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Économie mondiale : l’OCDE évalue le prix de la guerre

L’Organisation, basée à Paris, entrevoit une année sombre pour l’économie et un risque d’aggravation. 

En matière de prévisions économiques, l’OCDE n’y va pas par quatre chemins pour livrer son diagnostic : avec les répercussions de la guerre en Ukraine, l’économie mondiale s’enfonce, et n’est pas prête de s’en relever de sitôt. Dans ses dernières prévisions, l’OCDE brosse un topo pessimiste pour cette année, dans la mesure où elle table sur un net recul de la croissance mondiale et une flambée de l’inflation. Notons qu’un nouveau point d’inflexion a été marqué, après l’éclatement de la guerre en Ukraine, alors que l’attente générale était celle d’un redécollage des économies après deux longues années de crise sanitaire.

«Une crise humanitaire se déroule sous nos yeux, laissant des milliers de personnes décédées, forçant des millions de réfugiés à fuir leurs foyers et menaçant une reprise économique qui était en chemin après deux années de pandémie», s’alarme la numéro deux et cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone, dans un texte en préambule de ces prévisions, intitulé «le prix de la guerre».

Faut-il le rappeler, en mars dernier, l’Organisation, regroupant 38 pays développés, s’était refusée à publier des prévisions détaillées, comme elle le fait d’habitude, devant la grande incertitude créée par l’invasion russe en Ukraine, trois semaines plus tôt. À ce moment, l’OCDE avait conclu que la guerre coûterait plus d’un point de croissance mondiale et 2,5 points d’inflation sur un an.

À présent, l’Organisation entrevoit un PIB mondial en hausse de 3% en 2022, un niveau de progression bien plus faible que la précédente prévision de 4,5% publiée en décembre dernier. «Le monde paiera un lourd prix à la guerre russe contre l’Ukraine.», avertit Laurence Boone.

Avant l’OCDE, la plupart des grandes organisations économiques ont revu, tour à tour, leurs prévisions à la baisse : la Banque mondiale a évoqué, mardi dernier, une croissance à 2,9% pour cette année, et le Fonds monétaire international avait ramené sa prévision, en avril, à 3,6%. La facture de la guerre va toutefois fortement varier d’un endroit à l’autre du globe : la zone euro devrait afficher un maigre 2,6% contre une prévision de 4,3% en décembre, avec un plongeon pour l’Allemagne à -2,2 points (contre 1,9% initialement prévu) et la France à -1,8 point (contre 2,4%).

Et l’inflation ?
Quant au coût de la vie, il continuera à flamber, estime l’OCDE, qui a doublé son anticipation d’inflation au sein des pays membres de l’organisation, à 8,5% cette année, ce qui en ferait un plus haut annuel depuis 1988. Jugée encore «temporaire» en septembre 2021 par le secrétaire général de l’organisation, Mathias Cormann, l’inflation s’est nettement accélérée avec la persistance des blocages dans les chaînes d’approvisionnement et la flambée des prix dans l’énergie, les aliments et les métaux, après l’éclatement de la guerre.

Elle a engendré un plongeon de la confiance des ménages dans les pays membres, à un niveau encore plus bas que lors de l’éclatement de la pandémie au printemps 2020, estime l’OCDE. Dans les pays vulnérables, la flambée des prix et les pénuries alimentaires sur certains produits, comme le blé, menacent de «désastres humanitaires», s’alarme aussi l’institution.

Comme la Banque mondiale, l’OCDE estime que les pressions inflationnistes s’apaiseront l’an prochain, mais prévient que rien n’est certain vu le contexte très mouvant : «les pressions inflationnistes se révèlent plus fortes qu’anticipées (…) L’incertitude entourant ces prévisions est grande».

L’organisation met en avant les hypothèses d’un arrêt brutal des exportations russes de gaz vers l’Europe, d’une hausse encore plus élevée des prix de l’énergie ou de perturbations continues sur les chaînes de distribution. Une fuite en avant de l’inflation pourrait entraîner des augmentations brutales des taux d’intérêt des banques centrales, craint aussi l’institution. De là à craindre une récession mondiale ? La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a écarté cette hypothèse lors du forum de Davos, fin mai.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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