Monde

Dettes : le Ghana de nouveau à la merci du FMI

Le FMI est de nouveau au chevet du Ghana. Une humiliation pour le président Nana Akufo-Addo qui avait été élu en 2016, en proamettant de se passer désormais de l’aide internationale. 

Une équipe du FMI a terminé, mercredi dernier, une première mission d’évaluation des besoins. C’est la 17e intervention du fonds depuis l’indépendance du Ghana. La croissance robuste de ces dernières années avait donné aux Ghanéens l’espoir de parvenir rapidement à l’émergence. C’est sur cette base que le président avait donné un cap à son pays : Ghana Beyond Aid, le Ghana au-delà de l’aide. Mais cette prospérité, largement financée par la dette, était fragile. L’économie ghanéenne n’a pas réussi à sortir de l’informel : sur 13 millions d’emplois, seulement 2,4 millions sont déclarés et donc soumis à l’impôt.

Le Covid puis la guerre en Ukraine ont laminé l’économie ghanéenne
Des évènements qui ont fait basculer tous les indicateurs dans le rouge cette année. La croissance tourne au ralenti, bien en dessous du nécessaire pour faire rentrer des recettes fiscales. L’endettement public s’est envolé, représentant désormais 80% du PIB. D’après les derniers chiffres publiés récemment, l’inflation frôle les 30%. Le Ghana est l’un des pays africains les plus affectés par cette brutale flambée des prix. Le cedi, la monnaie nationale, s’est effondrée.

Sa valeur a chuté de 20% face au dollar depuis le début de l’année. Les Ghanéens ont, aujourd’hui, du mal à joindre les deux bouts pour se nourrir et s’acheter du carburant, et ils manifestent bruyamment leur mécontentement dans la rue. Mais le gouvernement ne peut plus leur venir en aide : les caisses sont vides et le déficit de la balance des paiements courants a explosé, ce qui complique les importations.

Quels moyens pour enrayer la crise ?
Pour endiguer l’inflation, la Banque centrale a déjà relevé deux fois son taux directeur, qui est aujourd’hui à 19%. Mais ces décisions doivent infuser plusieurs mois avant que leur effet ne se fasse sentir. L’État a mis en place une nouvelle taxe sur les paiements électroniques supérieurs à 100 cedis, soit l’équivalent de 13 dollars. Un impôt à 1,5% est très critiqué et bien insuffisant à renflouer rapidement les caisses de l’État. Le Parlement ghanéen est, aujourd’hui, sans majorité.

Il est impossible dans ces conditions de faire adopter des réformes. Le président Nana Akufo-Addo a donc fini par se résoudre à se tourner vers le FMI dont il voulait tant se passer. Il paie aussi le prix de ses erreurs passées : les dépenses financées par le recours à la dette ont trop souvent servi à faire des cadeaux en période électorale ou à lancer des projets pharaoniques sans retombées réelles sur l’économie.

Le pays prend-il  le même chemin que le Sri Lanka ?
La menace du défaut de paiement est moins imminente qu’elle ne l’était pour l’archipel parce que les grosses échéances de sa dette sont plutôt dues en 2023. Mais son coût s’est envolé et, depuis le début de l’année, l’État est de fait dans l’incapacité de recourir au marché pour se financer. Dans l’impasse, Accra a donc un besoin urgent d’argent frais du FMI. Le fonds, bien sûr, demandera des efforts, des coupes dans les dépenses ou de nouveaux impôts. Une potion amère que les Ghanéens ne sont pas prêts à avaler les yeux fermés.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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