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Investissement, chômage, revenus, entreprises… le lourd impact de la crise (en chiffres)

Malgré les mesures de soutien de l’État, à fin juin, la consommation des ménages et l’effort d’investissement des entreprises ont affiché de fortes contre-performances par rapport à leurs niveaux de la même période en 2019. Les détails.

Les mesures prises par les pouvoirs publics n’ont apparemment pas encore permis d’absorber les implications néfastes de la crise sanitaire sur la consommation des ménages et les entreprises en difficulté. Au terme du premier semestre, la consommation des ménages et l’effort d’investissement des entreprises ont, en effet, affiché de fortes contre-performances par rapport à leurs niveaux de la même période en 2019. Une situation que les experts de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration imputent aux effets de la crise Covid-19, notamment à «la baisse massive des revenus des ménages, le changement de leur mode de consommation dans le contexte de crise et la succession de deux mauvaises années agricoles». Selon ces analystes, cette baisse massive des revenus des ménages, qui a en partie entraîné une contraction de la demande intérieure, a été causée par l’arrêt et la fermeture d‘entreprises qui ont occasionné des pertes de plusieurs milliers d’emplois.

Perte de 589.000 postes d’emploi
C’est ainsi qu’au deuxième trimestre 2020, période marquée par le prolongement du confinement total jusqu’au 11 juin 2020, le volume de l’emploi a enregistré une perte de 589.000 postes, résultant d’une baisse de 520.000 postes en milieu rural et de 69.000 postes en milieu urbain, contre une création annuelle moyenne de 64.000 postes au cours des trois dernières années. L’emploi rémunéré a canalisé 264.000 des postes perdus au niveau national (-31.000 postes en milieu urbain et -233.000 en milieu rural). Quant à l’emploi non rémunéré, il s’est contracté de 325.000 postes, conséquence d’une perte de 38.000 emplois en zone urbaine et de 287.000 en zone rurale. Cette évolution a concerné tous les secteurs d’activité, notamment, l’agriculture, forêt et pêche (-477.000 postes), les services (-30.000 postes), l’industrie y compris l’artisanat (-69.000 postes) et, de manière moins prononcée, le BTP (-9.000 postes).

Dans ces conditions, le taux de chômage a atteint, durant le deuxième trimestre 2020, 12,3%, en augmentation de 4,2 points par rapport à l’année précédente. Dans les villes, ce taux s’est situé à 15,6%, après 11,7% un an plus tôt et à 7,2% en zone rurale, après 3%. Cette augmentation du taux de chômage a été enregistrée exclusivement parmi les personnes ayant déjà travaillé, dont la plus marquée concerne les jeunes âgé de 15 à 24 ans (+11,2 points à 33,4%). À noter que cette baisse massive des revenus des ménages a été également perçue à travers le ralentissement de la hausse des prix à la consommation. En effet, l’indice des prix à la consommation (IPC) a maintenu une évolution négative, en glissement mensuel, lors de la période de confinement, passant de -0,1% en avril à -0,3% en juillet 2020. Le recul du mois de juillet recouvre le retrait de l’IPC alimentaire de 1,6%, atténué par l’augmentation de l’IPC non alimentaire de 0,5%. La baisse observée au niveau des produits alimentaires est à lier au reflux des prix des légumes (-8,6%), des poissons et fruits de mer (-3,5%), du lait, fromage et œufs (-0,9%), des viandes (-0,7%) et des huiles et graisses (-0,5%).

Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des carburants (+6,9%). À fin juillet 2020, la croissance de l’IPC, en glissement annuel, a poursuivi son ralentissement depuis fin avril 2020, pour se situer à +0,5% à fin juillet 2020, après +1,2% à fin avril 2020, en rapport avec la décélération du rythme d’évolution de l’IPC alimentaire (+0,8%, après +2,1%), et dans une moindre mesure de celui de l’IPC non alimentaire (+0,4% après +0,6%), incorporant l’accentuation de la baisse des prix de transport à -2,3%, après -0,5%.

Faible effort d’investissement
De même, l’effort d’investissement des entreprises s’est fortement infléchi. En dépit du bon comportement des crédits à l’équipement (+3,8% à fin juin 2020), celui-ci a, en effet, connu un grand ralentissement (plus de 2/3 des entreprises ne pensent même pas à l’investissement) suite aux restrictions imposées à l’activité économique pour contrecarrer les effets de la Covid-19, comme en atteste le repli des importations des biens d’équipement de 20,1% à fin juin 2020. D’ailleurs, cet important recul est également perceptible à travers l’évolution de l’indice des prix à la production. Celui du secteur manufacturier, hors raffinage de pétrole, a diminué de 1,8% au cours du mois de juin 2020, comparativement au mois précédent. Un recul porté par le retrait des prix au niveau de l’industrie chimique (-8,7%), métallurgique (-3,5%), de la fabrication de boissons (-0,9%) et alimentaire et de la fabrication de meubles (-0,2%), atténué par l’augmentation des prix au niveau de la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques et l’industrie d’habillement (+0,2%), des industries de fabrication de textiles (+0,3%) et de celles de fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques (+0,1%). Quant aux indices des prix à la production des secteurs des industries extractives et de la production et distribution d’eau et d’électricité, ils ont tous les deux connu une stagnation durant le mois de juin. 

Aziz Diouf  / Les Inspirations Éco


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