Croissance mondiale. Impossible sans l’Afrique !
A l’heure actuelle, l’Afrique représente environ 17% de la population mondiale, mais seulement 3% du PIB mondial. Ces statistiques sont affligeantes mais attestent non seulement de l’absence d’exploitation du potentiel de développement du continent, mais mettent également en exergue les opportunités et risques à venir.
L’Afrique dans son ensemble a souffert de conflits internes, mais aussi du profit dont les pays occident ont fait preuve en pillant le continent de part et d’autres durant des siècles. Les conflits armés et leurs conséquences auraient causé la mort de 5 millions d’enfants de moins de 5 ans de 1995 à 2015. Au Soudan du Sud, la guerre civile a coûté la vie de 400 000 victimes entre décembre 2013 et avril 2018. En 1994, le génocide des Tutsis au Rwanda a fait plus de 800.000 victimes. Des guerres successives qui empêchent le continent de se développer pleinement.
De nouvelles opportunités
En Afrique subsaharienne, la croissance du PIB est en moyenne de 5% par an depuis 2000. Pour l’ensemble du continent, le taux n’est que légèrement inférieur. Certaines de ces opportunités se trouvent dans l’agriculture: si l’Afrique, qui possède 60% des terres arables non cultivées du monde, intensifiait sa productivité agricole, elle pourrait produire 2 à 3 fois plus de céréales avec des augmentations similaires des cultures horticoles et du bétail, rapporte le journaliste Colin Coleman pour le magazine Project Syndicate.
Les infrastructures offrent également de grandes opportunités, à titre d’exemple, en 2010, l’Afrique avait besoin d’au moins 46 milliards de dollars de dépenses supplémentaires chaque année pour moderniser ses réseaux d’énergie, d’eau et de transport. Certaines opportunités d’investissement nécessitent la mobilisation d’importantes ressources naturelles, qui comprennent 10% des réserves mondiales de pétrole, 40% de son or et 80% de platine. Mais l’importance de ces ressources pour la prospérité future de l’Afrique ne doit pas être surestimée : selon un rapport de recherche économique de Goldman Sachs 2019, les produits de base n’ont représenté qu’environ 30% de la croissance du PIB de l’Afrique depuis 2000.
En clair, le rapport explique que les moteurs de «l’accélération séculaire» de l’Afrique semblent être «profonds et structurels», ils doivent désormais être renforcé en soutenant activement la stabilité politique, la promotion de la démocratisation, l’amélioration de la coordination des politiques, la réduction de la dette, l’ouverture des marchés financiers…
Pour Colin Coleman, ancien PDG de Goldman Sachs en Afrique subsaharienne et chercheur principal et professeur au Jackson Institute for Global Affairs de l’Université de Yale, certains pays, particulièrement les petites économies d’Afrique de l’Est illustrent déjà la puissance de ces réformes. Si le continent tout entier adoptait cette approche, soutenant et accélérant les réformes nécessaires au cours du prochain demi-siècle, certains estiment que l’Afrique pourrait imiter la montée rapide de la Chine au cours des 50 dernières années.
Les coulisses politiques et économiques mondiaux suscitent également des inquiétudes, en particulier les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et les effets qui en découlent sur la croissance et les prix des produits de base. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, beaucoup dépendront de l’économie africaine pour faire de la zone de libre-échange continentale africaine un bloc économique régional fonctionnel.
Si l’Afrique réussit, elle pourrait sortir des millions de personnes de la pauvreté, tout en servant de partenaire économique stable et prospère pour le reste du monde. Le Maroc sera à la tête des pays émergeants qui ont fait de l’Afrique un continent stratégique.