Éco-Business

Idriss Lingé : “En Afrique subsaharienne, tous les secteurs sont porteurs”

Idriss Lingé
Rédacteur en chef de l’Agence Ecofin

Pour le Rédacteur en chef de l’Agence Ecofin, l’année 2023 offre des opportunités dans tous les secteurs à travers le continent. Sauf que cela dépend aussi de facteurs exogènes comme les fluctuations du dollar et la stabilité géopolitique. 

Selon-vous, quels sont les secteurs porteurs de l’économie africaine en 2023 ?
En Afrique subsaharienne, tous les secteurs sont porteurs. Le secteur des télécoms n’a pas encore réalisé le plein de son potentiel. Le secteur de la mobilité peut encore se développer, notamment avec des projets par exemple à Dakar, en Afrique de l’Ouest, ou à Brazzaville, en Afrique centrale. L’Afrique subsaharienne entreprend davantage pour produire afin de pouvoir réduire son exposition aux importations alimentaires. Et pour cela, il faudra des infrastructures de transport. Les industries créatives, pour leur part, ont un potentiel à offrir. Le financement des startups a connu un nouveau record en 2022, avec plus de 230 transactions qui ont levé plus d’un million de dollars. Le secteur de l’immobilier offre également des marges de progression. Il faut encore répondre aux besoins en logements de millions d’Africains. Dans le domaine de la santé et des assurances également, il y a des opportunités à saisir.

Quelles sont les perspectives de croissance qui se dégagent ?
Selon les prévisions de croissance des principaux bailleurs de fonds, à l’image de la Banque mondiale et du FMI, le taux de croissance en Afrique devrait se situer autour de 3,4% à 4% en 2023. La BAD a des perspectives plus optimistes. Mais tout cela va dépendre des pays. Certaines économies africaines font face à plusieurs défis. C’est le cas du Ghana par exemple, qui doit continuer de gérer une monnaie et une inflation qui se dégradent. Le Nigeria a aussi connu une solide hausse des prix, à hauteur de 20% bien qu’elle soit moins importante qu’au Ghana. Pour les pays où le Maroc est présent comme en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, cela dépendra des performances du Nigeria par exemple. Sur un autre point, le vrai risque pour les économies africaines est lié à l’accessibilité du dollar, sans parler des risques liés à la guerre en Ukraine.

Qu’en est-il de l’inflation attendue en Afrique subsaharienne en 2023 ?
Les banques centrales africaines ont réagi, comme partout dans le monde, pour sauvegarder la stabilité de la monnaie. Donc, elles ont augmenté les taux directeurs et cela pourrait freiner les crédits de la part des banques commerciales. Face à l’inflation, la simple politique monétaire ne suffit pas. Il faut associer à cela une bonne dose de politique budgétaire. Je rappellerais que la hausse des taux directeurs rend difficile l’accès aux crédits et limite la capacité des gouvernements à intervenir efficacement pour faire baisser l’inflation. Encore une fois, je rappelle que le vrai problème de l’inflation actuelle est lié à la mauvaise gestion du dollar par les Américains.

Quelles sont les attentes vis-à-vis de pays investisseurs sur le continent comme le Maroc ?
Le Maroc est un partenaire très solide en Afrique subsaharienne. C’est un pays qui est présent dans le secteur des banques, de la finance, des assurances, de l’immobilier, du transport, etc. Aujourd’hui, l’Afrique a plus que jamais besoin de comprendre les réalités africaines. Les banques marocaines sont très présentes sur le continent. Le Maroc comprend l’Afrique subsaharienne et les attentes vis-à-vis du Maroc ne sont pas qu’africaines. Des partenaires, comme les États-Unis, les pays du Golfe, entre autres, considèrent le Maroc comme un relais qui permet de pénétrer les marchés africains. Les Africains espèrent que le Maroc va davantage réussir à apporter des IDE sur le continent, mais aussi commencer à partager son expérience et son savoir-faire dans plusieurs domaines avec les pays africains partenaires.

Vous avez évoqué les banques marocaines. Quels sont leurs principaux indicateurs ?
Quand on parle des banques marocaines, on pense naturellement à leurs filiales. C’est le cas d’Attijariwafa bank en Côte d’Ivoire par exemple avec la SIB, qui a réalisé une progression de 17% de son bénéfice à la fin du troisième trimestre 2022. On note aussi une amélioration de 45% du bénéfice net au terme de ce troisième trimestre pour Bank of Africa Sénégal. Globalement, les marges sont assez importantes. Sur la base de ce qu’on observe, on peut dire que les banques marocaines ont réalisé des progressions correctes et cette tendance devrait se confirmer à fin 2022 lorsque les résultats annuels seront publiés.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO


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