Internet. Les opérateurs appelés à coopérer
La communauté Internet urge les 3 acteurs Télécoms à coopérer en matière d’interconnexion pour leur plus grand bien…La négociation sera âpre.
Alors que les opérateurs télécoms ne cessent de travailler sur leur débit internet, que ce soit celui lié aux données mobiles ou à l’ADSL, force est de constater que plusieurs obstacles techniques freinent l’émergence d’une réelle économie numérique. C’est ce qui ressort du premier Forum national de l’interconnexion organisé le jeudi 20 septembre à Casablanca. La communauté internet a ainsi pu exprimer aux opérateurs l’urgence «d’une infrastructure physique permettant aux différents fournisseurs d’accès Internet d’échanger du trafic entre leurs réseaux de systèmes autonomes grâce à des accords». «La construction d’un point d’échange Internet IXP permettra au Maroc de faire des économies de devises et d’améliorer la qualité de service tout en réduisant le temps de latence et le prix payé par l’utilisateur final», explique Amine Kandil, CEO de N+1 Datacenters, organisateur de l’évènement.
En effet, les échanges de trafic réalisés au sein du GIX se font sans coût supplémentaire. Les IXP réduisent la part du trafic des fournisseurs d’accès Internet devant être délivrés par l’intermédiaire de leurs fournisseurs de transit réduisant de ce fait le coût moyen par bit transmis de leur service. De plus, un nombre important de chemins appris par le biais de l’IXP améliore l’efficacité du routage et sa tolérance aux pannes.
Pour booster cette dynamique, les organisateurs du forum ont ainsi annoncé un partenariat technologique entre deux acteurs du marché, à savoir MTDS et N+ONE Datacenters pour doter le Maroc d’un point d’échange internet. Celui-ci permettra d’échanger le trafic local des trois opérateurs télécoms (Maroc Telecom, Inwi et Orange) sans passer par le transit international tout en triplant la vitesse d’accès aux sites hébergés au Maroc du fait que la requête passera par le chemin le plus court. De plus, cette nouvelle infrastructure aura pour bénéfice une économie d’échelle au niveau des coûts du transit international pour les opérateurs télécoms. «Il représente ainsi une aubaine financière pour les opérateurs télécoms dans la mesure où leurs coûts de transit international payés en devises se verront revus à la baisse d’une manière substantielle vu que le contenu local restera au Maroc grâce à l’interconnexion garantie par l’IXP», précise Karl Stanzick, DG de MTDS.
Pour les entreprises, au lieu de disposer des trois accès opérateurs pour répondre à la demande de leur clientèle, avec l’IXP, un seul accès réseau facilitera l’optimisation de la connectivité avec leur base client. Selon les estimations des professionnels du secteur télécoms au Maroc, le manque à gagner de l’absence d’un «IXP Marocain» est de l’ordre de 400.000 euros. Quant au transit Internet annuel, il coûte aux trois opérateurs plus de 10 millions d’euros par an.
Des accords bilatéraux à négocier entre opérateurs
En principe, le peering sur les points d’échange relève naturellement d’accords bilatéraux (un réseau s’accorde avec un autre pour échanger du trafic ensemble, cependant que chacun peut s’accorder simultanément avec un autre, etc). Ceci nécessite de négocier (ou tout du moins de discuter) avec chaque réseau déjà présent sur un point d’échange pour un nouvel arrivant et le cas échéant avec chaque nouveau réseau arrivant pour ceux déjà présents. Afin de simplifier la mise en place d’accords de peering pour ceux des réseaux qui ont une politique de peering ouverte, les points d’échange mettent des Route Servers (serveurs de routes) à la disposition de leurs membres qui le souhaitent (généralement deux serveurs pour la redondance). Ces serveurs permettent en montant une seule session d’échanger les routes avec tous ceux des membres qui en ont fait autant et ceci sans avoir eu à négocier ni à configurer et mettre en place une session, ce qui simplifie les aspects opérationnels humains et liés au contrôle des routeurs.
Le Rwanda en expérience pilote
Créé au milieu de l’année 2004 par l’Association des technologies de l’information et de la communication du Rwanda, le Rwanda Internet Exchange (RINEX) a fait du pays d’Afrique de l’Est l’un des leaders en matière de débit internet. Kigali est aujourd’hui une capitale totalement connectée à Internet avec un accès gratuit au Wi-Fi dans les espaces publics, dans les transports, dans les restaurants, les hôtels, etc.