a rien à reprocher à la tomate marocaine ! 

Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco


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