Bank Al-Maghrib : ce qu’il faut retenir de la réunion du CCSRS
Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS) a tenu lundi sa onzième réunion au siège de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat. En voici les points importants.
– Approbation du rapport sur la stabilité financière au titre de l’exercice 2019 et son supplément dédié à l’analyse préliminaire de l’impact de la crise du nouveau coronavirus (Covid-19) sur le secteur financier national.
– Malgré les évolutions globalement modérées en 2019, les risques macroéconomiques devraient s’aggraver en 2020, sous l’effet du choc pandémique dont les répercussions vont indéniablement détériorer les conditions macroéconomiques en 2020 avant d’entamer progressivement une reprise à compter de 2021.
– Au niveau national, la croissance, doublement affaiblie en 2020 par les effets de la sécheresse et par l’arrêt total ou partiel de l’activité dans plusieurs secteurs du fait de la pandémie, devrait se contracter à -5,2% dans le cadre d’un scénario de reprise en « V ».
– Le déficit budgétaire devrait se creuser à 7,6% en 2020 avant de s’atténuer à 5% en 2021, et se traduire par une augmentation de la dette du Trésor qui devrait atteindre 75,3% du PIB puis 75,4% en 2020 et 2021 respectivement.
– Les concours bancaires en faveur des entreprises non financières (ENF) ont repris en 2019 avec une hausse de 5,4% après un ralentissement en 2018 de 1,2%, tirée principalement par les entreprises privées. Ces dernières ont vu le rythme de leurs prêts s’accélérer encore à fin avril 2020 à près de 10%. Le taux de défaut des ENF s’est maintenu autour de 10%, niveau déjà élevé et qui risque de s’aggraver en raison de la montée des risques liés à la pandémie.
– En dépit d’un ralentissement manifeste de l’activité prévue en 2020, l’évolution du crédit au secteur non financier resterait positive, avec une croissance de 1,9% en 2020 et de 2,6% en 2021, à la faveur des différentes actions d’appui à la relance économique et aux mesures d’assouplissement de la banque centrale.
– L’étude que réalise annuellement Bank Al-Maghrib depuis 2013 sur les délais de paiement inter-entreprises a porté cette fois-ci sur un échantillon de près 70.800 entreprises non financières dont les données disponibles concernant l’exercice 2018, ont été fiabilisées. Elle fait ressortir que les délais de paiement des créances inter-entreprises se sont allongés de façon sensible particulièrement pour les TPE avec des délais de règlement clients passant pour cette catégorie, d’une année à l’autre, de 107 jours de chiffre d’affaires à 157 jours en moyenne, et quelques secteurs d’activité. Cette situation risque d’être exacerbée en conséquence de la crise pandémique.
– Les autorités publiques et le secteur privé sont appelés aujourd’hui plus que jamais à capitaliser sur les mesures déjà entreprises et à consentir à plus d’efforts pour faire face à cette problématique.
– Dans un environnement porteur de risques, les banques continuent d’afficher des fondamentaux solides au regard des indicateurs et ratios de liquidité, de rentabilité et d’adéquation des fonds propres.
– Le risque de concentration sur les grands débiteurs auquel sont exposées les banques continue, dans le contexte de crise sanitaire actuelle, de faire l’objet d’un suivi particulier. L’exercice de macro stress test effectué par Bank Al-Maghrib en juin 2020 fait ressortir à cette date la résilience des banques au choc induit par la crise du covid-19.
– Les exercices de stress tests réalisés en mars 2020 ont fait ressortir à cette date la résilience des entreprises d’assurances aux chocs sur le portefeuille actions et immobilier ainsi que ceux résultant de conditions macroéconomiques et techniques défavorables, notamment celles en lien avec la pandémie covid-19.
– Le marché des capitaux a été marqué au cours de ce premier semestre par les tensions sur le marché boursier causées par les effets de la pandémie Covid-19 et ce, à l’instar des marchés boursiers internationaux. En effet, la Bourse de Casablanca a subi une chute de 28,14% entre le 21 février et le 18 mars 2020, accompagnée d’une volatilité élevée et une volumétrie importante. Cette chute a néanmoins été suivie par une phase de reprise partielle ramenant la contreperformance annuelle à -16,9% au 26 juin 2020 contre -26,15% au 18 mars 2020.
– L’industrie des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) s’est montrée résiliente face à la crise actuelle. L’actif net des OPCVM à fin mai 2020 est au même niveau qu’à fin 2019, soit 471 milliards de dirhams et ce, malgré des mouvements de rachats induits par l’évolution défavorable du marché boursier, les craintes des investisseurs concernant les perspectives de l’économie nationale, et la mobilisation par des investisseurs institutionnels des liquidités nécessaires à leurs contributions au fonds de solidarité covid-19.
– Concernant le risque opérationnel des entreprises de marché (Bourse de Casablanca et le Dépositaire Central), en particulier durant la période de confinement, il a été bien maîtrisé grâce au déploiement réussi des plans de continuité d’activité.
– Les résultats du stress test réalisé au cours du mois de mai 2020 ont mis en lumière un risque de liquidité et un risque de crédit maîtrisés, ainsi qu’une capacité notable à honorer les demandes de rachat reçues, conséquences de stratégies d’investissement globalement prudentes et d’expositions conservatrices.