Éco-Business

Finance verte : une porte de sortie de la crise ?

Les enjeux et le défi de la finance verte, et surtout son rôle pour soutenir la croissance économique, étaient au cœur d’un débat en ligne, organisé mardi dernier par l’institut CDG en partenariat avec CDG Capital.

L’institut CDG poursuit son cycle de rencontres en ligne intitulé ‘’Regards vers le futur’’ et s’interroge, cette fois-ci, sur la finance verte autour du thème «La finance verte, un levier pour relancer la croissance économique?» Pour analyser ce sujet d’actualité, l’institut a réuni quatre experts reconnus. Il s’agit notamment de Hamid Tawfiki, administrateur directeur général de CDG Capital, Bertrand Badre, président directeur général de Blue Like an Orange Sustainable Capital, Benoît Leguet, directeur général d’I4CE, et Mihoub Mezouaghi, directeur de l’Agence française de développement (AFD) au Maroc.

Les experts présents ont rappelé que le choc brutal produit par le confinement des populations, la fermeture des frontières et les mises à l’arrêt volontaires d’un grand nombre d’activités avaient plongé la majorité des économies mondiales dans une grave récession. Dans leurs interventions, les experts ont également rappelé que «pour amortir le choc économique et ses répercussions sociales, les gouvernements se sont mobilisés et engagés dans de massifs plans de relance visant à soutenir l’activité économique, à protéger les entreprises et à préserver les revenus des personnes». Par ailleurs, la crise du coronavirus a révélé les vulnérabilités du monde, dont bon nombre se recoupent avec celles de la crise climatique.

La crise de la Covid-19 a, en effet, accentué la préoccupation environnementale des gouvernements et des citoyens. Aussi, les participants au débat estiment que la sortie peut et doit être une opportunité pour moderniser les économies, et ce, de manière à accroître leurs capacités de résilience, d’investir dans les secteurs d’avenir et d’accélérer la transition énergétique.

Par ailleurs, la vision globale du chemin de transformation vers une économie décarbonée reste encore à parfaire, compléter et débattre, estime la même source. À ce propos, Benoît Leguet soutient qu’il faut la contribution des régulateurs et des superviseurs pour orienter les flux vers des actions compatibles avec cette transition vers une économie bas carbone et résiliente au changement climatique. Selon lui, de nouvelles régulations du système des normes de rémunération et des normes comptables s’imposent pour rattraper le temps perdu et surtout s’appuyer sur «ce que nous a appris la crise sanitaire et économique en se basant sur l’Accord de Paris».

De son côté, Mihoub Mezouaghi souligne que le volontarisme politique au Maroc a encore du chemin à parcourir puisque la question du climat n’est pas totalement intégré dans les programmes de relance. Il a également insisté sur la question du financement qui est encore «très en deçà» des objectifs. «Si on veut atteindre les objectifs internationaux, on doit mobiliser près de 5.700 milliards de dollars par an, or dans la réalité, la finance verte ne fait que 300 à 600 millions de dollars par an», a-t-il précisé. Partant sur un autre registre, Hamid Tawfiki attire l’attention sur l’importance de financer les startups. «C’est une thématique qu’il faut encourager parce qu’elle est très importante dans le déploiement de la finance verte. Il faut encourager et financer les startups qui développent des innovations dans ce secteur. C’est un élément qu’il faut installer durablement dans les programmes qu’on aura à déployer pour le Maroc», a-t-il souligné.

Par ailleurs, le directeur général de CDG Capital défend la nécessité du rapprochement entre secteur public et privé, moyennant un partage de risque adéquat, pour aboutir à une union dite «sacrée» et réussir cette transformation de la finance. Pour Bertrand Badre, c’est la finance dans son ensemble qui doit devenir durable. «Nous devons passer d’une industrie financière structurée autour du couple risque/rendement à une industrie financière articulée autour de trois points, à savoir: risque/rendement et durabilité.» D’un point de vue plus global, et pour conclure, la finance verte devient un levier important pour la relance et la transformation des économies. Mais cette transformation, ajoutent les experts, nécessite des capitaux quelque peu colossaux. Ainsi, «les investisseurs institutionnels et l’épargne des ménages doivent être orientés vers des actifs plus verts», avancent-ils. Et de rappeler trois éléments importants que les États doivent prendre en compte dans leur plan de relance : réorienter les flux des capitaux vers une économie plus durable, intégrer systématiquement les sujets de durabilité dans la gestion des risques financiers et enfin favoriser la transparence et une vision de long terme au sein du secteur financier. 

Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco


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