Fruits et légumes: l’origine Maroc ralentit sur le marché français
En cette période de crise, les consommateurs français commencent à opter pour le «manger local». Autrement dit, il s’agit de privilégier l’origine France compte tenu de la crise qui frappe actuellement le secteur agricole français.
Du côté des producteurs-exportateurs de fruits et légumes marocains, l’origine Maroc peut être impactée avec une réduction du tonnage habituel à cause de cette tendance aux circuits courts et à la vente directe des grandes surfaces auprès des producteurs français. C’est d’ailleurs le cas de certains producteurs-exportateurs qui ont réduit les quantités acheminées vers le marché français, des grandes et moyennes surfaces ayant procédé à l’arrêt ou la réduction de leurs commandes. Cette situation a provoqué la panique auprès de producteurs-exportateurs et d’opérateurs du transport international routier (TIR).
L’annulation concerne le surplus d’exportation
Toutefois, cette réduction ou annulation de commandes est à nuancer en fonction des relations et circuits commerciaux de chaque groupe exportateur. Dans ce sens, les quantités concernées par la réduction ou l’arrêt sont liées au surplus d’exportations (donc hors quota habituel vers l’UE).
Cette situation a aussi poussé le Syndicat national des importateurs/exportateurs de fruits et légumes à Saint-Charles à rendre public un communiqué le vendredi 27 mars.
Signé Denis Ginard, président du syndicat, et Henri Ribes, vice-président du syndicat en charge de la Commission des pays tiers, le communiqué intervient suite à la mobilisation de la Fédération interprofessionnelle de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel) et le Morocco Foodex (établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations).
Dans ce communiqué, le syndicat assure l’ouverture, et ce de manière permanente, de la plateforme Saint-Charles International. La première plateforme européenne de commercialisation, transport et logistique de fruits et légumes en provenance du bassin méditerranéen a apporté d’autres éclaircissements sur cette situation. «Cette interdiction en France concerne l’ouverture des marchés couverts ou de plein vent. Elle ne s’applique pas à la plateforme Saint-Charles», indique le communiqué. Et d’ajouter que «cette interdiction ne concerne que les marchés qui reçoivent des consommateurs et qui pratiquent le B to C (Business to Consumer). Des marchés qui, souvent, rassemblent trop de monde au même endroit et risquent de favoriser la propagation du Covid-19». De même, les propos du ministre de l’Agriculture, appelant à un patriotisme économique en France et à consommer français, ne peuvent en aucun cas, selon le syndicat, remettre en cause la libre circulation des marchandises sur le territoire communautaire, ni même l’accès au marché français de fruits et légumes en provenance d’Espagne ou du Maroc. Toujours selon le syndicat, «les entreprises de la plateforme ont pris toutes les mesures adéquates de prévention et de sensibilisation face à cette crise du coronavirus, et ont mis en place les protocoles nécessaires afin de lutter contre tout risque de propagation du virus et assurer une continuité de l’activité».
Ligne AGAPOV: une alternative au TIR
Par ailleurs, la commercialisation des exportations marocaines de fruits et légumes continuent avec la reprise, par CMA CGM, de la ligne AGAPOV qui relie les ports de Casablanca et Agadir à Port-Vendres, particulièrement à la plateforme Saint-Charles International. À raison d’une escale par semaine, cette ligne maritime sera assurée par deux navires porte-conteneurs, affrétés par CMA CGM, en l’occurrence Wilhelmine et Contship Bee, qui seront dédiés à l’exportation de produits primeurs conteneurisés. Ces deux navires bénéficient de la priorité à l’accostage conformément au protocole de fenêtrage signé entre l’armateur CMA CGM et l’exploitant SMA (Société de manutention d’Agadir) et approuvé par l’autorité portuaire. En raison de la perturbation des chaînes logistiques du fait du Covid-19, cette nouvelle ligne ambitionne de convertir le trafic TIR (mobilisant la plateforme portuaire de Tanger Med) en conteneurs frigorifiques exploitant les infrastructures portuaires d’Agadir.