PSA érige le complexe de Kénitra en modèle à suivre
Le top management du groupe français PSA a appelé les usines espagnoles du constructeur à s’inspirer du complexe industriel marocain et à dupliquer les pratiques positives de cette plateforme.
Le président du directoire de PSA Carlos Tavares a lâché une bombe dans le secteur de l’automobile espagnol. À Saragosse, devant le roi d’Espagne Felipe VI, le manager portugais a tressé des lauriers à l’usine de PSA à Kénitra et à celle de Mangualde (Portugal). Celles-ci sont les «bêtes noires» des salariés des complexes industriels espagnols du constructeur automobile. «Les usines de Saragosse, Madrid et Vigo progressent de manière satisfaisante en termes de compétitivité, quoique celles du Maroc et du Portugal soient beaucoup plus efficientes», a-t-il lancé. Les propos du manager en marge de la production de la nouvelle génération de l’Opel Corsa 100% électrique ont été repris par l’ensemble des médias espagnols. «Nous ne devons pas entrer dans cette polémique. Ce n’est pas une concurrence, et le mieux que l’on puisse faire est de reproduire les bonnes pratiques de chaque plateforme», a-t-il suggéré.
Les mises en garde du manager portugais interviennent quelques jours seulement avant un autre avertissement lancé par son collaborateur, le directeur de l’usine de Vigo. Celui-ci a suggéré le gel des salaires du personnel de l’usine de Vigo, rappelle le journal www.elfarodevigo.es. Le manager a indiqué que les coûts salariaux représentent 50% de la valeur ajoutée du groupe et a mis en garde contre une révision à la hausse des rétributions. Toutefois, rappelle le média galicien, même si le top management nie toute concurrence entre les plateformes espagnole, portugaise et marocaines, le média espagnol a rappelé une citation du responsable du site de Vigo dans laquelle il insinuait que le groupe utilisait le Maroc comme un moyen de pression. De plus, il a appelé ses collaborateurs à améliorer la compétitivité face au Maroc lors d’un récent forum entrepreneurial.
D’ailleurs, Tavares a mis à profit sa présentation pour livrer sa vision sur les perspectives du secteur. C’est de cette manière que le patron de PSA a défendu les modèles produits par les plateformes de Kénitra en appelant les gouvernements d’Espagne, d’Italie et de France à «ne pas prendre de décisions dogmatiques» concernant le débat au Parlement européen sur les émissions de CO2 par les véhicules à l’horizon 2030.
À ce propos, Tavares a appelé les gouvernements de ces pays à être sincères et à reconnaître que les véhicules électriques sont plus chers que les voitures conventionnelles. Le président du directoire de PSA est même allé jusqu’à comparer la mobilité électrique avec l’alimentation écologique, la jugeant chère. Tavares n’a pas mâché ses mots devant la presse espagnole, mettant en garde les gouvernements européens contre ce dogmatisme qui met en péril les 13,8 millions d’emplois que génère le secteur automobile sur le continent européen, a-t-il lancé. Et d’ajouter que le «dogmatisme vient de l’extérieur et non de l’intérieur des entreprises». Tout en défendant le modèle de production conventionnel, le manager a appelé les gouvernements à expliquer à la société que les véhicules électriques ne peuvent être rentables qu’à travers des subventions et en haussant les taxes. «La prochaine décennie sera décisive pour l’industrie de l’automobile européenne», a-t-il pronostiqué. Le management de PSA en Espagne a fait face à une série de débrayages et de grèves, depuis l’annonce de la construction du complexe industriel de Kénitra. Le dernier mouvement de protestation remonte au mois de mai 2019. Durant ce mouvement de débrayage de 6 heures en protestation contre la surcharge de travail, le groupe a connu une perte de production estimée à 600 véhicules.