Maroc-France : Un partenariat à dimension africaine
Le Premier ministre français, Édouard Philippe, est actuellement en visite d’affaires au Maroc. Une rencontre de haut niveau avec l’Exécutif marocain qui devrait permettre de poser les jalons du nouveau partenariat entre les deux pays. Un accent particulier sera mis sur les questions de coopération industrielle et de commerce triangulaire vers l’Afrique.
La première visite officielle du Premier ministre français Édouard Philippe au Maroc a démarré hier avec, au programme, la tenue de la 13e rencontre de haut niveau Maroc-France. Une rencontre qui posera les jalons du partenariat avec le nouvel Exécutif français. Mises en place en 1997, ces rencontres sont destinées à donner une impulsion aux relations de partenariat stratégique entre les deux pays et à intensifier le dialogue politique bilatéral. Cette version 2017 intervient dans un contexte particulier dans les rapports Maroc-France. Il s’agit de la première rencontre de ce type entre le nouvel Exécutif français et le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani depuis l’élection du président français Emmanuel Macron. Il s’agit également d’une rencontre qui vise à concrétiser le nouveau partenariat qu’entendent mener les deux parties. Les deux chefs d’État ont pu discuter de cette nouvelle vision à l’occasion de la visite du président français au Maroc en juin dernier. Ce dernier avait choisi de se rendre au royaume pour son premier déplacement dans la région après son élection en mai. À cette occasion, le roi Mohammed VI avait fait part de sa détermination à œuvrer, de concert avec le chef de l’État français, pour aller de l’avant dans la mise en valeur des potentialités qui s’offrent à la coopération économique entre les deux pays.
Nouvelle vision
En effet, les deux pays se sont fixé comme priorité le renforcement de la coopération industrielle et l’exploration des pistes d’un développement partagé en Afrique. La visite du Premier ministre français entamée mercredi dernier devrait permettre de concrétiser cette vision. Il sera à la tête d’une délégation de plusieurs ministres dont la ministre de la Justice, le ministre de l’Éducation nationale, la ministre de la Culture, celle des Sports, le ministre délégué à l’Intérieur et le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances. En tout, une vingtaine d’accords ministériels et industriels devraient être signés entre la France et le Maroc. Les deux parties ont affiché leur volonté de développer la collaboration dans les secteurs d’avenir, en particulier les transports, les énergies renouvelables, le numérique et le tourisme, en direction des marchés émergents de la région, notamment en Afrique. Il y a lieu de rappeler dans ce cadre l’important soutien financier accordé par l’Agence française du développement (AFD) à plusieurs projets dans le royaume et qui concernent divers domaines dont la promotion des PME, les infrastructures et les transports. L’agence a récemment augmenté son apport financier à 400 millions d’euros par an. La coopération bilatérale englobe aussi la lutte contre le terrorisme et la radicalisation, partant de leur attachement aux idéaux de paix et de sécurité et à la promotion des valeurs d’ouverture sur l’autre et de dialogue entre les cultures et civilisations. Cette rencontre de haut niveau sera également marquée par la tenue aujourd’hui du Forum économique maroco-français sous le thème «France-Maroc: des ponts pour la croissance et l’emploi», qui constitue une étape pour évaluer et prospecter les différents volets du partenariat entre les communautés des affaires des deux pays.
Le forum devrait être marqué par la tenue de plusieurs ateliers notamment sur les enjeux et perspectives du co-développement en Afrique, les défis de l’urbanisation et du développement durable dans la coopération franco-marocaine, la réussite du développement agro-industriel inclusif ainsi que sur la révolution digitale et l’entrepreneuriat.
Le business entre les deux pays est l’un des plus prolifiques dans toute la région. Environ 750 filiales d’entreprises françaises recensées sont installés au Maroc avec notamment comme objectif de couvrir toute la région MENA. Le Maroc accueille de grands groupes tels qu’Alstom, Safran, Renault ou Peugeot ainsi que 1.000 PME-PMI qui interviennent dans tous les secteurs d’activité porteurs. Par ailleurs, le Maroc est la première destination des investissements français sur le continent africain.
Le business en forme
Le commerce bilatéral du Maroc avec la France est l’un des plus importants, côté marocain. La France est le deuxième partenaire commercial du Maroc après l’Espagne. En 2016, le total des échanges commerciaux ont dépassé les 100 MMDH, le Maroc exportant 47,2 MMDH et important plus de 54 MMDH. Il est à noter qu’une grande partie des importations est composée de demi-produits et de biens d’équipement servant à alimenter les exportations du Maroc. Toutefois, la part de marché de la France au Maroc a structurellement baissé depuis 2000 pour atteindre 12,7% en 2015. Sur les dix dernières années (2006-2015), les exportations françaises ont progressé en moyenne de 1,7% par an, moins vite que les importations du royaume qui ont, pour leur part, accéléré de 6,4%. L’émergence du secteur automobile marocain, et plus généralement la montée en gamme de ses ventes, se reflètent dans les échanges avec la France. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les derniers contrats d’investissement signés avec Renault et Peugeot prévoient à terme des taux d’intégration locale de 65% (Renault en 2023), voire même de 80%. D’autres industries commencent d’ailleurs à suivre les traces du modèle automobile, à l’instar notamment de l’aéronautique et du ferroviaire.