Investissements. Les Marocains toujours plus friands de placements à l’international
Le rebond des investissements de portefeuille des Marocains à l’étranger, en 2023, témoigne d’un appétit renouvelé pour les placements internationaux. Les chiffres témoignent d’un changement de tendance significatif dans les flux d’investissements en question.
Les Marocains semblent de plus en plus tentés par les sirènes des investissements à l’étranger. D’après les chiffres de l’Office des changes, les investissements de portefeuille des Marocains à l’étranger ont connu un rebond majeur en 2023, après une année excédentaire. Alors qu’en 2022, le solde des investissements de portefeuille affichait un excédent de 11,095 milliards de dirhams (MMDH), il s’est retourné en 2023 pour enregistrer un déficit de 23,823 MMDH. Une évolution qui traduit un changement de tendance important dans les flux d’investissements entrants et sortants.
Du côté des engagements, c’est-à-dire les acquisitions de titres marocains par les investisseurs non-résidents, on observe une hausse significative de 25,311 MMDH en 2023. Parallèlement, les avoirs, représentant les achats de titres étrangers par les investisseurs marocains, ont également augmenté mais dans une moindre mesure, à hauteur de 1,488 MMDH.
Ainsi, l’accroissement substantiel des engagements, dépassant largement la hausse des avoirs, explique le déficit enregistré dans la balance des investissements de portefeuille en 2023. Cette situation contraste avec l’année précédente, où les avoirs dépassaient les engagements, générant un solde excédentaire. «Après un solde créditeur de 11,095 milliards de dirhams en 2022, le solde des investissements de portefeuille s’est établi à -23,823 MMDH en 2023, affichant ainsi un déficit.
Cette évolution est attribuable à une variation positive des engagements (+25,311 MMDH) plus importante que celle des avoirs (+1,488 MMDH)», souligne le rapport de l’Office des changes. Ce changement de tendance pourrait s’expliquer par divers facteurs, tels que l’attractivité accrue du marché marocain pour les investisseurs étrangers, l’évolution des conditions économiques et financières au niveau national et international, ou encore les stratégies d’investissement adoptées par les différents acteurs.
Chiffres clés des investissements de portefeuille en 2023
Les statistiques pour l’année 2023 mettent en lumière trois indicateurs fondamentaux concernant les investissements de portefeuille. Premièrement des Avoirs de 1,488 MMDH : ce montant représente les acquisitions nettes de titres étrangers par les investisseurs marocains au cours de l’année 2023. Comme nous l’explique un analyste financier, «il traduit un appétit croissant des Marocains pour les placements à l’international, visant une diversification de leurs portefeuilles et la recherche de rendements potentiellement plus attrayants».
Secundo, des engagements s’élevant à 25,311 MMDH : cette valeur correspond aux acquisitions nettes de titres marocains par les investisseurs non-résidents en 2023. L’augmentation significative par rapport à l’année précédente témoigne d’un regain d’intérêt des investisseurs étrangers pour le marché marocain, considéré comme offrant des opportunités prometteuses.
Tertio, un solde déficitaire de -23,823 MMDH : ce solde résulte de la différence entre les engagements et les avoirs. Malgré la hausse des avoirs (+1,488 milliard), celle-ci a été largement dépassée par l’augmentation massive des engagements (+25,311 milliards), entraînant un déficit global dans la balance des investissements de portefeuille. Comme le souligne clairement le rapport, «en 2023, le solde des investissements de portefeuille se situe à -23,8 MMDH. Cette évolution est attribuable à une variation positive des engagements (+25,3 MMDH) plus importante que celle des avoirs (+1,5 MMDH)».
Comme indiqué plus haut, ce déficit pourrait s’expliquer par divers facteurs, tels que l’attractivité accrue du marché marocain pour les investisseurs étrangers, l’évolution des conditions économiques nationales et internationales, ou encore les stratégies d’investissement adoptées par les différents acteurs. Bien que déficitaire, cette situation pourrait être perçue comme un indicateur positif, reflétant la confiance renouvelée des investisseurs étrangers dans l’économie marocaine et ses perspectives de croissance.
Secteurs et instruments privilégiés par les investisseurs marocains
Le rapport met en lumière les préférences et stratégies d’investissement adoptées par les investisseurs marocains et étrangers en 2023, en termes d’instruments financiers. Du côté des avoirs, représentant les acquisitions de titres étrangers par les investisseurs marocains, on observe une nette prédominance pour les titres de participation.
En effet, le flux net des achats de ces titres s’est élevé à +1,488 MMDH en 2023, en hausse par rapport aux +1,089 MMDH enregistrés en 2022. Les autres sociétés financières et les ménages marocains ont été les acteurs les plus actifs dans ce type d’investissements. Les titres de participation, également appelés actions ou parts sociales, confèrent une participation au capital des entreprises. Leur acquisition par les Marocains traduit une volonté de diversifier leurs portefeuilles à l’international et de bénéficier des potentiels de croissance et de rendement offerts par des sociétés étrangères prometteuses.
En revanche, concernant les engagements, c’est-à-dire les acquisitions de titres marocains par les investisseurs non-résidents, la tendance a été largement dominée par les titres de créance. Le flux net des achats de ces titres s’est élevé à +23,904 MMDH en 2023, contre -12,916 MMDH un an auparavant, soit une hausse remarquable.
Cette augmentation significative des engagements en titres de créance est principalement attribuable aux tirages des emprunts obligataires du Trésor marocain sur le marché financier international. En effet, le flux net des engagements en titres de créance des administrations publiques a atteint +24,1 MMDH en 2023, démontrant l’attrait des investisseurs étrangers pour la dette souveraine marocaine. Les titres de créance, tels que les obligations d’État ou les obligations d’entreprises, représentent une forme de dette à laquelle les investisseurs souscrivent en contrepartie d’un remboursement futur assorti d’intérêts.
L’engouement des investisseurs non-résidents pour ces instruments reflète leur confiance dans la capacité du Maroc à honorer ses engagements financiers et à offrir des rendements attractifs. Comme nous l’explique un financier, «cette répartition différenciée des préférences d’investissement entre les Marocains et les étrangers pourrait s’expliquer par diverses considérations, telles que les profils de risque, les horizons d’investissement, les stratégies de diversification ou encore les perspectives de rendement recherchées par chaque catégorie d’investisseurs».
Opportunités alléchantes ou risques démesurés pour les Marocains ?
Le rebond des investissements de portefeuille des Marocains à l’étranger en 2023 s’inscrit dans une dynamique de recherche de rendements attrayants et de diversification des placements. Les marchés financiers internationaux représentent un vaste éventail d’opportunités, offrant l’accès à des secteurs et des zones géographiques variés, permettant ainsi une meilleure répartition des risques. Cependant, il est primordial de souligner que l’investissement de portefeuille à l’international comporte des risques inhérents non négligeables. Le risque de marché, lié à la volatilité des cours boursiers et des taux d’intérêt, peut éroder rapidement les gains potentiels. Le risque de change, découlant des fluctuations des devises, peut également impacter significativement les rendements des investissements libellés en monnaies étrangères. De plus, le risque de crédit, représentant la capacité des émetteurs de titres à honorer leurs engagements financiers, doit être soigneusement évalué, notamment dans le cas d’investissements en obligations d’entreprises ou d’États. Une analyse approfondie des conditions économiques, politiques et réglementaires des pays cibles est essentielle pour prendre des décisions d’investissement éclairées. Pour les investisseurs particuliers, l’investissement de portefeuille à l’international peut offrir des avantages substantiels, tels que la diversification du portefeuille pour réduire les risques, l’accès à des marchés émergents à fort potentiel de croissance, et la participation aux performances de sociétés et économies étrangères prometteuses. Néanmoins, ces investissements comportent également des risques non négligeables. Outre les risques précédemment évoqués, les investisseurs doivent également prendre en compte la volatilité inhérente aux marchés financiers, les éventuels risques politiques et réglementaires des pays cibles, ainsi que les coûts de transaction et les frais liés aux investissements internationaux, qui peuvent éroder les rendements.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO