Éco-Business

Risque crédit : L’hégémonie de la donnée

L’activité de crédit bureau fait face à de profondes mutations avec l’émergence de la fintech, qui représente actuellement une véritable alternative de source de données.

La gestion du risque crédit a toujours été la préoccupation majeure de tout bailleur de fonds. Les banques s’exposent particulièrement en raison de la nature de leur métier. Les crédits bureaux mutualisant les données sur les défaillances et l’historique des clients créditeurs permettent aux banques d’avoir une vision très détaillée sur ceux-ci, optimisant de la sorte leur exposition aux risques. 

Toutefois, le constat que font les professionnels intervenant à l’occasion de la 3e édition du Global Forum de Creditinfo, tenu à Marrakech du 19 au 21 septembre, est que l’économie émergente que constituent les pourvoyeurs/collecteurs de données, opérateurs télécoms, e-commerçants et fintechs constituent une réelle menace pour l’industrie du crédit bureau. Il faut dire que si, par le passé, les bailleurs de fonds se limitaient à l’usage de reportings crédits, le développement de la pratique a fait émerger la «science» de la gestion des risques (ou le risk management).

Aujourd’hui, le développement technologique pousse au remplacement de cette «science» par l’intelligence artificielle ou encore la blockchain, qui changent le rapport et le traitement des données collectées. La fintech, quant à elle, constitue une véritable menace dans la mesure où elle constitue une source alternative de données, explique Joachim Bartels, directeur général à Business Information Industry Association (BIIA). Un point de vue partagé par Andrius Grigorjevas et Gediminas Užkuraitis, respectivement stratège et chercheur à Be&Do, cabinet conseil en stratégie et branding. Pour les deux professionnels, il existe actuellement, dans le monde, 38.135 fintechs qui ont levé des fonds durant les 5 dernières années pour assurer leur développement. 38.135 fintechs qui proposent une autre manière de gérer leurs finances. Autant de structures qui sont donc essentiellement des applications mobiles poussant les clients à se rendre compte du gap entre ce qui existe et ce qui est possible en matière -notamment- de crédit. Aujourd’hui, selon les deux professionnels, il existe un éventail de services dont l’objectif est d’aider les clients à reconstruire leur score-crédit. D’autres proposent des solutions de planification et de suivi continu qui permettent aux clients de rester informés sur leurs situation financière et obligations en temps réel. D’autres permettent d’avoir des crédits adaptés à leurs besoins (crédits étudiants, crédits de charité, etc.).

Cette panoplie de nouveaux services offre aujourd’hui aux clients des crédits ayant une valeur ajoutée. Elle leur permet aussi de disposer d’une vision globale sur leur notation crédit, et propose une hypersegmentation de la clientèle qui rompt complètement avec la segmentation habituelle, d’usage chez les banques traditionnelles. Les opérateurs de crédits bureaux, qui ne représentent qu’une part infime des opérateurs sur le marché de la donnée et de l’information, font face à de nombreux challenges. Ils se doivent d’investir dans l’analyse en optant de plus en plus pour l’intelligence artificielle qui assure des analyses rapides et précises. Ils doivent également investir dans la prévention des fraudes, dans le renforcement de la cybersécurité mais aussi dans l’identité et la compliance. Le secteur doit, par ailleurs, se préparer à l’arrivée de la concurrence, notamment comme pourvoyeurs de données alternatifs, à savoir l’e-commerce et la fintech. Il lui faut également se préparer à intégrer la blockchain dans l’acheminement de données et surtout être plus attentif aux régulateurs. Certains parmi eux ont tendance à proposer des crédits bureaux publics inaccessibles au secteur privé. C’est le cas notamment de la Banque centrale européenne avec son projet AnaCredit lancé en 2011, qui devrait être opérationnel en septembre 2018. La Banque centrale de l’Inde planche également sur un projet similaire.


250 participants de 40 pays au Creditinfo Global Forum

250 financiers, gestionnaires de prêts et du risque de crédit de 40 pays participent aux travaux du Creditinfo Global Forum, tenu, pour la première fois, au Maroc et en Afrique du 19 au 21 septembre. Il s’agit d’une conférence internationale sur le financement et la gestion de risque bisannuelle, devenue un rendez-vous incontournable des différents acteurs des domaines de la banque, des assurances et des télécoms depuis 2013. L’événement est organisé par le spécialiste mondial Creditinfo, qui dispose d’une filiale marocaine opérationnelle depuis 2009. 



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