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Arrivée des OPCI. Le marché des capitaux se frotte les mains

Un nouvel instrument fait son entrée sur le marché marocain des capitaux. Trois ans après la promulgation de la loi 70-14, les OPCI ont été officiellement présentées ce mardi 11 juin 2019 par le ministère de l’Économie et des finances et l’Autorité marocaine du marché des capitaux.

Une nouvelle date d’anniversaire s’ajoute au calendrier du monde de la finance marocaine. Les Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) ont été célébrés en grande pompe ce mardi 11 juin 2019 par le ministère de l’Économie et des finances et l’Autorité marocaine du marché des capitaux. «L’introduction de ce nouvel instrument dans notre pays s’inscrit dans le cadre des actions entreprises par les pouvoirs publics en vue de mobiliser l’épargne longue et l’orienter vers le financement de l’investissement », souligne Nezha Hayat, présidente de l’AMMC.

Il faut dire que l’attente a été longue. Depuis la promulgation de la loi 70-4 régissant les OPCI en 2016, le marché s’impatientait pour voir émerger ces nouveaux véhicules d’investissement dont l’objet est l’acquisition ou la construction d’immeubles en vue de leur location. D’ailleurs le cadre juridique et législatif est quasiment verrouillé. Plusieurs textes d’application ont été adoptés. Au mois d’avril dernier, l’AMMC a publié une circulaire qui fixe les modalités d’agrément des sociétés de gestion d’OPCI, les obligations de moyens dont elles doivent disposer à tout moment ainsi que les règles de fonctionnement auxquelles elles doivent se conformer. Une deuxième circulaire de l’AMMC portant sur l’agrément et le fonctionnement de l’OPCI en tant qu’instrument de placement réglementé est en cours de validation finale au niveau du Secrétariat général du gouvernement. Outre la publication des décrets et des arrêtés d’application de cette loi, le cadre fiscal applicable aux OPCI a été complété et amélioré par la Loi de finances 2019 et le cadre comptable régissant ces organismes a été finalisé.

«Il sera soumis pour approbation lors de la réunion du Conseil national de la comptabilité qui devra se tenir en septembre prochain», assure Mohamed Benchaâboun, ministre des Finances et de l’économie.

À ce jour, quatre opérateurs ont d’ores et déjà déposé des dossiers de demande d’agrément en tant que sociétés de gestion d’OPCI. Ces demandes sont en cours de traitement par l’AMMC et les premiers agréments seront prononcés dans les prochaines semaines. De plus, les premiers agréments des évaluateurs immobiliers des actifs des OPCI ont été délivrés par le ministère. Quinze évaluateurs immobiliers indépendants avaient déjà déposé leurs demandes d’agrément depuis l’appel du ministère en octobre dernier. L’attrait pour cette nouvelle classe d’actifs, «pierre-papier» est perceptible. Selon plusieurs études menées par des opérateurs de la place, le potentiel des OPCI est estimé à environ 200 MMDH, uniquement au titre du segment «marché de bureaux». Le retail (centres commerciaux, mall,..), l’hôtellerie et les résidences touristiques, les entrepôts et pôles industriels offrent quant à eux des opportunités de développement tout aussi importantes. Le lancement de cet instrument constitue en effet une manne pour les investisseurs et les entreprises en quête de financement mais aussi pour les autorités qui espèrent que les OPCI connaîtront le même succès que les OPCVM.

«20 ans après le lancement des OPCVM, aujourd’hui acteurs incontournables du marché des capitaux avec 455 MMDH d’encours gérés», rappelle Nezha Hayat. Les pouvoirs publics misent également énormément sur cet instrument.

«Je suis convaincu que ces OPCI contribueront à la diversification et la modernisation des modes et instruments de financement de notre économie, à la dynamisation du marché des capitaux pour qu’il puisse jouer pleinement son rôle de mobilisation de l’épargne et son allocation efficiente au profit de l’investissement », espère Benchaâboun.

Les expériences internationales ont démontré que ces véhicules d’investissement immobilier ont fortement contribué au dynamisme et à la structuration des secteurs immobiliers. Ils ont également permis d’attirer de nouveaux investisseurs locaux et étrangers. D’ailleurs, le Maroc est de plus en plus visible sur la sphère financière internationale et enchaîne les innovations telles que l’émission des sukuks…Le Maroc est aujourd’hui le 38e pays à mettre en place un régime pour les véhicules d’investissement immobilier, le 3e en Afrique et le 1er de la région. Il est à noter que ces instruments d’investissements en immobilier ont d’abord été lancés aux États-Unis avec l’adoption du régime des REITS (Real Estate Investment Trusts) lesquels ont connu un essor considérable atteignant en 2017 une capitalisation de 1.000 milliards de dollars, soit les deux tiers de la capitalisation mondiale des REITS. En Europe, ces véhicules ont été développés plus récemment. À titre d’exemple, la France a adopté le régime des SIIC (Sociétés d’investissement en immobilier cotées) en 2003 puis celui des OPCI en 2007. Dès son lancement, l’OPCI a connu une croissance extrêmement rapide, +700% entre 2014 et 2018.



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