Monde

Engrais : derrière la flambée du gaz en Europe, le spectre d’une pénurie mondiale d’engrais

Le manque constaté sur les engrais de base, dont la Russie est un gros pourvoyeur, ouvre aujourd’hui l’inquiétante perspective d’une flambée des prix de l’alimentation en 2023, de même que la faim dans le monde. Industriels et analystes du marché des engrais tirent la sonnette d’alarme, perturbés, notamment, par le niveau de prix atteint par les engrais de synthèse, dits NPK. Fabriqués à partir d’azote, de phosphore ou de potasse, ces produits n’ont jamais été aussi chers: les prix internationaux ont triplé entre début 2021 et mi-2022.

En Europe, les engrais NPK s’inscrivent à un niveau «historique», car indexés sur les prix du gaz – qui constituent 90% des coûts de production des engrais azotés comme l’ammoniac et l’urée. Or, le gaz naturel poursuit sa flambée, au fur et à mesure que la Russie en guerre contre l’Ukraine ferme le robinet d’approvisionnement de gaz vers le Vieux Continent qui soutient l’Ukraine. Ceci étant, et pour maintenir leur rentabilité, plusieurs fabricants européens d’engrais cessent leur production d’ammoniac, obtenu en combinant l’azote de l’air et l’hydrogène provenant du gaz naturel. Ce qui n’était pas arrivé depuis la crise financière de 2008. On parle aujourd’hui de plus de 300 euros le MWh de gaz, contre 20 euros en moyenne sur les 10 ans passés. D’après les experts, le risque de pénurie si toute l’Europe s’arrête est réel, il peut y avoir un problème de ressource car on fabrique les engrais l’hiver en prévision du printemps 2023.

D’après les prévisions, les agriculteurs risquent aussi de manquer de potasse à cause des sanctions contre la Russie, l’un des principaux producteurs. Notons qu’avant la guerre, la Russie était le premier exportateur mondial d’engrais NPK. Le patron de l’ONU a rappelé que les engrais et produits agricoles russes étaient exemptés des sanctions et devaient pouvoir librement accéder aux marchés mondiaux «sans entrave», au risque d’une crise alimentaire mondiale en 2023. Le Brésil, puissance agricole dont la Russie est le premier fournisseur d’engrais, «a déjà pris conscience de sa dépendance qui va peser sur la campagne agricole 2023», soulignent les experts du guide mondial CyclOpe des matières premières.

«C’est en 2023-2024 que se fera sentir la hausse des prix des engrais et éventuellement leur moindre utilisation», ajoute le CyclOpe, qui s’attend à une production agricole «sensiblement réduite» en Afrique.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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