Managem. La filiale SMM relève un pari écologique en Guinée
Comment la Société des Mines de Mandiana (SMM), filiale du groupe Managem en Guinée, a dû faire face à une délicate opération relative à la pollution d’un fleuve en Guinée ? Les explications de la maison mère…
À peine le démarrage de ses activités annoncé que la Société des mines de Mandiana (SMM), filiale du groupe Managem en Guinée et qui exploite la mine de Tri-K, fait face à une délicate opération impliquant sa responsabilité sociale et environnementale.
En cause : le cyanure, une substance chimique utilisée dans l’extraction aurifère et hautement toxique.
La cyanuration ou lixiviation est un procédé permettant de rendre soluble l’or. Mélangé à l’eau, le cyanure est capable de dissoudre l’or comme l’argent, dès lors que leurs minerais sont concassés ou finement broyés.
Le cyanure a officiellement remplacé le mercure dans l’extraction aurifère pour ces propriétés et son caractère relativement moins nocif.
Pour les sociétés minières, réduire les risques en matière de sécurité, de sûreté et d’environnement est un enjeu important et mobilise des budgets importants. Mais, des imprévus peuvent toujours survenir.
D’où vient le cyanure ?
Revenons aux faits: La filiale de Managem, qui a annoncé avoir réalisé sa première coulée d’or le 23 juin dernier dans le cadre du projet Tri-K, a été confrontée vers la fin du mois de juillet 2021 à une affaire délicate concernant la pollution d’un affluent du fleuve Loïla au cyanure.
Des pêcheurs auraient signalé aux autorités locales, chargées de l’environnement, la mort mystérieuse de poissons dans le cours d’eau.
Il s’en est suivi une interdiction de toute activité de pêche, puis une enquête qui a révélé la présence de cyanure dans les eaux du fleuve à des doses inquiétantes (teneur 5-4 PP) du 24 au 25 juillet 2021.
Sur le périmètre des mines, les eaux contaminées aux produits chimiques sont en circuit fermé et contrôlées, mais les digues ou bassins de rétention de ces eaux ne sont pas à l’abri d’une rupture.
Dans le cas d’espèce, la forte pluviométrie a causé un léger débordement de l’eau stockée dans un bassin de recyclage.
Contacté par Les Inspirations Eco, Managem explique que «la mine de Tri-K, dont l’usine est en phase de commissioning, se trouve dans la région de Loïla qui a connu de très fortes pluies fin juillet 2021 qui ont causé un léger débordement de l’eau stockée dans un bassin de recyclage».
Auprès du groupe marocain, l’on nous assure «que plusieurs mesures ont été prises afin d’éviter ce type de débordements. Les analyses des points de contrôle effectuées par la suite n’ont détecté aucune trace de substance chimique».
Ainsi, le groupe confie aux Inspirations ECO que la mine aurifère a renforcé le suivi et le contrôle de l’unité de traitement, réalisé un bassin de secours pour les crues exceptionnelles et mis en place un dispositif de dérivation des eaux des pluies autour de la digue et des bassins.
«En Guinée, et pour l’ensemble de nos sites, nous avons mis en place de multiples actions pour gérer les ressources en eau de façon inclusive et durable.
Au quotidien, nous agissons pour garantir la pérennité des ressources en eau pour nos activités, pour nos communautés riveraines et pour notre environnement en général».
Après les premières actions de décontamination, une baisse du niveau de la pollution a été constatée le 30 juillet. Une quarantaine de familles ont été identifiées pour une prise en charge durant la période de nettoyage du fleuve, précisément sur un de ses affluents, long d’environ 4 à 5 km.
Dépollution, appui financier aux victimes
Dans le secteur des industries extractives, l’histoire démontre que le coût pour le nettoyage est toujours plus cher que pour la prévention. Pour régler le problème, un protocole d’accord a été signé entre les différentes parties et la SMM s’est engagée à réaliser un forage, tout en promettant de renforcer la surveillance sur le fleuve Loïla.
En attendant, il nous revient que la filiale a apporté un appui financier d’environ 5000 dollars USD aux pêcheurs artisanaux et dégagé un appui d’environ 35.000 USD pour les deux puits, nécessaires à l’opération de dépollution, sans compter environ 10.000 USD pour les factures des analyses d’eau, réalisées à Kankan (en guinée).
«A Tri-K, nous nous engageons avec des mesures concrètes pour préserver les ressources en eau, notamment, l’optimisation et le suivi régulier de la consommation des eaux domestiques et industrielles, avec un taux de recyclage de plus de 70% ; le suivi régulier de la qualité des eaux domestiques et des eaux régionales (puits des villages avoisinants et des cours d’eau) à travers plusieurs dizaines de points de contrôle ; le recyclage des eaux usées domestiques et industrielles à travers des unités de traitement dédiées», souligne le groupe.
Aux dernières nouvelles, entre le 4 et 8 août 2021, plus aucune trace de cyanure n’a été détectée. Interrogé sur l’impact de cet incident sur son projet d’investissement en Guinée, Managem explique que dès les premières étapes de la conception du projet, le volet environnemental a été intégré dans les choix et décisions d’investissement.
Les études des impacts environnementaux ont été menées, conformément aux réglementations en vigueur du pays, selon les standards du Groupe en la matière et dans le respect des normes SFI.
Ces études ont permis ainsi de mieux connaître et d’enrichir la cartographie des impacts et aspects environnementaux et sociétaux potentiels ainsi que les lignes directrices de prévention et d’atténuation. Rappelons qu’en Guinée, le Groupe Managem développe la mine aurifère de Tri-K.
Avec un investissement de plus de 200 M$ pour une réserve de plus de 1,5 millions d’onces d’or, Tri-K est l’une des plus importantes opérations de Managem sur l’activité or, et permettra de produire 130.000 onces d’or par an.
Le groupe précise également que depuis le démarrage de la mine et la première coulée en juin 2021, la production est en ligne avec les objectifs fixés. Par ailleurs, 1% du chiffre d’affaires est alloué aux projets de développement local.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO