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Le généreux coup de pouce de la BAD au Maroc

La Banque africaine de développement a accordé au Maroc, mardi 23 novembre, un financement d’un montant de 1,184 milliard de dirhams au profit du Programme d’appui au développement inclusif et durable des zones agricoles et rurales (PADIDZAR).

La Banque africaine de développement (BAD) renouvelle sa confiance au Maroc en allouant au Royaume une enveloppe de 1,184 milliard de dirhams (MMDH) au profit du secteur agricole. L’accord a été signé à Rabat par le ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lekjaa, et le représentant résident du Bureau national de la BAD à Rabat, Achraf Tarsim. La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, qui a exprimé sa satisfaction à l’issue de cette signature. Le ministre s’est ainsi félicité du niveau et de la qualité des relations de coopération entre le Maroc et la BAD, et remercié l’institution pour l’appui précieux et constant qu’elle apporte au Maroc pour la mise en œuvre des réformes structurelles essentielles.

Il faut dire que cette enveloppe arrive à point nommé, l’économie nationale ayant connu sa première récession depuis plus de deux décennies en raison de la pandémie de Covid-19, conjuguée à un épisode de sécheresse. Les effets induits par ces deux phénomènes ont entraîné en 2020 une récession inédite depuis les années 80 avec un PIB réel en diminution de 6,3%. Toujours durant la même année, les mesures de confinement strict appliquées pendant trois mois, et l’impact de la sécheresse sur les revenus ruraux, ont entravé la demande intérieure. Dès lors, l’enveloppe de la BAD, au profit du Programme d’appui au développement inclusif et durable des zones agricoles et rurales (PADIDZAR), constitue un coup de pouce bienvenu au secteur agricole, durement éprouvé, alors que le pays fait face à une menace sérieuse de pénurie d’eau. Or, l’agriculture étant toujours à 83 % pratiquée en mode pluvial, la productivité agricole nationale est extrêmement sensible aux événements météorologiques extrêmes tels que les épisodes de sécheresse qui devraient être plus fréquents et plus intenses dans le futur.

Par ailleurs, le dérèglement climatique pourrait affecter davantage la production agricole en modifiant les disponibilités en eau et en terre arable, ce qui est susceptible de réduire l’impact escompté des politiques visant à assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire du pays. Conscient de ces défis, le Maroc appuie la croissance verte et s’attache à améliorer la résilience et l’adaptation des populations rurales aux changements climatiques, initialement lors de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV), lancé en 2008, et actuellement, via la Stratégie Génération Green 2020-2030. Cette dernière, qui s’appuie sur la pérennisation des acquis du Plan Maroc vert, est fondée sur l’adoption d’une nouvelle vision plus inclusive et moderne du secteur agricole, qui devrait jouer un rôle déterminant dans le redressement de l’économie rurale.

Elle est conçue, par ailleurs, sur deux fondements stratégiques. le premier consiste en la priorité donnée à l’élément humain, à travers l’émergence d’une nouvelle génération de classe moyenne agricole (350.000 à 400.000 ménages). Quant au second, il a trait à l’avènement et l’accompagnement d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs, avec la mobilisation d’un million d’ha de terres collectives, l’émergence d’une nouvelle génération d’organisations agricoles soutenues par des interprofessions performantes, et la mise en œuvre d’une nouvelle génération de mécanismes d’appui. L’objectif est, d’une part, de renforcer la pérennisation du développement agricole, à travers la consolidation de la performance des chaînes de valeur agricoles, en vue de doubler les exportations et le PIB agricole d’ici 2030, et, d’autre part, d’améliorer les processus de distribution des produits par la modernisation de douze marchés de gros ainsi que des marchés traditionnels.

Le Maroc entend aller plus loin avec le lancement, en janvier 2020, du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027. Ce programme, estimé à 115 MMDH, est articulé autour de cinq piliers, à savoir l’amélioration de l’offre hydrique, notamment par la construction de barrages, la gestion de la demande et la valorisation de l’eau notamment dans le secteur agricole ainsi que le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rural. À cela s’ajoutent la réutilisation des eaux usées traitées dans l’irrigation des espaces verts ainsi que la communication et la sensibilisation en vue de renforcer la conscience liée à l’importance de la préservation des ressources en eau et de la rationalisation de son utilisation.

Enfin, le PADIDZAR a été préparé en coordination avec les divers partenaires techniques et financiers, pour contribuer au développement durable et inclusif des zones agricoles et rurales, tant sur le plan social qu’économique. L’objectif étant de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations des zones concernées grâce à un développement inclusif durable, à l’émergence d’une classe moyenne agricole et au renforcement de la résilience du monde agricole, en particulier de la petite agriculture, face aux effets du dérèglement climatique. La réalisation de cet objectif s’appuiera sur les résultats des programmes antérieurs financés par la BAD dans le secteur agricole, notamment les précédents programmes d’appui aux réformes, qui ont permis d’accompagner la mise en œuvre du Plan Maroc vert (PAPMV-1 et 2-2012 et 2015 et PADIDFA-2018). La conception du PADIDZAR a aussi pris en compte les enseignements des investissements réalisés dans le domaine de l’irrigation par le PAPNEEI 1 et 2 (2009-2016). Ce Programme complétera d’autres programmes axés sur les résultats, notamment celui de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD), approuvé le 12/11/2020.

Padidzar, un programme économiquement rentable

L’analyse économique du PADIDZAR montre que les interventions programmées, relatives aux aménagements hydroagricoles dans les zones de la Petite et moyenne hydraulique (PMH) exposées aux changements climatiques, sont économiquement rentables et socialement justifiées, comme le montre le tableau ci-dessous, souligne la BAD dans un document d’évaluation dudit programme. En effet, en plus de l’amélioration de l’irrigation au niveau des PMH aménagés, à travers la réduction de la déperdition d’eau au niveau des séguias et de la valorisation de l’eau, le programme interviendra auprès des petits producteurs des zones rurales vulnérables en les aidant à créer une nouvelle génération d’agro-entrepreneurs (femmes et hommes), intégrés dans des chaînes de valeurs de manière inclusive, à travers un accompagnement individualisé pour identifier des opportunités de projets, établir des business-plans, créer des projets et s’organiser dans des structures coopératives et professionnelles capables de garantir leurs performances et leur pérennisation.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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