Éco-Business

Inforisk Dun Trade. Amine Diouri : “Si rien n’est fait, 2021 sera encore plus catastrophique!”

Amine Diouri.
Directeur Etudes & Communication, Responsable du Programme Inforisk Dun Trade

Le facteur lié aux mauvaises habitudes des entreprises paiement influe et de manière forte en termes de respect de délais. La mise en place de sanctions pécuniaires est plus que nécessaire. Cette approche peut, en effet, avoir un impact favorable sur le comportement des entreprises. Amine Diouri explique comment.

Depuis plus de dix ans, on constate que les délais de paiement évoluent à la hausse chez la TPE. Est-ce que la crise a aggravé la situation ?
Indépendamment de la crise sanitaire, les chiffres 2019 démontrent que, sur un échantillon de plus de 25.000 entreprises, les TPE pâtissent, de manière constante et continue, de l’allongement des délais de paiement. La crise a effectivement rajouté «de l’huile sur le feu». Les entreprises qui font moins de ventes, et ont des difficultés à recouvrer, tentent de garder du cash le plus longtemps possible, ce qui pousse à allonger davantage les délais. Ceci explique la situation du début de l’année 2020, qui n’était déjà pas bonne, mais qui risque d’aller en empirant.

Comment cela se présente pour l’année 2021 ?
2021 dépendra de plusieurs aspects avec, en premier lieu, l’effet conjoncture lié au déroulement de la campagne de vaccination, et en second lieu, l’incertitude par rapport à la perspective d’un reconfinement. Ce qui pourrait relancer encore une fois cette problématique de cash flow, de baisse de chiffres d’affaire et d’entreprises confrontées à de plus en plus de difficultés. Donc, tout ceci a un impact négatif sur la question du délai de paiement. Le facteur lié aux mauvaises habitudes des entreprises, en terme de respect de délais paiement, influe également et de manière forte. En effet, depuis plus de dix ans, cette mauvaise pratique s’est instaurée chez les entreprises marocaines. Le Maroc est parmi les cinq pays les moins bien classés, en termes de délais de paiement. Donc, il est évident que si rien n’est fait, 2021 sera encore plus catastrophique, c’est une certitude !

Qu’en est-il des sanctions pécuniaires à l’encontre des mauvais payeurs ?
Vue l’importance de la réduction des délais de paiement pour le développement de l’économie nationale, et afin que les choses rentrent dans l’ordre, le législateur, après concertation avec la CGEM et d’autres partenaires, a décidé de mettre en place un projet d’amendement de la loi 15-95 du Code de Commerce, visant à mettre en place des sanctions pécuniaires pour les mauvais payeurs. Cette approche peut, en effet, avoir un impact favorable sur les entreprises. Je tiens à préciser, par ailleurs, que la loi sur les délais de paiement était bancale, car on demandait, tout simplement, aux petites entreprises de pénaliser de grandes entreprises avec lesquelles elles travaillent ! Bien évidement, elles ne le faisaient jamais, dans la crainte de perdre leurs clients. Le projet de loi vise une autre optique, car l’État interviendra directement en tant que tierce partie, et sanctionnera directement le mauvais payeur. Maintenant tout dépend de la date de promulgation de ce projet de loi, qui risque d’être une fois encore retardé, au vu de l’approche des élections. Toutefois, nous nous attendons à une entrée en vigueur, au plus tard, début 2022.

Le Programme Inforisk Dun Trade et la Centrale des retards de paiement, représentent pour l’opérateur une solution efficace à la question des délais de paiement, quel bilan en faites vous ?
Il faut dire que les deux représentent deux pièces du même puzzle. Le Dun Trade est un programme auquel adhérent des TPE, PME et GE qui acceptent de partager leur Data en retards de paiement. Inforisk mutualise ces informations, qui viennent alimenter la Centrale des retards de paiement. Donc le premier outil collecte l’information et le second la centralise et l’analyse. Ce programme est opérationnel depuis novembre 2019. Aujourd’hui nous avons plus d’une centaine de partenaires qui jouent le jeu du Dun Trade, ce qui nous permet d’avoir des données sur plus de 25.000 entreprises marocaines. En fait de plus en plus d’entreprises sont conscientes du fait qu’elles ont mois de visibilité sur la situation de leurs partenaires. Le fait de pouvoir identifier rapidement un mauvais payeur, grâce à la Data de Dun Trade, représente aujourd’hui un plus pour les opérateurs économiques.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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