Le raz-de-marée des smartphones
La généralisation de la data mobile conduit à une sur-utilisation d’Internet, avec comme principale occupation les réseaux sociaux et le divertissement.
Les Marocains passent-ils trop de temps sur Internet? Les conclusions de la dernière enquête de l’Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT) sur l’utilisation des TIC révèlent des données qui laissent perplexes sur l’utilisation faite de l’outil. La généralisation du mobile, devenu de loin le premier terminal de connexion, a donc été un vecteur de «sur-utilisation ». En effet, la quasi-totalité des ménages est équipée en téléphonie mobile (99,8%), tant en milieu urbain que rural. Le nombre moyen d’individus équipés en téléphone mobile dans un même ménage ressort à 3,9. L’équipement en téléphonie mobile concerne 92,4% des individus âgés de plus de 5 ans. Parmi les individus équipés en téléphone mobile, 75,7% possèdent un smartphone, soit un total de 22,5 millions d’individus, enregistrant un accroissement de près de 1,2 million sur une année. Ainsi, l’équipement en smartphone marque, sur 7 ans, une croissance annuelle moyenne de 26%, avec une cible de plus en plus jeune. En effet, la catégorie d’âge de 5 à 39 ans est la plus équipée en smartphone avec des taux d’équipement allant de 80% à 88%.
Généralisation du divertissement
En revanche, l’utilisation de l’outil ne semble pas être des plus ludiques. Une grande partie des individus équipés en téléphones intelligents utilisent des applications mobiles (94,7%). Cet usage concerne aussi bien les individus résidant en milieu urbain que rural. Les jeunes âgés de 12 à 24 ans utilisent à 97% des applications mobiles. Selon l’enquête de l’ANRT, l’équipement des ménages en accès Internet s’élève à 74% (soit près de 6 millions de ménages). Huit ménages sur dix en milieu urbain. Six ménages sur dix en milieu rural. L’utilisation d’Internet est quotidienne pour 3 internautes sur 4. Près de 6 internautes sur 10 passent plus d’une heure sur Internet. Les réseaux sociaux arrivent toujours en tête des usages, avec 96,4% des internautes qui y accèdent. Une grande partie de la population estime qu’Internet revêt une importance de 1er ordre dans leur quotidien. Le divertissement (réseaux sociaux et jeux) et l’accès aux actualités représentent néanmoins, selon l’ANRT, les principaux usages. En somme, 4 ménages sur 10 affirment que leurs enfants âgés de moins de 15 ans utilisent Internet. 73% des parents déclarent aux enquêteur du régulateur contrôler les usages de leurs enfants sur Internet, bien que 64% reconnaissent ne pas être outillés pour orienter les usages que font leurs enfants d’Internet. Deux tiers des ménages estiment qu’Internet aurait un impact positif sur leurs enfants.
Le e-commerce en profite
Conséquence logique de cette tendance, le changement du mode de consommation. Le e-commerce continue en effet sa progression, en augmentant de près de 21,3% entre 2016 et 2018. Près de 1 personne sur 5 recourt au e-commerce dans le milieu urbain. Près de la moitié des individus ayant effectué des achats en ligne en 2018 l’auraient fait entre deux et cinq fois. Les vêtements (70% des individus ayant acheté en ligne en 2018) arriveraient en tête des produits achetés sur Internet. Mais ce changement de paradigme ne s’accompagne pas de l’élévation de la conscience consumériste. Selon l’enquête de l’ANRT, 3 personnes sur 4 ne mesureraient pas les risques de l’absence de protection sur Internet, même si l’anti-virus est un outil de sécurité répandu chez 83% des personnes sensibles aux risques et menaces sur Internet. Aussi, près de 2 individus sur 10 seulement déclarent connaître l’existence d’une réglementation sur la protection des données personnelles et de la Commission nationale de contrôle de protection des données à caractère personnel (CNDP). La connaissance de cette réglementation a été véhiculée par deux principaux supports: Internet (38,3%) et la télévision (35%).
Une enquête plus approfondie en cours
En complément à l’enquête quantitative auprès des ménages et des individus, une enquête longitudinale sera lancée durant 2019/2020. La première étape de cette étude a consisté en la mise en place, pour la première fois, d’un «panel» dans le secteur constitué de 2.000 individus. Cette enquête sera conduite auprès de ce panel pendant les prochaines années et devrait permettre d’approfondir certains indicateurs et suivre spécifiquement leur évolution annuelle ou celles des pratiques et attitudes des populations concernées. Cette enquête devrait permettre de faire la lumière sur les changements socio-économiques et technologiques qui peuvent affecter le niveau d’équipement et des usages des TIC.