Monde

Café : quelle est la réalité de la production au Brésil ?

Depuis plusieurs années, les chiffres de la production de café au Brésil ne reflètent pas la réalité. C’est ce que vient de reconnaître le premier producteur et exportateur mondial de café. Un décalage avec la réalité qui complique la visibilité des acheteurs sur le marché. 

La fiabilité des statistiques de production par la filière café au Brésil est sujette à caution depuis des années. Aussi, les aveux de la compagnie nationale d’approvisionnement (Conab) ne sont pas une surprise, confie un acheteur. Concrètement, depuis 2017, selon l’agence Reuters qui a compilé les données brésiliennes, la production affichée par l’agence publique de statistiques est en décalage avec les données d’exportations -fournies par Cecafé, le conseil des exportateurs brésiliens de café- et celles portant sur la consommation locale, fournies par les industriels regroupés au sein de l’Abic.

L’inconnue des stocks
Chaque année, la différence est de plusieurs millions de sacs, parfois en négatif, parfois en positif. Difficile de dire si la réponse se trouve dans les stocks qui ne sont pas comptabilisés, que la Conab a arrêté de publier. Comme dans beaucoup de pays, le nombre d’entrepôts de stockage est tel qu’il rend leur recensement compliqué. La Conab admet avoir des difficultés à produire des estimations fiables, et dit être en train de revoir sa méthodologie pour mieux estimer les récoltes, notamment grâce au renforcement de ses effectifs et à l’utilisation de données satellites. Négociants, importateurs et analystes de marché ont pris l’habitude de composer avec des statistiques brésiliennes souvent plus basses que celles des autres structures privées ou publiques qui publient des chiffres.

Le grand écart entre  statistiques publiques et privées
Pour la campagne 2022-2023, par exemple, l’estimation de la production de café oscille entre 50 millions de sacs, selon les chiffres de l’agence brésilienne, et quelque 64 millions, selon le ministère américain de l’Agriculture et Rabobank. «La différence est énorme, surtout dans un marché qui n’accepte pas de déficit en ce moment», explique notre interlocuteur. Certes, les chiffres de la production ne font pas tout, mais ils donnent a minima la tendance des prix. Si le Brésil produit demain 58 millions de sacs, «on sait qu’il n’y aura pas assez de café et les prix seront tirés vers le haut.

Par contre, si la production tourne autour de 64 millions de sacs, les prix pourront se détendre», explique notre importateur. Dans d’autres pays que le Brésil, les écarts d’estimation sont mieux gérés, mais le volume important de la production brésilienne fait que ces écarts sont plus grands et qu’ils ont plus d’impact sur le marché.

Jules Gabas Avec Agence / Les Inspirations ÉCO


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