Risque-pays : le Maroc crève l’écran chez les assureurs-crédit
Dans la cartographie mondiale du risque-pays qu’ils brossent chaque début d’année, les assureurs-crédit européens considèrent le Maroc comme un «bon cheval» sur lequel les opérateurs économiques et les investisseurs peuvent miser. La note du risque-pays est importante car elle détermine en partie la prime de risque appliquée aux financements à l’export et aux investissements directs étrangers. Les taux de prime minimaux pour l’assurance du risque-pays sont fixés pour environ 70% des pays par un groupe composé d’experts des différents assureurs-crédit. Décryptage.
De l’Allemand Allianz au Belge Credendo en passant par le Français Coface, le constat est unanime. Sur les deux grandes composantes du risque-pays, notamment le risque politique et le climat des affaires, le rating du Maroc progresse. Au pire, la note reste inchangée.
Chez Allianz, numéro un mondial de l’assurance-crédit, le Royaume est noté B pour le risque moyen et long terme sur une échelle de six niveaux qui va de AA à D – AA étant le niveau de risque le plus faible et D le plus élevé.
Cette notation mesure le cadre économique, la qualité du climat des affaires et la probabilité de risques politiques. La notation à court terme du Maroc est rangée dans la catégorie 1 sur une échelle qui en compte quatre. Cela équivaut à un faible risque pour cette notation qui identifie les menaces immédiates pesant sur la situation économique dans les 6 à 12 prochains mois et sur les indicateurs d’une crise financière imminente.
Le Maroc parmi les bons élèves
La notation à moyen terme agrège trois notes. La première est basée sur l’analyse de la structure de l’économie, de la politique budgétaire et monétaire, de l’endettement, de la balance des paiements, de la stabilité du système bancaire et de la capacité à répondre à des événements imprévus. La notation de l’environnement des affaires mesure les perceptions du cadre réglementaire et juridique, du contrôle de la corruption et de la relative facilité à «faire des affaires».
Enfin, la notation du risque politique, elle, est basée sur l’analyse des mécanismes de transfert et de concentration du pouvoir, l’efficacité de l’élaboration des politiques, l’indépendance des institutions, la cohésion sociale et les relations internationales.
Dans la grille d’assureur-crédit belge Credendo, le score à court terme du Maroc sur la composante «risques politiques et assimilés» s’établit à 2, soit parmi les meilleures notes sur une échelle qui en compte 7. À long terme, le rating passe à 3/7.
Réduire les délais de paiement, un choix payant
Concernant le risque lié à l’environnement des affaires, le Maroc figure dans la catégorie D sur une échelle qui va de A à G. Tout comme pour le risque politique, les pays sont classés sur une grille de sept catégories, qui reflète l’intensité du risque lié à l’environnement des affaires.
Figurent en catégorie A, une sorte de «business class», les pays présentant le risque lié à l’environnement des affaires le plus faible, tandis que sont classés en catégorie G ceux présentant le risque de non-paiement des débiteurs/obligés du pays le plus élevé, en raison du risque lié à l’environnement des affaires.
Le Maroc récolte les fruits du processus d’assainissement des délais de paiement, de la lisibilité de l’application de la loi fiscale, mais il lui reste encore à améliorer le fonctionnement de la justice commerciale.
Le «risque lié à l’environnement des affaires» comprend trois types d’indicateurs : 1. les indicateurs économiques et financiers qui impactent les entreprises en raison de leur incidence sur les résultats. Entre autres, la volatilité des taux de change et des coûts de financement locaux, le cycle économique et l’inflation. 2. Les indicateurs qui reflètent l’expérience de paiement du pays à la suite de carences de débiteurs. 3. Les indicateurs qui caractérisent le contexte institutionnel dans lequel opèrent les entreprises, notamment la corruption et la qualité du système judiciaire.
Les cyberattaques, menace numéro 1
En 2025, les sinistres liés aux cyberattaques constituent le premier risque dans les régions Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique et Moyen-Orient et dans 20 pays, dont le Maroc, relève l’atlas du risque-pays du groupe Allianz.
Les cyberincidents tels que les attaques de ransomware, les vols de données et les pannes informatiques constituent le principal risque mondial en 2025. Il y a dix ans, le cyberrisque n’était classé qu’au 8e rang mondial avec seulement 12% des réponses, contre 38% en 2025. Les banques, les services financiers ainsi que les services tels que le droit, la technologie et les télécoms citent désormais le cyberespace comme leur risque le plus préoccupant.
Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO