Diplomatie : Londres poursuit son rapprochement avec l’UE avec un sommet en mai
![](https://leseco.ma/wp-content/uploads/2024/10/Keir-Starmer.jpg)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer accueillera en mai les dirigeants de l’UE pour un sommet, un nouveau pas dans sa volonté de rapprochement avec l’Union européenne. Une initiative qui reste prudente, tant le sujet est miné du point de vue politique et diplomatique.
Keir Starmer accueillera le 19 mai le président du Conseil européen Antonio Costa et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour ce qui se veut le premier d’une série de «sommets annuels», a indiqué mardi le porte-parole du Premier ministre britannique.
«Ce sera l’occasion de progresser dans des domaines qui apporteront des avantages tangibles aux citoyens du Royaume-Uni et de l’Union européenne, et qui renforceront les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne», a-t-il dit, l’agriculture et la reconnaissance des diplômes faisant notamment partie de ses priorités.
Cette annonce intervient au lendemain du déplacement de Keir Starmer à Bruxelles pour des discussions sur la défense avec l’UE. Il s’agissait de la première participation d’un chef de gouvernement britannique à une réunion informelle des chefs d’État et de gouvernements des vingt-sept depuis le Brexit il y a cinq ans. Mardi, Antonio Costa a salué sur X ces échanges, qui ont «confirmé la nouvelle énergie positive dans nos relations et un intérêt clair pour une meilleure coopération». Il s’est dit «impatient» dans la perspective du sommet du 19 mai.
Repartir du bon pied
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet, le dirigeant travailliste affiche son intention de «réinitialiser» les relations entre le Royaume-Uni et l’UE, après des années de tension sous les précédents gouvernements conservateurs.
En quelques mois, il a multiplié les déplacements en Europe et accueilli le président français Emmanuel Macron le mois dernier, puis le chancelier allemand Olaf Scholz dimanche dernier. Mardi, c’est au tour de la Première ministre danoise Mette Frederiksen de traverser la Manche, puis il recevra jeudi à Downing Street son homologue néerlandais Dick Schoof. Keir Starmer a affirmé à plusieurs reprises vouloir négocier un meilleur accord commercial, dans le cadre du renouvellement prévu en 2026 du traité de coopération actuel, ainsi qu’un nouveau pacte de défense et de sécurité.
Londres souhaiterait par exemple alléger certaines contraintes, en particulier les contrôles vétérinaires, afin de faciliter l’exportation de produits agricoles, ou encore obtenir un accord sur une reconnaissance bilatérale des qualifications professionnelles.
De sérieuses réserves pour Londres
Mais le dirigeant travailliste a aussi affiché ses lignes rouges : Londres n’entend pas revenir dans le marché commun, l’union douanière ni réinstaurer la libre circulation des personnes. La question des droits de pêche reste aussi un point de friction.
Bruxelles plaide de son côté pour un programme de mobilité pour les jeunes de moins de 30 ans entre le Royaume-Uni et l’UE mais le gouvernement britannique a rejeté cette proposition, inquiet de tout ce qui pourrait ressembler à un retour à la libre circulation.
Le ministre en charge des négociations avec l’UE, Nick Thomas-Symonds, a affirmé mardi lors d’un déplacement à Bruxelles que l’approche de son gouvernement sera «implacablement pragmatique». Car le gouvernement travailliste est sous pression de l’opposition conservatrice, très hostile à toute remise en cause du Brexit, et voit avec inquiétude la montée en puissance du parti anti-immigration Reform UK, dont le chef est l’ancienne figure emblématique du Brexit, Nigel Farage.
Après avoir recueilli 14% des voix aux dernières élections législatives, et obtenu cinq députés à la chambre des Communes, Reform UK ne cesse de grimper dans les sondages. Pour la première fois, il est parvenu en tête des intentions de vote (25%), devant le Labour (24%), dans un sondage publié par l’institut YouGov, même si l’écart entre les deux formations politiques reste compris dans la marge d’erreur.
Renforcer les coopérations entre les deux rives de l’Atlantique
Keir Starmer, qui espère pouvoir enfin conclure un accord commercial avec les États-Unis et éviter des droits de douane pour ses exportations vers son allié outre-Atlantique, doit aussi ménager le nouveau président américain Donald Trump, très critique envers l’Union européenne. Lundi, le dirigeant britannique a assuré qu’il était «important» de travailler «à la fois» avec l’UE et les États-Unis, et qu’il n’était pas question de «choisir entre» ses deux alliés.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO