Éco-Business

Conjoncture : le redressement de la demande intérieure se poursuit

Après une contraction de 6% en 2020, la demande intérieure, qui est un levier important de la croissance économique, a commencé petit à petit à se redresser. C’est ainsi qu’au premier trimestre 2021, elle a progressé de 3,5%. La dynamique s’est poursuivie au 2e trimestre 2021 où la consommation des ménages s’est affermie de 18,9% ; et selon le HCP, qui a révélé ces données, la consommation des ménages devrait finir l’année en cours à 3,1% en volume avec une contribution à la croissance économique de 1,8 point.

L’optimisme des ménages et des entreprises est de plus en plus de retour, depuis le début de l’année! Selon le Haut-commissariat au plan (HCP) qui l’affirme dans sa note sur la situation économique en 2021 et ses perspectives en 2022, cette tendance est le fruit de la maîtrise de la situation pandémique et du bon déroulement de la campagne de vaccination. En tout cas, elle se traduit déjà par la reprise de la demande intérieure, qui avait lourdement chuté l’année dernière, en pleine crise sanitaire.

Pour rappel, la demande intérieure s’était contractée de 6% en 2020, au lieu d’une hausse de 1,7% une année auparavant, avec une contribution négative à la croissance de 6,5 points. Les dépenses de consommation finale des ménages avaient ainsi connu une baisse de 4,1% au lieu d’une hausse de 1,9% en 2019 avec une contribution négative à la croissance de 2,3 points contre une contribution positive de 1,1 point. De son côté, l’investissement brut (formation brute de capital fixe et variation des stocks) a enregistré un net recul de son taux d’accroissement passant de -0,4% en 2019 à -14,2% en 2020, avec une contribution à la croissance de -4,6 points au lieu de -0,1 point. Seule la consommation finale des administrations publiques avait fait exception, en affichant un taux d’accroissement positif de 1,7% en 2020 au lieu de 4,7% une année auparavant, avec une contribution à la croissance de 0,3 point au lieu de 0,9 point. Bref, depuis le début de l’année en cours, les choses ont progressivement commencé à changer.

Hausse de 3,5% au T1-2021
La demande intérieure a, en effet, progressé de 3,5% au premier trimestre 2021 au lieu de 0,1% à la même période de l’année 2020. Selon le HCP qui en a fait état dans sa note d’information sur la situation économique nationale au cours du T1-2021, cette demande a contribué pour 3,8 points à la croissance économique nationale au lieu de 0,2 point. Dans ce cadre, les dépenses de consommation finale des ménages ont connu une hausse de 2,4%, contribuant pour 1,5 point à la croissance, fait savoir la même source, ajoutant que la consommation finale des administrations publiques a affiché une augmentation de 6,2%, avec une contribution à la croissance de 1,3 point. L’investissement brut a, de son côté, enregistré une augmentation de 4,1%, avec une contribution à la croissance de 1 point. En revanche, le HCP a relevé que les échanges extérieurs de biens et services ont dégagé une contribution négative à la croissance, se situant à -2,8 points au lieu d’une contribution positive de 0,7 point le même trimestre de l’année précédente. Les exportations ont affiché un repli de 10,8% au T1-2021 avec une contribution négative à la croissance de 3,9 points, tandis que les importations de biens et services se sont repliées de 2,5% (contribution positive de 1,1 point).

La consommation des ménages en hausse de 18,9% au T2-2021
À signaler que malgré cette fausse note, la demande intérieure a poursuivi son redressement au T2-2021. Selon le HCP, la consommation des ménages s’est, en effet, affermie de 18,9% au lieu de 2,4% au T1. Elle a été notamment portée par la hausse des achats de biens alimentaires, manufacturés et de services de transport, de restauration et de loisirs. La consommation des administrations publiques a progressé, pour sa part, de 5,3%, au lieu de 6,2% au T1-2021, en ligne avec l’accroissement des dépenses de fonctionnement administratif. La formation brute de capital (FBC) a également poursuivi sa tendance haussière amorcée au début de l’année en cours, en affichant un accroissement de 5,5% par rapport à l’année précédente. L’effort d’investissement s’était ainsi maintenu pour les produits d’équipement et manufacturés, dans un contexte de redressement de la demande locale et de dissipation des difficultés d’approvisionnement particulièrement de l’extérieur. Les importations des biens d’équipement ont progressé de près de 50%, durant les deux mois d’avril et mai 2021. L’investissement en construction a, pour sa part, aussi poursuivi sa tendance haussière, profitant de la reprise de la demande et de l’offre immobilières dans un contexte de hausse de 4,4% des crédits immobiliers, à fin mai 2021.

Pourtant l’inflation a enregistré une hausse de 1,7%
Pourtant, les prix à la consommation ont connu une nette accélération au T2-2021. L’inflation s’est, en effet, accélérée pour la première fois depuis le début de la pandémie, se situant à +1,7%, en glissement annuel, après être restée faible sur toute l’année écoulée, en liaison avec le contexte sanitaire.

Selon le HCP, cette accélération des prix à la consommation a été favorisée par le rebond de 2,1% des prix des produits non-alimentaires et l’accroissement de 1,3% de ceux des produits alimentaires. Les prix des produits non-alimentaires, qui avaient sensiblement reflué un an plus tôt (-0,2%), dans le sillage du repli des prix de l’énergie pendant l’arrêt de l’activité durant le confinement, ont ainsi enregistré, leur plus forte augmentation depuis le troisième trimestre 2014. Cette évolution était attribuable, principalement, au redressement des prix des carburants (+0,5 point de contribution), reflétant l’accélération des cours des matières premières énergétiques, du fait du redémarrage de l’économie mondiale, qui s’est conjugué à l’accélération des prix des produits manufacturés (+0,9%, après +0,4% au trimestre précédent) et, à un moindre degré, à la légère progression des prix des services (+1,9%, après +1,8%). Au niveau des produits manufacturés, la hausse a concerné, principalement, les prix de l’habillement, des véhicules et des micro-ordinateurs, tirée par une demande accrue avec la réouverture de l’économie et les contraintes sur l’offre.

Dans le même sillage, l’évolution des prix des services a été soutenue par la hausse des frais des salons de coiffure et du bain. Dans ce contexte, l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’État et les produits à prix volatils, a enregistré une croissance de +1,1%, en glissement annuel, au lieu de +0,6% au trimestre précédent. Du côté des produits alimentaires, le renchérissement des prix des matières premières agricoles importées (tournesol, maïs, orge, soja…), en relation avec le recul des récoltes des principaux pays producteurs, a été responsable, pour une grande part, de l’inflation alimentaire. Ce sont, particulièrement, les prix des viandes de la volaille (+0,3 point de contribution), des huiles (+0,2 point), des œufs et des produits laitiers (fromage en particulier) qui ont le plus pâti de cette hausse. Le redressement des prix des produits alimentaires a également résulté du rebond des prix des fruits frais, avec +0,3 point de contribution, après – 0,1 point au trimestre précédent.

Cette hausse a été quelque peu atténuée par la baisse des prix des agrumes (-0,1 point de contribution). Bref, en dépit de cette situation tendue au niveau des prix, la situation a été contenue grâce au redressement spectaculaire de l’économie nationale qui a enregistré une croissance de 12,6% au T2-2021. Une évolution qui a été favorisée par l’accroissement de 19,3% de la valeur ajoutée agricole et le rebond de 11,7% des activités non-agricoles, attribuable, en partie, à l’effet de l’ajustement de base lié au confinement sanitaire.

La consommation des ménages finirait l’année avec une hausse de 3,1% en volume
Selon toute vraisemblance, cette redynamisation de la demande intérieure va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, prévoit le HCP. Ainsi, au T3-2021 actuellement en cours et pour la troisième fois consécutive, elle poursuivrait son redressement, portée par la hausse des dépenses des ménages, dans un contexte de raffermissement des achats de biens alimentaires et manufacturés et d’un accroissement des dépenses de restauration, des services de loisirs et de transport. Dans le même temps, les dépenses publiques resteraient relativement dynamiques, puisque la hausse de la consommation publique avoisinerait 4,3%.

Concernant le dernier trimestre 2021 et in fine toute l’année 2021, le HCP révèle que la consommation des ménages devrait s’accroître de 3,1% en volume après une baisse de 4,1% enregistrée en 2020. Sa contribution à la croissance économique serait ainsi de 1,8 point, après une contribution négative de 2,3 points en 2020. Parallèlement, la consommation des administrations publiques devrait également consolider sa tendance haussière en 2021, en augmentant de 5,1% au lieu de 1,7% en 2020, pour enregistrer une contribution de 1,1 point à la croissance économique prévue en 2021. Ainsi, la consommation finale nationale devrait connaître, en somme, une croissance positive de 3,7% au lieu d’un repli de 2,5% en 2020, contribuant positivement à la croissance de 2,9 points au lieu d’une contribution négative de 2 points en 2020. 

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO


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