Éco-Business

Économie circulaire : l’avis du CESE

Le CESE a émis un avis sur l’économie circulaire, qu’il a publié lors de la 131e session ordinaire de son assemblée générale tenue le 24 février dernier. L’objectif est de mettre en exergue les fenêtres d’opportunités qui s’ouvrent devant le Royaume s’il adoptait et mettait en pratique les principes de l’économie circulaire dans deux domaines à fort potentiel : le traitement et recyclage des déchets ménagers d’un côté, et la réutilisation des eaux usées, de l’autre. 

Le Maroc accuse un énorme retard dans le domaine de l’économie circulaire. C’est ce qui ressort de l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le sujet, publié lors de la 131e session ordinaire de son assemblée générale tenue le 24 février dernier. Selon le CESE, qui a focalisé son travail sur deux domaines de l’économie circulaire à fort potentiel pour le Royaume, en l’occurrence le traitement et recyclage des déchets ménagers (organiques) et la réutilisation des eaux usées, les efforts déployés demeurent assez limités.

Des efforts encore insuffisants
Ainsi, en matière de gestion des déchets ménagers, les résultats sont encore insuffisants en termes de recyclage et de valorisation. Malgré quelques avancées, notamment pour ce qui est du nettoiement, la gestion de ces déchets reste marquée par une collecte en vrac et une absence de tri à la source, rendant ainsi leur transformation difficile, coûteuse et partant, peu rentable pour le secteur privé. D’autre part, malgré les résultats significatifs obtenus dans le domaine de l’assainissement liquide, la réutilisation des eaux usées est toujours limitée.

En 2020, le pourcentage d’utilisation des eaux usées épurées est estimé à 17% dans le secteur industriel et à 51% dans l’arrosage des espaces verts. Un faible niveau de réutilisation attribué aux difficultés d’accès au financement, au manque de disponibilité du foncier ainsi qu’à l’absence d’une réglementation relative au devenir des boues résiduelles et à leur mise en décharge. Or, avec une disponibilité hydrique moyenne de 650 m3 par habitant (très en deçà de la moyenne mondiale requise) et une répartition inégale entre les régions, notre pays a aujourd’hui, plus que jamais, besoin d’optimiser ses ressources hydriques en procédant à leur réutilisation.

Quatre recommandations majeures
Partant de ce diagnostic, le CESE plaide pour l’adoption d’une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire, avec la mise en œuvre de quatre mesures phares. Selon l’équipe d’Ahmed Reda Chami, il faut d’abord commencer par élaborer une loi-cadre relative à l’économie circulaire et une loi-anti-gaspillage, tout en veillant à réorienter et à réviser les lois déjà existantes pour, in fine, évoluer d’une économie de fonctionnement linéaire à une économie circulaire.

Ensuite, il faut créer, au sein du ministère chargé de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, une instance chargée de la coordination entre toutes les parties prenantes en vue d’assurer une déclinaison optimale de cette stratégie, selon une approche sectorielle et un déploiement territorialisé. Tertio, le CESE propose d’accélérer la mise en place de la «responsabilité élargie du producteur» (REP) et de veiller à son application sur le terrain, afin de permettre la mise en œuvre du principe du pollueur-payeur ; le transfert aux producteurs de la responsabilité de l’organisation et du financement de la collecte et du traitement des déchets générés par leurs activités ; l’interdiction de certains polluants graves et la taxation des polluants non-recyclables pour les rendre économiquement moins compétitifs pour les producteurs.

Enfin, le CESE suggère comme quatrième mesure de conditionner, autant que faire se peut, les appuis de l’État aux territoires et aux secteurs, par les efforts déployés en matière de circularité. Par exemple, s’agissant en particulier des déchets ménagers, le Conseil recommande, d’une part, de réviser les contrats de gestion actuels conclus entre les collectivités, les sociétés de développement local et les sociétés privées, en y intégrant la valorisation des déchets (au lieu de leur mise en dépôt, leur enfouissement ou leur incinération) ; et d’autre part, de fixer aux territoires des objectifs engageants de réduction de la mise en décharge des déchets.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO



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